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  • Michel Jakubowicz
  • Musique

Concert : Andris Nelsons interprète Mahler avec le Boston Symphony Orchestra à La Philharmonie de Paris

Andris Nelsons

  • Mahler : Symphonie No3 en ré mineur

  • Boston Symphony Orchestra
  • Andris Nelsons, direction
  • Susan Graham, mezzo-soprano

  • Grande Salle Pierre Boulez
  • Samedi 15 septembre 2018
    www.philharmoniedeparis.fr

Un hymne éclatant, gigantesque, que Gustav Mahler dédie à la nature, interprété ici par l’un des plus remarquables orchestres : le Boston Symphony Orchestra, dirigé par son chef Andris Nelsons.

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C’est de loin la plus colossale des Symphonies de Mahler puisqu’elle approche la durée fantastique d’une heure trois quarts, dépassant ainsi largement sa précédente Symphonie No2 « Résurrection », qui n’excède pas une heure et vingt minutes. Il ne faudra pas moins de trois étés pour que le compositeur vienne à bout de l’énorme travail de composition exigé par une telle œuvre. Même si le célèbre chef d’orchestre Félix Weingartner en donne quelques mouvements à Berlin le 9 mars 1897, la première exécution intégrale sous la direction de Mahler lui-même n’aura pourtant lieu qu’en juin 1902, à Crefeld. Le premier mouvement aux proportions gigantesques (près de trente cinq minutes tout de même) - intitulé L’été fait son entrée (Cortège de Bacchus) - fait appel à un élément quasiment permanent chez Mahler : la marche. Une marche à la fois joyeuse, fantasque, puissante, qui semble entraîner dans son sillage toutes les forces brutes et conquérantes de la nature. Le second mouvement (Ce que me content les fleurs des champs), d’aspect presque naïf, contraste fortement avec le tumulte démentiel et fracassant du mouvement précédent. Avec le troisième mouvement (Ce que me content les animaux de la forêt), Mahler s’immerge dans les profondeurs sans limites d’une forêt immémoriale, immense, où les animaux ont trouvé un refuge idéal, échappant ainsi à la férocité des hommes. Le quatrième mouvement (Ce que me conte l’homme) est un lied dont l’auteur est le compositeur et frappe par son éclat nocturne d’une beauté inouïe. Ce lied sera suivi du cinquième mouvement (Ce que me content les anges), baignant dans un climat proche du rêve. Le sixième mouvement (Ce que me conte l’amour), qui met fin à cette Symphonie-fleuve avec un début rendant hommage aux adagios brucknériens, conclut la Symphonie No3 dans un climat extatique et grandiose.

Susan Graham
La mezzo-soprano Susan Graham.

Andris Nelsons semble ne faire qu’un avec l’univers exalté, parfois chaotique et démesuré charrié à profusion par cette Symphonie No3 de Mahler. Il en explore chaque détail avec une précision quasi-chirurgicale, mais répondant sans retenue aucune aux sollicitations généreuses et vibrantes contenues dans une partition riche en rebondissements aussi bien mélodiques que rythmiques. Il faut dire que l’Orchestre Symphonique de Boston constitue un partenaire de choix pour mener à bien un tel combat face à une œuvre aussi protéiforme, aussi imprévisible dans ses développements incroyables. Malgré quelques brèves imperfections imputables aux cuivres et aux vents, Andris Nelsons sort victorieux de ce combat, secondé par la magnifique mezzo-soprano Susan Graham, le chœur de femmes de Radio France et la Maîtrise de Radio France tout aussi efficaces.

Un concert somme toute mémorable, qui permet de situer la performance d’Andris Nelsons dans le sillage des grands chefs du passé qui ont durablement marqué l’interprétation de cette troisième Symphonie de Mahler (Jascha Horenstein, Leonard Bernstein, Charles Adler, Bernard Haitink).

Texte de Michel Jakubowicz

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Philharmonie de Paris

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