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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Symphonies Nos 4 & 5 de Beethoven par Philippe Jordan

Philippe Jordan Symphonies4et5 Beethoven

  • Ludwig van Beethoven : Symphonie N° 4 op. 60. Symphonie N° 5 op. 67
  • Wiener Symphoniker, dir. Phlippe Jordan
  • 1 CD Wiener Symphoniker : WS 014 (Distribution : Sony music)
  • Durée du CD : 66 min 25 s
  • Note technique : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orange (5/5)

Ce deuxième volume de l'intégrale en cours des symphonies de Beethoven dirigées par Philippe Jordan à la tête de ''son'' Orchestre Symphonique de Vienne poursuit la réussite du précédent, consacré aux 1ère et 3ème symphonies. Aussi bien par la justesse de ton de la direction et la plastique du jeu que pour ce qui est du naturel de la captation live. Le couplage n'est pas fortuit car selon le chef, ces deux œuvres possèdent beaucoup de choses en commun quant à l'esprit, l'une annonçant l'autre. Harnoncourt, pour l’un de ses derniers opus discographiques, avait adopté semblable association.

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La Quatrième symphonie op. 60 est « une symphonie des plus équilibrées, belles et excitantes » souligne Philippe Jordan. Son interprétation se ressent de cette admiration. On sait que la partition a été composée en 1806 alors que Beethoven connaissait une période faste de sa vie personnelle, son idylle avec Joséphine de Brunswick. La mystérieuse introduction adagio du premier mouvement débouche sur un allegro vivace où perce un sentiment d'allégresse. À souligner que la division des violons I et II de part et d'autre renforce l'impression de clarté de la texture. L'adagio respire l'apaisement de ses deux cantilènes, l'une confiée aux cordes, l'autre à la clarinette. Le scherzo allegro vivace, un menuetto enlevé, respire là encore la joie de vivre, entrecoupé par deux fois d'un trio où se signale le jeu des bois sur un joli contrepoint des violons I. Le finale, « un des plus délicats et des plus virtuoses de Beethoven » selon Jordan, se vit comme une sorte de perpetuum mobile, anticipant la Septième Symphonie, pour ne pas dire donnant quelque avant goût de Rossini. En tout cas, la motricité que le chef insuffle au discours, ponctué de ses accords massifs mais pas écrasants, lui confère une fluidité certaine avant une péroraison humoristique avec l'intervention cocasse du basson et une montée en puissance irrésistible.

La Cinquième Symphonie op. 67 reçoit une exécution pareillement pensée. Là encore, Jordan voit juste lorsqu'il souligne qu'il convient de « jouer autant que possible les mouvements attaca » et de « ne pas sombrer dans le narratif ». Aussi la rythmique se veut rigoureuse et le tempo rapide, voire véhément, les quatre accords initiaux sonnant comme des coups de marteau. Ce qui confère une vie palpitante au mouvement comme à la symphonie toute entière. Seul, plus loin, le trait de hautbois marquera une fugace pause avant une récapitulation marquée par un déferlement d'accords abrupts, telles des décharges. La dramatique agitation de ce premier volet, voire son atmosphère fiévreuse, établit le climat d'une œuvre qui selon Jordan « est plus qu'une symphonie du destin, une symphonie de révolution ». L'andante con moto, bien différent de ce qui précède, est un mélange de méditatif et de triomphal avec ses grandes fanfares assénées fièrement, ce qui rend tout aussi saisissant le contraste avec les passages pianissimo. Celle qui débute le troisième mouvement est précédée d'un superbe pianissimo des cordes graves. Le mouvement déborde d'énergie, comme dans l'enroulement des cordes graves et aiguës et sa répétition ppp magistralement travaillée. La transition avec le finale est amenée de loin par un pianissimo soutenu, ce qui libère comme un éclat de lumière lors de l'attaca fortissimo. Ce dernier mouvement renoue avec la verve révolutionnaire du 1er et cela s'enchaîne d'irrésistible manière, nanti d'accélérations mesurées et des crescendos glorieux. La coda avec ses fréquents changements de rythme est une course à la victoire. Ici comme dans la précédente symphonie, les Wiener Symphoniker brillent par une articulation souple, loin de toute rigidité métronomique, et un raffinement sonore typiquement viennois, en particulier les violons I et toute la ligne des bois. 

Comme dans le premier volume de cette série, on apprécie le parfait naturel de la prise de son live dans la Grande salle dorée du Musikverein de Vienne, une idéale spatialisation des plans, un bel équilibre entre cordes et vents. Et surtout un indéniable impact sur tout le spectre sonore, même dans les pianissimos les plus ténus. 

Texte de Jean-Pierre Robert 

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