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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Les concerti grossi op. 7 de Geminiani par Café Zimmermann

Germiniani Concerti Grossi

  • Francesco Geminiani : Six concerti grossi op. 7
  • Café Zimmermann
  • 1 CD Alpha : Alpha 396 (Distribution : Outhere Music)
  • Durée du CD : 64 min 05 s
  • Note technique : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orange (5/5)

Francesco Geminiani est un violoniste virtuose et un compositeur réputé de l'époque baroque (1687-1762), en particulier en Angleterre, au même titre que Corelli ou Haendel, où comme ce dernier, il passa une bonne partie de sa vie. Parmi ses œuvres, la série des concertos grossos op. 7 montrent une écriture fort originale où semble régner la plus parfaite fantaisie. Ils sont interprétés par Café Zimmermann, un ensemble dont la réputation n'est plus à faire en termes d'authenticité et d'élégance du jeu.

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Parmi les divers volumes de concertos grossos qu'a composés Geminiani, ceux de l'opus 7 (1748) apparaissent comme les plus ambitieux, comportant huit parties instrumentales : quatre pour le concertino de solistes et quatre pour le ripieno ou ritournelle orchestrale. La manière du musicien s'y affirme comme atypique comparée à celle de ses contemporains, amorçant à bien des égards l'évolution vers le style préclassique. Maîtrisant une écriture mélodique très achevée, il s'autorise cependant des traits d'une grande originalité, ménageant notamment de curieux effets de surprise. Telles ces fins de phrases abruptes qui laissent interrogatif sur la manière de conclure. Ou encore l'achalandage rythmique à l'intérieur d'un même mouvement. Ces pièces sont très concises et en même temps extrêmement diversifiées : une grande liberté s'y fait jour dans le traitement du concertino d'instruments solistes et du ripieno. Surtout, y règne une étonnante inventivité qui va jusqu'à l'insolite dans les ingénieuses combinaisons instrumentales. Mais aussi quant aux indications utilisées telles qu''affettuoso'' ou ''l'arte della fuga''. Les six pièces sont construites sur des schémas divers : en quatre mouvements selon les canons du concerto grosso lent-vif-lent-vif (concertos I et II) ou en seulement trois mouvements (concertos III, IV et V). La diversité de styles apparaît souvent d'un mouvement à l'autre. Ainsi du 5ème concerto H. 119, nanti d'un premier andante en forme d'Ouverture à la française. Suit un allegro très allant qu'on croit se terminer par un accord sec alors qu'il est immédiatement prolongé par une section ''Grave'' soutenant le concertino des deux violons. Dans le 4ème concerto, l'andante initial fait dialoguer deux flûtes traverso et le basson puis les deux violons. Tout en contraste, l'andante médian est dansant, et le finale, lui-même tripartite vite-lent-vite, est entrecoupé de soudains écarts rythmiques. Geminiani peut se livrer à des effets théâtraux comme dans le 3ème concerto qui allie trois manières, la française, l'anglaise et l'italienne. Quoique la veine ''italienne'' de cette dernière ne se différencie peut-être pas si nettement de celle des deux autres. Si ce n'est qu'elle est adroitement concertante. La palme de l'originalité revient au 6ème concerto H. 120, qui aligne une succession arbitraire de cinq sections plus ou moins longues, et non des mouvements à proprement parler. La dernière égrène ainsi pas moins de cinq rythmes différents et des ruptures aussi surprenantes qu'inattendues. La veine capricieuse de Geminiani est ici à son meilleur. 

Dans un domaine où régnaient jusqu'à présent sans partage I Musici et I Solisti Veneti, Café Zimmermann se distingue par des lectures plus que convaincantes. Pablo Valetti, le Concertmaster, évoque sa stupéfaction à la découverte de ces partitions qui selon lui les « a amenés par des chemins inattendus de l'église au théâtre... du XVIIème au XVIIIème siècle ». Et Céline Frisch, la claveciniste de l'ensemble, évoque la fascination provoquée par tant de diversité. De fait, forts d'une quinzaine d'exécutants, ils en donnent des interprétations engagées aux couleurs variées et rendent justice à ce qui, dans ces musiques, ressortit de l'imprévisible voire de l'excentricité.

L'enregistrement effectué à l'auditorium Campra du conservatoire Darius Milhaud d'Aix-en-Provence, est clair et aéré, aux perspectives naturelles, avec un souci d'équilibre entre les divers groupes d'instruments.

Texte de Jean-Pierre Robert

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