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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Concerti per violino ''La Boemia'' de Vivaldi

Vivaldi Europa Galante

  • Antonio Vivaldi : Concertos de violon Vol. VI ''La Boemia'': RV 282, 278, 380, 186, 288, 330
  • Europa Galante, dir. Fabio Biondi
  • 1 CD Naïve : OP 30572 / Édition Vivaldi Vol. 57 (Distribution : Believe Group)
  • Durée du CD : 67 min 16 s
  • Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5)

Pour le sixième volume des concertos pour violon de Vivaldi, partie importante de l'édition en cours de l'ensemble de ses œuvres chez Naïve, on a réuni des concertos censés avoir été composés en Bohème ou pour la Bohème dans les années 1730 et 1731. Il s'agit d'un corpus présentant des spécificités intéressantes, même s'il n'a pas été pensé comme un tout. Ils sont interprétés par un maître es-Vivaldi, le violoniste Fabio Biondi dirigeant son ensemble Europa Galante, sympathique come back d'un artiste qui fit les beaux jours de cette édition à ses débuts avec une exécution mémorable des immanquables Quatre Saisons.

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Ces concertos semblent avoir été écrits pour les demoiselles de la Pietá de Venise ou d'autres destinataires. Ils parlent un langage appartenant à des périodes stylistiques diverses. Même si la coupe demeure immuablement en trois mouvements sur le schéma vif-lent-vif. Le Concerto RV 186 appartient à la période de jeunesse et rappelle la manière de l'opus 3, ''Estro Armonico''. On admire la simplicité, la luminosité d'un orchestre traité de manière non contrapuntique tandis que la partie soliste est tout autant dépourvue de fioritures. Le Concerto RV 278 montre une écriture plus complexe pour contraster les sentiments, et ce par un geste violonistique très souligné, audacieux dans sa franche virtuosité. La partie de violon se voit très ornementée dans les premier et troisième mouvements, l'orchestre évoluant en un contrepoint très souligné. Au largo central, l'usage de l'alto ajoute au dramatique du discours. Avec le Concerto RV 282, Vivaldi déploie des contrastes souvent inattendus dans l'alternance de rythmes soutenus et de passages introspectifs : au largo médian, par exemple, qui emprunte aussi au style français. Le Concerto RV 380 se rattache au style de la maturité avec ses rythmes pointés au Ier mouvement, anticipant la manière napolitaine des dernières années. Une cadence du violon clôt l'ultime séquence. L'andante médian marque ses affinités avec le monde de l'opéra.

S'apparentant encore au style de jeunesse, le Concerto RV 288 offre une « musique de large diffusion », comme le définit Fabio Biondi, d'une belle cohésion, d'un déroulement prévisible, même dans le traitement de la partie soliste. Si le largo évoque la manière ancienne des concertos grossos de Corelli avec la contribution discrète de l'orgue positif, le finale réaffirme la patte vivaldienne énergique et bien sentie. Enfin, le Concerto RV 330 offre une vision très compréhensive de l'art de Vivaldi au violon, ce que Biondi se plaît à définir comme le « traité de violon le plus exhaustif qui ait existé entre 1710 et 1740 ». Le soliste relance le discours de façon toujours pertinente. Le larghetto qui en forme le cœur est comme un récitatif d'opéra qui s'ouvrirait sur une aria expressive. 

Avec l'ensemble d'une douzaine de musiciens d'Europa Galante, dont six violons, outre Fabio Biondi lui-même, celui-ci insuffle une battue alerte, jamais tranchée, encore moins agressive. Son violon est aérien et riche en couleurs. Une manière comme improvisée mais ancrée dans un style souple cherchant à retrouver le langage original, ajoute à la beauté de ces pièces. L'enregistrement, capté à Padoue, procure une image d'un beau relief. Qui rend justice à un bel équilibre entre soliste et orchestre, lequel paraît plus nombreux qu'il n'est.  

Texte de Jean-Pierre Robert

Disponible sur Amazon en MP3

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