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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : La Harpe consolatrice

La Harpe Consolatrice

  • Jacques Ibert : Six pièces
  • Marcel Tournier : Quatre préludes
  • Henriette Renié : Six pièces brèves
  • Jacques De La Presle : Le Jardin mouillé
  • Albert Roussel : Impromptu op. 21 pour harpe seule
  • Gabriel Fauré : Une châtelaine en sa tour, op. 110 pour harpe
  • Kyunghee Kim-Sutre, harpe
  • 1 CD Hortus Collection ''Les Musiciens & la Grande Guerre'' : Hortus 731 (Distribution : Harmonia Mundi)
  • Durée du CD : 72 min 26 s
  • Note technique : etoile verteetoile verteetoile verteetoile verteetoile verte (5/5)

Pour l'un de ses tout derniers volumes, la collection ''Les Musiciens et la Grande Guerre'' s'orne d'un opus inhabituel, s'agissant d'un récital de harpe seule. Durant la Grande Guerre, par sa sobriété douce et à connotation féminine, la harpe est associée dans l'imaginaire collectif aux infirmières tentant de calmer les souffrances des victimes. Les jeunes compositeurs mobilisés vont offrir dans leurs œuvres pour cet instrument une vision intimiste mais tout autant profonde et émouvante. Ainsi de Roussel, Ibert, Fauré, Tournier, De La Presle et surtout de la harpiste Henriette Renié. Les pièces réunies ici sont interprétées avec tact et émotion par Kyunghee Kim-Sutre.

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Dans ses Six pièces de 1917, Jacques Ibert (1890-1962) offre des morceaux aux titres aquatiques, de style allant (''Matin sur l'eau'', '' En barque, le soir...'') ou plus animés (''Terzetto'', ''Reflets dans l'eau'', ici d'un bel impressionnisme). Le constant rebondissement est magique et la sonorité souvent presque orchestrale. « Quelle imagination dans l'ordre, quelle fantaisie dans l'équilibre, quelle sensibilité dans la pudeur », soulignera Henri Dutilleux. En conclusion, ''Fantaisie'', nanti d'un thème revenant en boucle, récapitule un vocabulaire d'une envoûtante séduction. Professeur de harpe au Conservatoire de Paris, Marcel Tournier (1879-1951) écrit ses Quatre préludes la même année 1917. Ils n'ont pour nom que des indications de tempo, et sur le mode retenu : ''Tranquille'', ''Pas trop vite'' ou ''Lent'', paradoxalement empreint d'une certaine animation. Le dernier, ''Allegretto'', montre plus de verve et quelque jolie virtuosité. Henriette Renié (1875-1956) fut une grande figure de la harpe, passionnée par l'instrument dont elle rédigera une Méthode faisant autorité. Bernard Gavoty aura ce mot « La harpe lui doit ce que la guitare doit à Segovia ». Elle publie ses Six pièces brèves en 1919. Qui témoignent d'une recherche poétique transfigurant toute la virtuosité démonstrative de ses précédentes œuvres. Comme dans ''Conte de Noël'', ou ''Air de danse''. L'aspect méditatif est présent aussi (''Recueillement'', ''Rêverie'') ou encore l'imitation de l'ancien : ''Invention dans le style ancien'', ''Gavotte''.

Jacques De La Presle (1888-1969), fondateur d'un orchestre au front avec André Caplet et le celliste Maurice Maréchal, écrit en 1913 Le Jardin mouillé d'après un poème d'Henri de Régnier, où transparaissent des harmonies proches de Debussy : une composition raffinée dont le dépouillement donne ses lettres de noblesse à la harpe. Un des morceaux favoris d'une autre grande dame harpiste : Lily Laskine. L'Impromptu op. 21 pour harpe seule d'Albert Roussel (1869-1937), dédié précisément à Lily Laskine, évoque la lyre grecque et exhale des parfums orientaux, avec de savoureux glissandos. On y pressent les orientations harmoniques nouvelles du musicien-marin. C'est vers la fin de la guerre, en 1918, que Gabriel Fauré compose la pièce Une châtelaine en sa tour pour harpe op. 110, inspirée de Verlaine. C'est une sorte d'élégie à la France meurtrie, dans son expressivité presque exacerbée. Le morceau est contemporain de la Première Sonate pour violoncelle. Il est un fidèle exemple de la science harmonique très ouvragée et du génie mélodique de la dernière période de l'auteur de Pénélope.

La coréenne Kyunghee Kim-Sutre, 1er prix du Concours de Musique de Chambre Lily Laskine et lauréate d'autres concours internationaux, offre un jeu délicatement délié, d'une souveraine expressivité. Son instrument, une harpe Lyon & Healy Style 11 Gold, offre sous ses doigts une sonorité ''ronde'' et de splendides couleurs, dont des basses voluptueuses et des aigus transparents. L'enregistrement très présent et aéré libère toutes les harmoniques chatoyantes de l'instrument.

Texte de Jean-Pierre Robert

Disponible sur Amazon en CD et MP3

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