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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Fabrizio Chiovetta joue Mozart et ses sonates pour piano

Fabrizio Chiovetta Mozart

  • Wolfgang Amadé Mozart : Sonate K 310. Sonate K 282. Sonate K 331. Rondo K 511
  • Fabrizio Chiovetta, piano
  • 1 CD Aparté : AP199 (Distribution : PIAS)
  • Durée du CD : 67 min 37 s
  • Note technique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge (5/5) 

S'ils ne sont pas le lieu des grandes confidences comme les concertos de piano, les sonates pour clavier semblent néanmoins un espace choisi où Mozart s'épanche discrètement. Comme dans sa musique de chambre. Fabrizio Chiovetta propose quatre pièces qui se situent à des périodes différentes du processus compositionnel de l'auteur de Don Giovanni, autant d'étapes de son évolution esthétique. Qu'il joue avec une pénétrante sensibilité. 

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La Sonate K 282, en mi bémol majeur, des années munichoises de 1774/1775, troisième d'une série de six, se situe dans le style dit galant, comme pratiqué par Joseph Haydn dans ses propres sonates contemporaines. Mais la manière de Mozart s'y affirme déjà pleinement. Comme les autres pièces de cette série, elle renferme une ''ardeur fébrile, parfois incohérente, qui jetait Mozart à l'assaut du secret de Haydn'' (Jean et Brigitte Massin, in "Mozart'"/Fayard). Elle débute par un adagio faisant alterner de jolis traits aux mélismes italiens. Le cœur de l'ouvrage, Menuetto I & II, offre une texture dite en trio, qui voit pour chacun des deux menuets se succéder trois brèves sections selon le schéma ABA. Le finale est incisif et presque espiègle, comme chez Haydn. Toute autre est la Sonate K 330, en la mineur. Elle date du deuxième séjour parisien de Mozart, en 1778, de si funeste souvenir. Et son ambitus est plus développé, révélant une « agitation presque continue » (ibid.). L'allegro maestoso, sous une apparence d'insouciance, révèle un tourment passionné à travers des accords martelés et un rythme pointé insistant : une sorte de marche funèbre. Agitation qu'on retrouve au finale Presto, empreint d'une fièvre et d'une ardeur qui semblent vouloir combattre tout. Le deuxième thème introduit une sorte de dialogue sur le ton d'une danse populaire. Il y a là un mélange de joie et de désarroi, les larmes derrière les rires. L'andante cantabile con espressione central avait déjà esquissé un sourire teinté de détresse, sous les traits d'un chant d'opéra.

La Sonate K 332, en fa majeur, encore de 1778, marque une étape décisive entre la période du ''Sturm und Drang'' et les œuvres de la maturité. L'allegro initial est bien mélodique, le développement déployant une dramaturgie très ouvragée. L'adagio est une pure page bel cantiste où la main droite dessine la mélodie, la gauche dépassant le rôle d'accompagnement pour rester indépendante. L'allegro assai final est prolixe et enjoué dans un déferlement de doubles croches. Le développement dramatise mais toujours dans cette belle équanimité mozartienne, jusqu'à une fin apaisée. Le Rondo en la mineur K 511, de 1787, dévoile encore une nouvelle facette. S'y impose un ton de confidence secrètement angoissée. Et une manière presque pré romantique, annonçant Chopin, selon Wanda Landowska. C'est un long soliloque qui se lit en plusieurs séquences enchaînées dont les thèmes reviennent en boucle, dissertant quelque épanchement de l'âme. On est proche des grandes pages des concertos de piano. 

Le pianiste genevois Fabrizio Chiovetta, qui a travaillé avec Paul Badura Skoda dont il est un des disciples, propose un jeu d'un parfait naturel et d'une grande sobriété. Exempt d'affectation comme de virtuosité ostentatoire. On admire le délié de la main droite. Voilà un pianisme humble et aux arrière plans profonds. More please !

La prise de son, comme au concert, est bien aérée avec une fine définition des divers registres de l'instrument (piano moderne Steinway D), en particulier le grave. Pour un grand confort d'écoute. 

Texte de Jean-Pierre Robert  

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