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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Le Clavecin mythologique

Anne Marie Dragosits clavecin mythologique

  • Pancras Royer : L'Imagination, Allemande, La Sensible. La Marche des Scythes
  • Jean-Philippe Rameau : L'Entretien des Muses. Les Cyclopes
  • François Couperin: Les Satires. Les Silvains. Les Ombres errantes
  • Jacques Duphly : Médée. Les Grâces
  • Jean-Henry d'Anglebert : Les Songes agréables d'Atys. Passacaille d'Armide. Les Sourdines d'Armide
  • Antoine & Jean-Baptiste Forqueray : Jupiter
  • Anne Marie Dragosits, clavecin
  • 1 CD L'Encelade : ECL 1801 (Distribution : Socadisc & Believe Digital)
  • Durée du CD : 73 min
  • Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile grise (4/5)

Le XVIIème siècle français éprouvait une grande fascination pour l'Antiquité. La claveciniste Anne Marie Dragosits a imaginé une ''Suite mythologique'' autour de pièces illustratives empruntées à Rameau, Couperin, Royer, d'Anglebert, Duphly et Forqueray : « un théâtre de figurines mythologiques », remarque-t-elle. Jouées sur un instrument historique, avec panache.

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Le programme concocté répond à la volonté de rester au plus près du thème porteur de la mythologie, avec des pièces dont la composition s'étend de 1689 à 1756. Où l'on croise plusieurs personnages phares de l'Antiquité et savoure « tout un éventail de pièces : de celles qui ressemblent à des paysages aux miniatures de scènes d'opéra dramatiques », remarque Anne Marie Dragosits. Après une introduction demandée à Pancras Royer (1705-1755), de l''Imagination'' apparaissant à Prométhée, la suite proprement dite se compose de morceaux illustratifs de sujets aptes à fertiliser cette imagination combien prompte à s'emballer de nos lointains ancêtres, et si bien mis en musique par les clavecinistes du siècle d'or de l'instrument en France. On passe de Rameau et son ''Entretien des Muses'', de 1724, à Couperin et ''Les Satires'', où le jeu dans le grave du clavecin apporte un air menaçant. Le mythe de Médée est représenté par Jacques Duphly (1715-1789) : dans le morceau éponyme, on croit entendre la femme fière et désespérée lancer comme des cris de mort. Le morceau ''Les Grâces'', qui suit, fait contraste, car décrivant la femme délicate, élégante, aux antipodes de celle furieuse et hautaine de la reine. Autre rupture avec ''Les Cyclopes'' de Rameau, où les éclairs lancés par Jupiter sont traduits par des appogiatures savantes et un débit très soutenu. Retour à Royer avec une ''Allemande'' au rythme de marche inéluctable, puis ''La Sensible'' qui bien que ne répondant pas à un sujet d'ordre mythologique, n'en est pas si éloigné : une nymphe au bain observée en catimini « par un coureur de jupons », selon Dragosits, ce qui ne devait pas manquer dans l'antique société. ''La Marche des Scythes'' est en réalité une sorte de galop, d'un des fils d'Hercule, courtisé par une femme qui lui aurait confisqué ses chevaux et refuserait de les lui rendre tant qu'il n'aurait pas partagé son lit ! Tout cela figuré par des gammes produisant un son presque orchestral.

''Les Silvains'' de Couperin offrent un tableau pastoral de dieux en goguette parmi les arbres de la forêt. Jean-Henry d'Anglebert (1629-1691) a beaucoup produit, dont des transcriptions d'œuvres de Lully. Ainsi de la pièce ''Les Songes agréables d'Atys'', qui voient le personnage absorbé dans un doux rêve. La ''Passacaille'' tirée de l'opéra Armide offre une jolie transition, tandis qu'avec ''Les Sourdines d'Armide'' on est ébloui par la séduction qu'exerce la reine magicienne, ici traduit par un jeu piqué. ''Les Ombres errantes'' que Couperin publie en 1730, dans le cadre de son recueil du Quatrième Livre, décrivent la vie post mortem par la transparence du son, cultivé dans l'extrême aigu du clavecin. Le programme se conclut par ''Jupiter'' d'Antoine Forqueray, une pièce revisitée par son fils Jean-Baptiste. L'agitation autour du dieu est ici illustrée par une écriture extrêmement dense et virtuose. 

Outre l'intelligence du choix des pièces, les jolies transitions et les agréables contrastes, on admire la qualité du jeu d'Anne Marie Dragosits, claveciniste et continuiste autrichienne, passionnée de clavecins anciens. Celui joué est un instrument de Taskin, facteur parisien fort célèbre de l'époque. Il s'agit en fait d'un clavecin d'après un Ruckers, ''ravalé'' par Taskin pour en élargir l'ambitus. On note en effet un spectre très large. Mais également la clarté des registres aigu et médium, comme une résonance non excessive dans le grave qui conserve, lui aussi, une belle clarté. Anne Marie Dragosits montre une empathie certaine pour ce répertoire français et son style narratif.

L'enregistrement, au Musée des Arts et Métiers de Hambourg, capte l'instrument dans une acoustique généreuse, placé comme dans une situation de concert. Le son possède un ambitus large, agréable ou très résonant, selon les morceaux. 

Texte de Jean-Pierre Robert

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