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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Michel Dalberto joue Franck

Michel Dalberto Cesar Franck

  • César Franck : Prélude, Choral & Fugue, M21. Prélude, Aria & Final, M23. Prélude (andantino, extrait de Prélude, Fugue & Variations, M30)
  • Quintette pour piano et cordes, M7
  • Michel Dalberto, piano, Novus Quartet
  • 1 CD Aparté : AP203 (Distribution : PIAS)
  • Durée du CD : 79 min 09 s
  • Note technique : etoile verteetoile verteetoile verteetoile verteetoile verte (5/5)

Pour son troisième album consacré à la musique française de clavier, après Debussy et Fauré, Michel Dalberto se tourne vers Franck, dont il donne deux œuvres majeures de piano seul et le quintette pour piano et cordes. Des interprétations réfléchies, d'une grande richesse, de la part d'un interprète qui a cette formule : « César Franck et le piano ou la complexité faite poésie ».

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Enfant prodige, organiste célèbre, César Franck (1822-1890) a finalement peu composé pour le piano. Mais son admiration pour la musique baroque, de Rameau en particulier, et des classiques, dont Bach, l'a amené à écrire deux œuvres majeures. Qui partagent le fait d'être de forme tripartite et de pratiquer le principe cyclique, tout en ménageant une vraie unité structurelle. La première, Prélude, Choral et Fugue (1882-1884), se réfère plus qu'implicitement à JS Bach et à son Clavier bien tempéré, et porte les traces d'une pensée religieuse. Elle s'ouvre par un moderato, lui-même ternaire, majestueux, aux savantes harmoniques atteignant de vastes climats, premières étapes d'un voyage sonore. S'enchaîne le Choral, un rondo qui en reprend les thèmes pour un traitement à propos duquel on a pu parler de mélodie infinie. Quant à la Fugue dont les quatre voix ne sont pas traitées selon les stricts canons d'usage, elle tire son sujet d'un thème de la Messe en si de JS Bach. Michel Dalberto en fait ressortir toutes les grandioses harmonies par un jeu parfaitement articulé et d'un grand raffinement sonore. Rigueur et poétique trouvent dans le piano Bösendorfer couleurs idoines : hors de toute brillance, une patine dont le jeu plus que légèrement pédalé du pianiste s'agrémente fort bien.

Prélude, Aria & Final, de 1887, « une œuvre de musique pure », selon Dalberto, se réfère à l'écriture d'orgue. Elle est cependant de ton ''séculier'' comparée à la précédente. Le Prélude, marqué ''allegro moderato e maestoso'', offre un calme apollinien. Quoique le discours s'enrichisse peu à peu pour atteindre un grand climax. Les dernières pages harmoniquement emphatiques concluent une section extrêmement rythmée. L'Aria, lento, déploie comme une mystérieuse romance, non sans une pointe de mélancolie sous les doigts de Dalberto. Le chant se développe savamment pour se terminer dans la sérénité. Le Final, allegro molto ed agitato, débute dans une sombre agitation qui va croissant en intensité. Le discours quelque peu haché ressortit à quelque musique pure, où l'on décèle aussi la main de l'organiste. La difficulté technique est réelle car exigeant un jeu large, à l'une de la morphologie des mains de l'auteur, note le pianiste ! Après une section orageuse, tout finit dans le calme. Michel Dalberto joue encore un extrait d'une œuvre inconnue (Prélude, Fugue & Variations), savoir l'andantino initial : page là encore d'une belle sérénité, grâce à son jeu limpide et dépouillé. 

Au milieu de ces pièces pour piano seul, le Quintette pour piano et cordes fait office de souveraine diversion. Par son intense mélodisme et sa réussite compositionnelle « au plus haut niveau », selon Dalberto. Qui souligne un « ton général, un engagement voulu dans le son » d'une « musique à la fois tendre et violente ». Et en donne avec le Quatuor Novus une interprétation de haut vol. Le premier mouvement capte d'emblée l'attention par l'attaque staccato du quatuor affichant un ton décidé. Elle ouvre la voie au piano, de son thème ondulant. La progression se fera vite volontariste, menée par le clavier, les cordes brodant le thème signature qui reviendra en boucle par la suite, passionné, dans un mouvement ascendant, comme il en est aussi dans la Symphonie en ré. Et au fil d'épisodes agités où les thèmes se mêlent dans des harmonies envoûtantes. Ce que Dalberto et les Novus traduisent avec sagacité, le premier entraînant ses jeunes collègues de son savoir puisé chez Vlado Perlemuter et Jean Hubeau. La partie médiane se fait plus calme, prélude à une coda tout aussi fiévreuse que les premiers traits, avec ses rafales, avant une conclusion calme. Le Lento qui s'enchaîne, introduit un dialogue élégiaque du violon I et du piano. Le discours se renforce en lyrisme et cela module dans une thématique lumineuse superposant les traits, du violon I et du cello par exemple, sur le contrechant du clavier. Un bref solo de piano conduit à une péroraison chantante on ne peut plus poétique, magnifiée par un interprète avisé de la musique de piano de Franck. Le finale, allegro non troppo ma con fuoco, insinue le jeu fiévreux du violon I pour installer une manière chaloupée et d'une belle transparence ppp. Le mouvement connaît une belle animation avec ruptures de rythme et montée en puissance, traversé de plages de répit. La coda sera grandiose. Car les Novus, un ensemble de jeunes musiciens coréens, lauréats du Concours ARD de Munich (2012) et du Concours Mozart de Salzbourg (2014), excellent par la clarté des voix et la délicatesse du phrasé, qui s'allient avec bonheur au piano du français.

Les enregistrements, dans la Salle Philharmonique de Liège, offrent une image flatteuse des pièces de piano solo, aérée et immédiate. L'équilibre piano-cordes est proche de l'idéal dans le quintette comme la fusion des voix.

Texte de Jean-Pierre Robert

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