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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : The Dubhlinn Gardens, musiques irlandaises

TheDublinnsGardens

  • "The Dubhlinn Gardens", anthologie de musiques traditionnelles irlandaises des XVII & XVIIèmes siècles
  • Reinoud van Mechelen, ténor
  • A Nocte Temporis
  • 1 CD Alpha : Alpha 447 (Distribution : Outhere Music)
  • Durée du CD : 69 min 17 s
  • Note technique : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orange (5/5)

Ce CD fort original présente un panorama exhaustif de musiques traditionnelles de l'Irlande des XVII & XVIIIème, puisées à la tradition orale. On y trouve les pages les plus significatives de ce répertoire. Elles sont interprétées par un ensemble qui, sous l'impulsion de la flûtiste Anna Besson, s'est minutieusement penché sur la manière de les restituer, et un ténor de plus en plus en vue dans le répertoire baroque.

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S'ils appartiennent à la tradition orale, les airs irlandais ont connu quelques compilations publiées à Londres à compter de 1724, au sein de collections regroupant songs, ballads ou tunes. Mais, selon Anna Besson, "c'est à la fin du XVIIIe siècle que se produit une véritable prise de conscience du patrimoine musical irlandais", en particulier lors d'un festival organisé à Belfast en 1792. Les thèmes abordés sont d'abord l'amour et particulièrement le désir de la femme, traité souvent de manière grivoise autour du plaisir sexuel. À cet égard, l'air le plus célèbre est "The original black Joke", une chanson leste sur le sexe féminin. Qui a été déclinée moult fois. Autre song, la chanson "Eleanór a Rún", a aussi connu diverses versions. La plus ancienne est chantée ici a capella, en style ancien, encore entendu dans la province du Connemara. On la retrouve dans plusieurs collections au XVIIIème. Elle fit l'admiration de Haendel. ''An Buachaillín Bán '' est un ''slow air'' du comté de Cork, pour flûte, que l'interprète Anna Besson dit tenir de la chanteuse irlandaise Karan Casey : une apparente lamentation qui "cache une chanson révolutionnaire", car le personnage dont il est question, Charles Edward Stuart, était considéré par les irlandais d'alors comme l'homme capable de renverser le régime en place. On y trouve aussi des complaintes de l'amoureux transi. Comme "Ah! The poor sheperd's mournful fate'' qui voit un pauvre berger ''condamné à aimer et à languir'', la flûte l'accompagnant dans ses tristes réflexions. Ou encore "Anna, a particular favourite irish song", mettant en scène d'autres bergers à la recherche de la bien-aimée. 

Autre thème favori, celui des batailles : comme "Teague, the irish trooper'', avec son accompagnement lancinant de drum et de basse de viole, évocation guerrière à travers le récit de la douloureuse lamentation d'un soldat à l'égard de sa cousine bien-aimée. Des songs traitent encore du quotidien et de son lot de philosophie de la vie, comme les désordres du monde où chacun cherche à nuire à l'autre et même au sein de la vie conjugale. Rien de nouveau sous le soleil... Les pièces vocales sont complétées par des morceaux instrumentaux, à partir bien sûr de la flûte, jouée soit seule avec un léger soutien de la harpe celtique ("The red Joke''), ou accompagnée du clavecin et de la gambe ("Jack Latine"), ou encore dans un mode plus fourni comme pour "Mr Creagh's irish tune'', pièce dansante dans la pure tradition irlandaise avec son solo de flûte médian déchaînant une reprise pour le moins engagée, de plus en plus rapide. 

C'est que toutes ces musiques évoluent dans un rythme fort animé, légèrement obsessionnel. L'ensemble A Nocte Temporis, Anna Besson (flûte), Sarah Ridy (harpe), Myriam Rignol (viole de gambe) & Loris Barrucand (clavecin), le traduit aussi bien dans l'originalité des arrangements que dans la prestance des exécutions pour en restituer au plus près l'authenticité. Le ténor Reinoud van Mechelen, qui au fil de ses prestations au concert et au disque, s'affirme comme une des voix les plus intéressantes du moment, chante ces songs avec esprit et engagement de son beau timbre clair et bien projeté. Sans parler d'une évidente empathie avec les tournures irlandaises et leurs consonances bien particulières pour ne pas dire cocasses. 

La captation, à la chapelle de l'Institut pour l'Irlande en Europe à Louvain, offre une ambiance feutrée, quoique agréablement aérée, l'ensemble instrumental dans ses diverses configurations entourant parfaitement la voix. 

Texte de Jean-Pierre Robert

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Disponible sur Amazon en CD et MP3



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