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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Deux cycles de Lieder de Schumann par Matthias Goerne et Leif Ove Andsnes

Schumann LiederkreisOpus24 Goerne Andsnes

  • Robert Schumann : Liederkreis op. 24 sur des poèmes de Heinrich Heine. Kernerlieder, douze Lieder sur des poèmes de Justinus Kerner, op. 35
  • Matthias Goerne (baryton), Leif Ove Andsnes (piano)
  • 1 CD Harmonia Mundi : HMM 902353 (Distribution : PIAS)
  • Durée du CD : 53 min 29 s
  • Note technique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge(5/5)

Après un pénétrant voyage avec les Lieder de Schubert, Matthias Goerne se tourne vers Schumann. Pour ce second opus, il présente deux cycles majeurs composés durant la prolifique année 1840, le Liederkreis op. 24 et les moins connus Kernerlieder. Comme Dietrich Fischer Dieskau hier, Goerne choisit avec soin ses pianistes en fonction des projets poursuivis. Il fait ici équipe avec le norvégien Leif Ove Andsnes dont le parcours compte déjà bien des réussites aux côtés de ses amis chanteurs.

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Premier des grands cycles de Lieder de Robert Schumann composés en 1840, le Liederkreis op. 24 l'est sur des poèmes de Heinrich Heine. Le thème de la confession amoureuse est décliné à travers la symbolique poétique de la nature. Au fil de 9 mélodies, sont abordés les divers états du sentiment amoureux, attente, espoir, désillusion, renoncement, adieux. La partie de piano est développée, à la différence de ce qu'il en est chez Schubert, tant dans l'accompagnement de la ligne vocale, dont elle se détache souvent, qu'au long d'intermèdes ou de postludes. Tout l'éventail émotionnel contenu dans ces pièces, Goerne et Andsnes le traduisent par des climats envoûtants : tour à tour mélancoliques, le désir de l'amant, la solitude toute romantique de l'incompris, ou dramatiques, l'affolement de ne se savoir pas entendu, l'émotion à peine contenue, le ton persifleur ou désenchanté, l'amertume non dissimulée. Le ton est d'une infinie douceur ou emporté. Ce qui prend la forme d'une courte saynète dont plus d'un Lied est le lieu, est ici magnifié par un chant d'une inextinguible force et une ligne pianistique qui ne l'est pas moins. Le cycle se conclut par un morceau d'une indicible beauté "Mit Myrten und Rosen" (Des myrtes et des roses), comme si l'on refermait un livre, celui où le narrateur voudrait y ensevelir ses chants, mélange de volontarisme et de fragilité. L'art de diseur du baryton allemand est à son meilleur, dont la voix caressante ou impétueuse rejoint le piano du norvégien nursant des phrases colorées ou diaphanes.   

Les Kernerlieder, ou "Douze poèmes de Justinus Kerner" op. 35, moins connus que le précédent, constituent pourtant un cycle d'une égale concision. Là aussi, ce sont de courtes vignettes caractérisant des descriptions de la nature, métaphores des thèmes éternels que sont l'amour et l'amitié. Les contrastes sont tout aussi marqués pour traduire des états d'âme variés comme le trouble intérieur de l'homme amoureux tandis que gronde l'orage au dehors, le chant à la bien-aimée comme enveloppé dans une ardeur contenue, la passion des sentiments enfouis. Ou encore les grandes déclarations quasi hymniques, à travers l'invocation des "forêts sublimes". La poétique qu'instillent Goerne et son pianiste enlumine ces morceaux choisis du Lied romantique de grâce mélodique, d'émotion bouleversante, à travers tout le spectre vocal : de la puissance véhémente du baryton virant sur la basse, au murmure effleurant le mot, de la modulation qui d'abord sereine, proche de l'extase, va crescendo vers quelque apothéose, en passant par le falsetto. Partout on admire la limpidité du geste. Le piano n'est pas moins exceptionnel dans ses jolies ritournelles, ses tempos variés, rythmes balancés de berceuse ou traits presque violents. Car comme dans le cycle précédent, l'instrument fait plus qu'accompagner. Il est une voix à part entière. 

L'enregistrement, au Teldex Studio de Berlin, dans une acoustique aérée, proche d'une situation de concert, offre une image sonore très cohérente, ménageant un naturel équilibre voix-piano. 

Texte de Jean-Pierre Robert

Disponible sur Amazon en CD et MP3

 

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