Concert : Le pianiste Rafal Blechacz et le Quatuor Meccore à la Philharmonie de Paris
- Rafal Blechacz, piano
- Quatuor Meccore
- Frédéric Chopin : 4 Mazurkas op.24
- Concerto pour piano et orchestre No1 en mi mineur op.11, version avec quatuor à cordes
- Concerto pour piano No2 en fa mineur op.21, version pour quatuor à cordes
- Polonaise « Héroïque » en la bémol majeur op.53
- Lundi 17 juin 2019, à 20 h 30
- Philharmonie de Paris, Grande Salle Pierre Boulez
www.piano4etoiles.fr
www.philharmoniedeparis.fr
Un seul compositeur au programme de ce concert : Frédéric Chopin, inventeur génial de la musique romantique dédiée au piano seul.
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Cette soirée du Lundi 17 juin 2019 dans la Grande Salle Pierre Boulez de la Philharmonie de Paris, le pianiste Rafal Blechacz et le Quatuor Meccore rendaient hommage à un seul compositeur : Frédéric Chopin. Mais en faisant appel au Quatuor Meccore, Rafal Blechacz choisissait l’originalité, l’imprévu, substituant au récital classique attendu une partie chambriste puisque les deux concertos pour piano et orchestre de Chopin étaient présentés sous une forme non conventionnelle relevant très nettement d’une optique chambriste à l’évidence. C’est tout d’abord avec les 4 Mazurkas op.24 que Rafal Blechacz ouvrait ce concert, entrant dans le vif du sujet avec la Première Mazurka en Sol mineur, une bien sombre tonalité si l’on se souvient de la Symphonie No40 de Mozart. Elle indique chez Chopin un penchant certain pour l’angoisse et une sorte de mélancolie diffuse mais néanmoins bien présente. La deuxième Mazurka en ut majeur accuse en revanche un net retour vers une sorte de rusticité presque brutale, totalement contraire à l’esprit de la valse. La troisième Mazurka de cet opus 24 (en la bémol majeur) semble avoir quelque difficulté à choisir entre valse et mazurka, optant finalement pour la légèreté et l’aérien. Enfin la dernière Mazurka de cet opus 24 (en si bémol mineur) se révèle porteuse d’un imaginaire musical sans limite, autorisant Chopin à s’élancer toujours plus avant dans une inventivité harmonique et mélodique incessante. Le Concerto pour piano No1 qui prenait la suite de ces Mazurkas op.24 est une transcription de la version piano et orchestre, présentée ici dans sa forme chambriste. Le passage du Concerto pour piano à une formation qui ne peut que s’intituler Quintette avec piano, se fait sans trop de dommage et permet au génie mélodique presque infini de Chopin d’habiter avec passion et vaillance les trois mouvements qui composent l’œuvre. En seconde partie de ce concert, Rafal Blechacz choisissait de jouer le Concerto No2 de Chopin toujours bien sûr dans sa forme chambriste avec le Quatuor Meccore. Composé tout comme le Premier Concerto vers 1830, ce deuxième Concerto pour piano sera créé par le compositeur en personne le 17 mars 1830 à Varsovie, ville qu’il quittera bientôt à jamais, s’installant définitivement en France. Plus développé que le premier Concerto, ce second Concerto pour piano, tout en laissant une large place à une écriture pianistique hautement virtuose, n’est pas insensible à l’opéra italien (Rossini, Bellini) et s’inscrit dans la continuité de compositeurs contemporains s’étant illustrés dans le Concerto pour piano, tels que Weber, Kalkbrenner, Field, Spohr, Moscheles, Hummel, Czerny. Ultime œuvre qui mettait un point final à ce concert Chopin : la Polonaise « Héroïque » en la bémol majeur op.53 que Frédéric Chopin compose en 1842. Une partition sauvage, carrément insurrectionnelle, que Chopin dédie à ceux qui luttent les armes à la main à Varsovie, alors sous le joug de l’occupation russe. Le caractère vengeur, révolutionnaire de cette Polonaise « Héroïque » ne fait aucun doute. Chopin y révèle une formidable combativité, regrettant lui-même de n’avoir pas participé aux combats !
Si Rafal Blechacz se montre impérial dans l’interprétation du répertoire purement pianistique (Mazurkas et Polonaise), sa performance dans les deux Concertos version chambriste s’avère tout aussi efficace, soutenue sans faiblir par le valeureux Quatuor Meccore.
Une longue standing ovation de la part du public de la Grande Salle Pierre Boulez, enthousiasmé par ce vibrant hommage dédié à l’unique compositeur de la soirée : Frédéric Chopin.
Texte de Michel Jakubowicz
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