CD : Camerata Alma Viva joue des Divertimentos de Mozart et quelques bis
- Wolfgang Amadé Mozart : Divertimentos K 136 en ré majeur, K 137 en si bémol majeur, K 138 en fa majeur
- Arrangements par Éric Mouret de la Passacaille de Georg Friedrich Haendel tirée de la Suite pour clavecin en sol mineur, de la Valse extraite de « The Comedians » de Dmitry Kabalevsky, et de la Czardas de Vittorio Monti
- Ensemble Camerata Alma Viva
- 1 CD NoMadMusic : NMM 062 (Distribution : PIAS)
- Durée du CD : 46 min 55 s
- Note technique : (5/5)
Pour fêter son 10ème anniversaire, l'ensemble suisse Camerata Alma Viva, fort de seize musiciens, huit filles, huit garçons, s'offre un programme coup de cœur, partagé entre Mozart et des arrangements pour cordes de compositeurs divers. Qu'il joue avec un bel entrain. Une proposition originale, à défaut d'aller de soi.
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Les trois Divertimentos pour quatuor à cordes K 136, K 137 et K 138, composés en 1772 à Salzbourg par un jeune musicien de seize ans, élargissent le format du simple quatuor à cordes à la dimension d'une pièce plus conséquente proche de la symphonie. On a dit qu'il s'agissait d'œuvres bâtardes empruntant à la fois à la manière de Michael Haydn et de ses ''Divertimenti en quatuors'' comme au style italien. Quoi qu'il en soit, ces trois pièces démontrent chez Mozart une sûre virtuosité d'écriture pour les cordes. Ce que la Camerata Alma Viva prouve amplement. Et avec une jolie dose d'audace, comparé à d'autres interprétations bien établies au catalogue. Car voilà des exécutions frappées au coin de l'originalité, qui pour le moins décoiffent. Elles sont le fruit de recherches intenses sur le phrasé, l'articulation et la dynamique. Les tempos dans les mouvements rapides sont plus que prestes. Comme l'Allegro initial du divertimento K 136, pris très soutenu, quasi presto, dégageant un sentiment d'allégresse, ce que des écarts creusés de dynamique achèvent de libérer de toute routine. Le Presto du même divertimento est d'une gaité irrésistible. Il en va de même au K 138 où le contrepoint extrêmement travaillé de l'Allegro introductif ressort d'une étonnante clarté, même si le tempo est ici relativement sage. Le Presto conclusif est pris à tombeau ouvert, le débit presque boulé s'agrémentant de pianissimos proches de l'évanescent. Paradoxalement, les mouvements lents sont ralentis. Ainsi de l'Andante médian du divertimento K 136, conçu comme un adagio, qui n'évite pas au développement une pointe de mélancolie, pour ne pas dire de douleur rentrée. Pareille impression à l'Andante qui ouvre le K 137, où les nuances sont poussées au maximum avec d'extrêmes ralentissements et des sonorités comme amenuisées. L'Andante central du divertimento K 138 est très expansif avec des contrastes forte/piano presque exacerbés. Du moins le jeu très lié laisse-t-il à la polyphonie tout son pouvoir expressif. Et le développement se voit conférer une puissance et des accents presque dramatiques qu'on n'associe pas nécessairement à cette pièce de jeunesse. Au final, voilà un travail hyper pensé comme celui d'un Teodor Currentzis dans ses interprétations mozartiennes.
Le programme du disque se conclut par trois courtes pièces, sorte de bis. En fait des coups de cœur de l'Ensemble Camerata Alma Viva. Il s'agit d'arrangements pratiqués par le violoniste Éric Mouret. Ainsi de la Passacaille de la Suite pour clavecin en sol mineur de Haendel, dont la transcription vise à exploiter les sonorités des cordes graves de l'ensemble « pour donner à cette musique un poids qui pouvait manquer dans la version pour clavecin », selon l'auteur ! Vient ensuite une valse, celle tirée de la suite d'orchestre « The Comedians » de Dmitry Kabalevsky (1904-1987), choisie pour son « charme évident et ''direct'' ». Enfin la Czardas de Vittorio Monti (1867-1922), originellement pour violon et piano, exploite dans le présent arrangement les capacités de l'orchestre à cordes. Il est certain que le morceau est empreint d'une vivacité étourdissante que les Alma Viva ne se font pas faute de souligner. Un disque décidément à part, qui bénéficie d'une agréable prise de son. Mais quelle étrange photo de couverture !
Texte de Jean-Pierre Robert
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