CD : Duos, Sonates et Caprices pour violon et violoncelle
- Giuseppe Tartini : Sonate pour violon et violoncelle en sol majeur
- Francesco Antonio Bonporti : Aria cromatica en la mineur
- Giuseppe Dall'Abaco : Capricio pour violoncelle seul en mi mineur, N° 6
- Giovanni Benedetto Piatti : Ricercata VI en sol majeur
- Pietro Nardini : Capricio pour violon seul en do mineur. Sonate pour violon et violoncelle en do mineur, op. 5 N° 6
- Johann Albrechstberger : Duetto III en la mineur
- Pierre Lahoussaye : Sonate pour violon et violoncelle en sol mineur, op. 1 N° 4
- Andreas & Bernhard Bomberg : Duo concertant pour violon et violoncelle en mi mineur, N° 1
- Duo Tartini : David Plantier (violon), Annabelle Luis (violoncelle)
- 1 CD Muso : Mu-031 (Distribution : Outhere Distribution)
- Durée du CD : 75 min 32 s
- Note technique : (5/5)
Le propos de ce disque est de démontrer que la sonate baroque pour violon, qui se joue généralement avec basse continue, peut l'être aussi avec le seul violoncelle en accompagnement. Ce qui permet de rendre justice à ce dernier comme instrument soliste, à l'égal du violon. Une brassée d'œuvres en formes de sonates, mais aussi de duos ou encore de ''caprici'' le démontrent au fil de ce programme aussi magistralement joué que conçu par son initiateur, le violoniste David Plantier. Une expérience nouvelle enrichissante.
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La Sonate pour violon et violoncelle en sol majeur de Giuseppe Tartini, en trois mouvements selon le schéma lent-vif-vif, offre de belles pages expressives au Larghetto initial, plus badin au premier Allegro, et de variations pleines d'esprit au second. Le violoncelle délaisse le statut de basse continue pour seconder utilement le violon qui reste roi. Il en va de même dans la Sonate pour violon et violoncelle en do mineur op. 5 N° 6 de Pietro Nardini (1722-1793), disciple de Tartini et qui en perpétue l'esprit. Un Adagio très orné au violon précède deux Allegro où les arabesques du violon sont complémentées par le cello, de manière plus active que s'il s'agissait d'une basse continue. Dans la Sonate pour violon et violoncelle en sol mineur Op.1 N° 4 du français Pierre Lahoussaye (1735-1818), qui côtoya Mozart lors d'un des voyages de celui-ci à Paris, la ligne de basse, non chiffrée, semble être clairement dévolue au violoncelle. Cette fois, deux mouvements rapides encadrent un Cantabile Adagio dont le chant se signale par son intensité et une mélancolie à peine retenue, le violoncelle soutenant le violon. Une cadence le conclut, non moins profonde.
Les duos mettent en symbiose les deux instruments. Comme dans le Duetto III en la mineur de Johann Georg Albrechstberger (1736-1809), écrit sur le modèle d'un prélude et fugue par un maître du contrepoint, qui au demeurant l'enseigna au jeune Beethoven. À l'Andante, on savoure les mélismes des deux instruments, tandis que la brève Fuga à deux voix montre une belle énergie. Les deux cousins Andreas et Bernhard Romberg ont composé un Duo concertant pour violon et violoncelle en mi mineur, N° 1, en 1801, également constitué de deux parties : un Cantabile con variazioni qui permet au cello de s'affirmer, devenant aussi virtuose que le violon, un Rondo Allegro presque théâtral où le violoncelle exploité dans son registre le plus aigu fait jeu égal avec le violon.
Le CD présente encore des pièces plus courtes. L'Aria cromatica e variata en la mineur de Francesco Antonio Bonporti (1672-1749), s'il n'est pas un duo, en possède les caractéristiques car la ligne de basse se situe au-delà du simple accompagnement dans un dialogue très original à mesure que progresse la partie de violon. Au final, les deux instruments se répondent harmonieusement. Le Ricercata VI en sol majeur de Giovanni Benedetto Piatti (1697-1763) met également en valeur les deux parties qui sont bien équilibrées dans les quatre mouvements du morceau, alternant lent-rapide au fil d'une élégante sicilienne, d'un allegro rythmé, d'un Adagio introspectif où chacun s'épanche tour à tour, enfin d'une courte fugue. On y savoure encore des morceaux de type ''capricio''. Ainsi du Capricio pour violon seul de Nardini, extrait d'un vaste ensemble d'une centaine, d'une grande exigence technique, annonçant Paganini, car les traits y sont fantasques à l'envi.
Le duo Tartini, le bien nommé, joue toutes ces pièces avec générosité : la sonorité souveraine du violon de David Plantier se mesure à celle patinée du cello d'Annabelle Luis. L'association de ces deux instruments de la même famille, assez inédite, peut surprendre. Elle ravit vite l'oreille par son indéniable charme. Les deux musiciens sont saisis dans l'acoustique agréablement aérée d'une église belge.
Texte de Jean-Pierre Robert
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