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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Les Trios pour piano de Mozart

Mozart pianosTrios

  • Wolfgang Amadé Mozart : Trios pour piano, violon et violoncelle N° 1 (Divertimento) K 254, en si bémol majeur, N° 2 en sol majeur, K 496, N° 3 en si bémol majeur, K 502, N° 4 en mi majeur, K 542, N° 5 en ut majeur, K 548, N° 6 en sol majeur, K 564
  • Daniel Barenboim (piano), Michael Barenboim (violon), Kian Soltani (violoncelle)
  • 2 CDs Deutsche Grammophon : 483 7506 (Distribution : Universal Music)
  • Durée des CDs : 80 min 43 s + 68 min 51 s
  • Note technique : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orange (5/5)

Le genre du trio pour piano, violon et violoncelle ne passe pas pour le plus célébré chez Mozart. Il est pourtant constitué de six pièces de belle importance dont les cinq dernières écrites dans les années 1786 et 1788, donc contemporaines d'œuvres de la maturité comme Le Nozze di Figaro, les grands concertos de piano ou les trois dernières symphonies. Cette intégrale est interprétée par trois artistes qu'unit un même esprit chambriste, menés par Daniel Barenbiom, et enregistrée à la Pierre Boulez Saal de Berlin, désormais un haut lieu de musique de la capitale allemande.

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L'ensemble de ces pièces a un dénominateur commun : le rôle essentiel assigné au piano. Avant de cultiver sérieusement le genre, Mozart écrit en 1776 un premier Trio en si bémol majeur. Publié à Paris, l'intitulé mentionne « pour clavecin, ou forte piano à Compagnemment Violino è Violoncello ». Il s'agit donc d'une sonate de piano avec violon et violoncelle obligés. Le manuscrit autographe mentionne encore « Divertimento a 3 ». Elle est dans l'esprit galant du divertissement comme dans ses deux mouvements extrêmes dont le Rondeau final Tempo di Menuetto joliment balancé. À l'Adagio, le piano dialogue avec un violon non dénué de profondeur, sur un accompagnement discret du cello. Qui selon les Massin, « frôle l'expressivité nostalgique de la confidence ». Dix ans plus tard, en 1786, Mozart revient au genre par une œuvre autrement plus ambitieuse : le Trio K 496 en sol majeur semble avoir aussi pour origine un projet de sonate pour piano, à laquelle seront adjointes deux autres parties de cordes. La belle énergie et l'inventivité thématique de l'Allegro, autour d'un piano bondissant, sont suivies d'un Andante d'une stricte rigueur contrapuntique. Enfin le Thema-Allegretto final, très articulé à partir d'un air populaire sur un rythme de gavotte, est décliné en variations allègres dont deux virent au dramatique. À la fin de la même année 1786, et peu avant le 25ème concerto de piano et la symphonie N° 38 ''Prague'', Mozart fait publier son Trio K 502 en si bémol majeur. Qui se signale par un Allegro allant de l'avant, plein d'esprit conquérant, puis un Larghetto d'une profonde émotion, introduit par le piano, suivi par le violon dans un dialogue chargé de sentiments, enfin un Allegretto dont l'élan et la joie intérieure sautent aux yeux.

Les trois trios suivants datent de l'année 1788 et ont été destinés à l'ami et bienfaiteur Johann Michael Puchberg. La trilogie s'ouvre par le Trio K 542 en mi majeur, tonalité rare chez Mozart. D'une grande souplesse, l'Allegro initial est d'une ardeur non dissimulée, mêlant élan mais aussi tendresse : tout Mozart est là dans la phrase ardente du piano à laquelle répondent les deux cordes. L'Andante grazioso poursuit dans une veine apaisée, même si basculant à l'occasion dans quelque tragique. L'Allegro qui termine la pièce est nanti de digressions du piano et du violon dont le rôle est ici haussé au même niveau, singulièrement dans une section médiane faisant office d'intermède plus dramatique. Le Trio K 548, eu ut majeur, le plus développé des trois, compte plusieurs allusions maçonniques. Il est écrit peu avant les deux dernières symphonies K 543 et K 550 Jupiter. L'œuvre est d'un bel élan au premier et au dernier mouvement, même si elle n'atteint pas la veine créatrice de la précédente. Mais l'Andante cantabile, introduit par le piano, comporte un développement plus dramatique. Enfin le Trio K 564 en sol majeur dispense un Allegro brillant, d'une apparente facilité dans son thème gracieux, puis un Andante de forme Thème et variations, brillamment travaillé notamment dans la partie de violoncelle. Un Allegretto conclut tout en allégresse dans un rythme dansant.

Cette belle intégrale, la seconde enregistrée par Daniel Barenboim, est servie par une interprétation on ne peut plus séduisante par sa spontanéité, où se manifeste une vraie complicité entre les trois voix : le piano fluide de Daniel Barenboim et l'élégance de son phrasé délié soutiennent la belle sonorité franche du violon de Michael Barenboim, comme celle feutrée du cello de Kian Soltani. Le sentiment de conversation musicale entre proches. Pour citer Rolando Villazón, à propos d'une exécution de ces pièces lors de la Semaine Mozart 2019 à Salzbourg, « Expression, goût et feu, trois éléments indiqués par Mozart à [sa sœur] Nannerl comme essentiels dans l'interprétation de sa musique sont certainement les piliers de cet enregistrement ». On ne saurait mieux dire.

Capté live à la Pierre Boulez Saal de Berlin début 2919, l'enregistrement se signale par son immédiateté et une image en même temps aérée. Utilisé dans toute sa largeur, le spectre sonore laisse à chacune des trois voix son espace naturel, tout en ménageant une parfaite cohésion.

Texte de Jean-Pierre Robert

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