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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : deux œuvres de chambre méconnues de Bartók et de Veress

Veress Bartok

  • Béla Bartók : Quintette pour piano et cordes
  • Sándor Veress : Trio à cordes
  • Vilde Frang, Barnabás Kelemen (violon), Lawrence Power, Katalin Kokas (alto), Nicolas Altstaedt (violoncelle), Alexander Lonquich (piano)
  • 1 CD Alpha : Alpha 458 (Distribution : Outhere Music)
  • Durée du CD : 61 min 50 s
  • Note technique : etoile verteetoile verteetoile verteetoile verteetoile verte (5/5)  

Le programme du CD juxtapose deux œuvres peu connues de musique de chambre du XXème siècle, composées par le maître, Béla Bartók, et son élève, Sándor Veress. Séparées par un demi-siècle, elles recèlent bien des trésors. Surtout interprétées par la poignée de musiciens de talent réunis dans le cadre du festival de musique de chambre de Lockenhaus en Autriche, sous l'impulsion du celliste Nicolas Altstaedt, son actuel directeur. À découvrir.

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Béla Bartók achève son Quintette pour piano et cordes en 1094, qu'il créé à Vienne en y tenant la partie de piano. C'est donc l'œuvre d'un jeune musicien de 23 ans. Elle compte quatre mouvements joués sans interruption, et d'une durée substantielle, puisque de près de 40 minutes. Influencée par les poèmes symphoniques de Liszt, mais aussi mesurée à la manière de Richard Strauss et de son ''Zarathustra'', que Bartók venait de découvrir, la musique en est grandiose pour une pièce de ce type. Les tempos y sont extrêmement changeants conférant à l'ensemble une allure rhapsodique, une rythmique très complexe y est déjà bien apparente. Le premier mouvement, après une introduction lente Andante, installe un discours très articulé qui croît en intensité jusqu'à un grand climax. Une section d'un beau lyrisme l'interrompt. La coda est frappée d'un sentiment d'urgence. Le Vivace Scherzo, en forme d'arche comme il en sera souvent dans les œuvres postérieures, offre une course fiévreuse menée par le piano. Une section plus calme, post-romantique, fait office de trio et la dernière partie renchérit dans un débit très rapide. À l'Adagio, qui débute par un dialogue des cordes, chacune d'elles tour à tour avec le piano, le flux intense révèle des sonorités magyares culminant dans l'aigu des cordes. Le finale Poco a poco Vivace retrouve les accents du premier mouvement, sur un rythme de danse et un ton populaire. Inutile de dire que ce quintette est très exigeant pour ses interprètes, poussé dans leurs limites. Ce qui ne semble pas être un souci pour les musiciens réunis ici dans une exécution d'une formidable tension : Barnabás Kelemen et Vilde Frang (violons), Katalin Kokas (alto), Nicolas Altstaedt (violoncelle) et le piano souverain d'Alexander Lonquich.

Quelques quarante ans plus tard, en 1954, Sándor Veress (1907-1992), élève puis ami et assistant de Bartók, écrit son Trio à cordes. Constitué de deux mouvements, lent-vif, à l'image des rhapsodies de Liszt, la pièce se confronte au dodécaphonisme (série de douze sons). Mais l'œuvre est une synthèse de cette technique, initiée par Schoenberg, et de l'écriture tonale. Pour citer l'auteur, « je commence par la mélodie, de là, j'arrive à la série. Les dodécaphonistes commencent par la série et - n'arrivent nulle part (c'est-à-dire pas à la mélodie) ». Le premier mouvement Andante, intime par opposition au second, installe deux séries différentes de douze sons formant un thème structurant l'exposition et la conclusion, au milieu desquelles on trouve une sorte de développement plus calme empruntant plus ou moins au chant populaire, et de type modal. Du deuxième mouvement Allegro molto, dynamique, aux rythmes sur le mode bulgare, avec pizzicatos et effets percussifs, se dégage une énergie rageuse, presque sauvage. Là encore, l'exécution en est complexe, tout comme l'audition réclame un effort de concentration. Vilde Frang (violon), Lawrence Power (alto) et Nicoals Altstaedt, lors d'un concert de la Musikfest de Lockenhaus, jadis fondée par Gidon Kremer, livrent de cette pièce rare une vision pour le moins engagée.

Les enregistrements, en deux lieux différents, offrent une indéniable immédiateté. Et une belle intégration du piano au sein des cordes dans le quintette.

Texte de Jean-Pierre Robert

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