CD : les sonates de Francfort ou l'opus 1 de Telemann
- Georg Philipp Telemann : Frankfurt Sonaten Nos 1 à 6, pour violon et basse continue
- Gottfried von der Goltz, violon
- Annekatrin Beller (violoncelle), Torsten Johann (clavecin), Thomas C. Boysen (théorbe)
- 1 CD Aparté : AP 217 (Distribution : PIAS)
- Durée du CD : 66 min 01 s
- Note technique : (5/5)
Les ''Six Sonates à Violon seul, accompagné par le Clavessin'' paraissent bien être l'opus premier de Telemann. Elles sont publiées en 1715, alors que celui-ci vient de s'établir à Francfort et d’y être engagé comme maître de chapelle. Leur richesse d'invention est magistralement mise en valeur dans la présente interprétation due à Gottfried von der Goltz et ses trois complices au continuo.
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Parmi les divers recueils de sonates pour violon composées par Telemann au fil de sa longue vie créatrice, les sonates dites ''de Francfort'' sont dans le goût des pièces de violon telles que pratiquées à l'époque en France. En quatre mouvements, de brève durée, selon le schéma lent-vif-lent-vif, elles s'apparentent aux sonates d'église, quoique plusieurs d'entre elles offrent des mouvements de danse, les rendant proches de la forme de la sonate de chambre. Mais toutes étalent une riche invention, quoique de genre monothématique, et une grande diversité avec des tournures surprenantes et un art singulier de mettre en valeur les possibilités expressives de l'instrument soliste. On peut les classer en deux types. Le premier est calqué stricto sensu sur la sonate d'église. Ainsi de la Sonate N° 1 en sol mineur, dans le style de Corelli, qui fait se succéder une introduction solennelle Adagio, un Allegro fugué d'une belle faconde, un second Adagio chantant, presque déclamatoire, et enfin un Vivace démonstratif. La Sonate N° 3 en si mineur s'ouvre par un Cantabile où le violon dialogue avec le continuo dans un rythme de sicilienne. Le second mouvement lent prend la forme d'un arioso mesuré, et le finale figure un petit concerto dans lequel le violon entretient une brillante discussion. Également construite sur un dialogue soliste-continuo, la Sonate N° 4 en si majeur s'orne en particulier d'un Largo introductif élégiaque et d'un Allegro final empli de fantaisie où le violon semble broder ad libitum.
Le second type s'apparente à la suite à la française, c'est-à-dire la succession de plusieurs mouvements de danse, en l'occurrence : Allemande, Courante, Sarabande et Gigue. La Sonate N° 2 en ré majeur en est un parfait exemple : débutée par une Allemande expansive, elle est suivie d'une Courante relativement développée, sorte de course haletante offrant au soliste une écriture très brillante. La Sarabande est révérencieuse dans le goût français, et la Gigue l'expression de la passion dans son tempo assuré, où le violon brille de mille feux. Il en va de même de la Sonate N ° 5 en ré majeur qui offre d'intéressants contrastes : une Allemande solennelle, une Courante joliment balancée, une Sarabande tressant une cantilène d'une chaleur inhabituelle, et une Gigue très preste concluant dans un joyeux babil. Ou de la Sonate N° 6 en la majeur dont la Courante est pétillante avant une Sarabande d'une grande douceur mélodique et une Gigue virtuose qui inclut même une mini cadence.
Gottfried von der Goltz, premier violon solo du Freiburger Barockorchester, apporte toute son expertise à ces pièces attachantes, par des couleurs franches, la fluidité du jeu et un art du tempo juste. On admire la belle sonorité de son instrument de Paolo Antonio Testore, des années 1720 à Milano. Le continuo est tout aussi habile : clavecin de Torsten Johann, théorbe de Thomas C. Boysen et violoncelle de Annekatrin Beller. L'équipe de Nicolas Bartholomée les a magistralement captés à Fribourg, dans la salle de l'orchestre, produisant un son intimiste et d'une fine définition de chacune des quatre voix.
Texte de Jean-Pierre Robert
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