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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : le Quintette et le Concerto pour clarinette de Mozart

Julien Herve Mozart Quintette

  • Wolfgang Amadé Mozart : Concerto pour clarinette et orchestre K 622. Quintette pour clarinette et quatuor à cordes K 581. Quintettstazt, KV Anhang 91 (complété par Franz Beyer )
  • Julien Hervé, clarinette
  • Gordan Nikolic, Goran Gribajcevic (violon), Roman Spitzer (alto), Céline Flamen (violoncelle) (quintette)
  • Rotterdam Philharmonic Orchestra, dir. Gustavo Gimeno
  • 1 CD NoMadMusic : NMM067 (Distribution : PIAS)
  • Durée du CD : 70 min 23 s
  • Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5)

Mozart et la clarinette : voilà une grande et belle histoire d'amour. Ce CD réunit opportunément, et logiquement, deux œuvres instrumentales que tout rapproche : le Quintette et le Concerto, écrits à la demande et pour l'ami et frère de Loge Anton Stadler. Dans des interprétations très inspirées, qui renouvellent notre perception de ces éternels chefs-d'œuvre.

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Mozart écrit en 1789 son Quintette pour clarinette et quatuor à cordes en la majeur K 581, une association instrumentale qui connaît alors une première. Car l'instrument à vent fait ici jeu égal avec ses pairs, dont le premier violon. C'est à la demande du fameux clarinettiste Anton Stadler que le musicien compose cette pièce mémorable, qui lui est dédiée, alors qu'il s'attaque au même moment à une œuvre lyrique majeure, Così fan tutte. En quatre mouvements, de climats bien différenciés, l'œuvre s'ouvre par un Allegro dont Jean et Brigitte Massin soulignent que ses trois thèmes, solennel, éperdu et paisible, sont « comme trois degrés de tendresse », lancés par les cordes auxquelles la clarinette répond successivement de manière vibrante, acquiesçante ou pathétique. Un dialogue qui dans la présente interprétation soutient constamment l'intérêt. Avec le Larghetto et sa longue phrase sinueuse qui rencontre le merveilleux legato de la clarinette dans le registre dolce, on est proche d'un pur moment de grâce dans l'échange entre la clarinette et le premier violon. Tout en contraste, le Menuetto s'épanouit en pleine lumière, sans être ici exagérément articulé. Le premier trio, aux seules cordes, introduit une agréable respiration, tandis que le second, emmené par la clarinette, évolue sur un rythme de Ländler. Le finale Allegro con Variazioni affiche une belle allégresse de son thème trottinant, décliné en cinq variations de climats différents, dont la profonde tendresse de la dernière.

Deux ans plus tard, tout juste après avoir achevé La Flûte enchantée, Mozart livre le Concerto pour clarinette et orchestre K 622, dans la même tonalité de la majeur. La parenté ente les deux œuvres est patente, non seulement quant au commanditaire et dédicataire Stadler, mais aussi par les allusions maçonniques plus que notables. Il plane ici surtout « une même fraternelle tendresse », selon les Massin. Plus puissante dans le concerto que dans le quintette, plus dramatique aussi. Comme il en va du premier mouvement Allegro : une aspiration vers la lumière dans la fluidité d'un orchestre bondissant, comme ici, avec juste cette pointe d'accélération avant le début du développement pour rendre le discours musical encore plus vivant. L'Adagio, sublime page lyrique s'il en est, s'inscrit dans les pas du Larghetto du Quintette, avec de fabuleuses notes graves de la clarinette. La reprise sera un brin plus lente, sans toutefois trop s'appesantir. Le Rondo Allegro final, pris dans un tempo allant, ne doit pas dissimuler quelque pathétisme, même si ce tragique furtif n'est, justement, pas appuyé par les présents interprètes. Et la coda brille comme une fin d'opéra, car la lumière triomphe, comme il en est de la fin de l'œuvre lyrique contemporaine.

A été ajouté un mouvement de quintette (''Quintettsatz''), KV Anhang (supplémentaire) 91, à l'origine un Allegro inachevé. Bien que le livret du CD ne donne aucune information, il pourrait s'agir d'un morceau composé à la même époque (fin 1789), également pour Stadler, et ici complété par Franz Beyer. Selon T. de Wyzewa et G. de Saint-Foix, ce pourrait être la transcription pour cette même formation de clarinette et quatuor à cordes, d'un air de Così fan tutte demeuré inachevé. La seule indication, livrée par Julien Hervé, est qu'il le joue sur une clarinette de basset en si bémol, qui est la même que celle requise par Mozart pour l'aria ''Parto, parto'' de Sesto dans La Clemenza di Tito...

Le français Julien Hervé, clarinette solo de l'Orchestre Philharmonique de Rotterdam, confesse combien aborder les deux œuvres phares est intimidant et essentiel à la fois. Il les joue sur un instrument de la firme Buffet Crampon, en l'occurrence une clarinette de basset en la, aux graves impressionnants. Avec une rigueur alliée à une évidente empathie. Voilà assurément une personnalité marquante : les accents sont d'une extrême justesse de ton et le legato est enviable. Il est accompagné, pour le concerto, par l'Orchestre Philharmonique de Rotterdam que dirige Gustavo Gimeno, un chef sur le berceau duquel se sont penchées de bonnes fées, Jansons, Haitink et Abbado. La manière est alerte, sans précipitation. Dans les pièces chambristes, Hervé fait équipe avec quatre musiciens talentueux.

Les enregistrements sont du même cru : le concerto est capté dans la salle de l'orchestre, De Doelen à Rotterdam, dans une sympathique acoustique de concert, légèrement réverbérée, mais nantie d'un fin relief assurant une balance satisfaisante entre soliste et orchestre. Pour le quintette, capté dans un autre lieu plus intimiste, la clarinette, placée à droite, s'intègre parfaitement aux cordes tout en s'en extrayant clairement.

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Texte de Jean-Pierre Robert

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