Concert : le pianiste Ivo Pogorelich en récital à la Cathédrale Saint-Louis des Invalides
- Ivo Pogorelich, piano
- Bach : Suite anglaise No3 en sol mineur, BWV 808
- Chopin : Barcarolle en fa dièse majeur, op.60
- Chopin : Prélude en do dièse mineur, op.45
- Ravel : Gaspard de la nuit, M.55
- Cathédrale Saint-Louis des Invalides
- Mardi 3 décembre 2019, à 20 h
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Ivo Pogorelich en récital à la Cathédrale Saint-Louis des Invalides, interprète Bach, Chopin et Ravel.
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C’est d’abord avec Johann Sebastian Bach que le pianiste Ivo Pogorelich décidait d’entamer son récital. Il s’agissait de la Suite anglaise No3 en sol mineur BWV 808 qui fait partie d’un ensemble de Suites pour clavecin comprenant Six Suites numérotées de BWV 806 à BWV 811 précédant en quelque sorte les Six Suites françaises également pour clavecin numérotées de BWV 812 à BWV 817. Cette Suite anglaise No3 qu’interprétait ce soir Ivo Pogorelich dans sa version piano, se constitue de Six parties distinctes empruntant presque toutes leur titre au français (Sarabande, Gavotte, etc…). Dans cette œuvre superbe, Bach fait preuve d’un sens constant de l’invention et de l’architecture, accumulant les idées et le raffinement extrême. La seconde œuvre était une plongée dans l’essence du piano romantique avec la Barcarolle op.60 de Chopin. Une pièce pour piano s’inspirant d’un chant de gondolier vénitien, composé la même année qu’un autre chef-d’œuvre rare du compositeur : sa Sonate pour violoncelle et piano composée également en 1846. Ivo Pogorelich revenait encore à Chopin avec le Prélude op.45, composé cinq années plus tôt, en 1841. Composée dans un lieu cher au compositeur (Nohant) cette pièce pour piano de Chopin surprend par sa force et son éloquence, se rapprochant ainsi de certaines compositions de Liszt.
La dernière partie du concert nous proposait une sorte de plongée dans l’univers fantastique cher à Ravel. En effet, celui-ci a toujours manifesté un penchant certain pour le rêve, la féérie et le merveilleux. En attestent des œuvres comme par exemple Ma Mère L’Oye et L’Enfant et les sortilèges. Gaspard de la nuit de Ravel mêle deux ingrédients du fantastique : le féérique avec Ondine’ (un thème cher aussi à Dvorak) et le cauchemar capable de créer des figures monstrueuses et terrifiantes (Le Gibet et Scarbo).
Dans la première partie du concert, Bach et Chopin trouvaient en Pogorelich un interprète convaincu, s’ingéniant à traduire toute la complexité et la profondeur de leur œuvre. Pour Ravel, Ivo Pogorelich se retrouvait en pays de connaissance, ayant déjà enregistré Gaspard de la nuit au début des années quatre-vingt. Sa version proposée ce soir aux Invalides, plutôt visionnaire, rendait non seulement hommage aux poèmes d’Aloysius Bertrand, mais aussi peut-être aux gravures glaçantes d’Odilon Redon et de Francisco de Goya. C’est ainsi que, sur ce conte fantastique sonore imaginé par Ravel, prenait fin ce concert exceptionnel permettant de saluer un talent incontestable : celui d’un grand pianiste, Ivo Pogorelich.
Texte de Michel Jakubowicz
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