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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Influences, de Bach à Chopin

Laurence Oldak Bach Chopin

  • ''Influences''
  • J S. Bach : Partita N° 2 en ut mineur BWV 826. Préludes et fugues du Livre I en fa dièse majeur, BWV 858 & du Livre II en fa mineur BWV 881
  • J S. Bach - Busoni : ''Ich ruf zu Dir, Herr Jesu Christ''
  • J S. Bach - Liszt : Prélude et fugue en la mineur BWV 543
  • Frédéric Chopin : Sonate N° 3 op. 58 en si mineur
  • C P E. Bach : Andante con tenerezza (extrait de la sonate Wq 65/32) 
  • Laurence Oldak, piano
  • 1 CD Klarthe : K 089 (Distribution : PIAS)
  • Durée du CD : 73 min 15 s
  • Note technique : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orange (5/5)

Rapprocher Chopin de Bach tient-il de l'improbable ? La pianiste Laurence Oldak s'attache à démontrer que l'association n'est pas si insolite. Elle fait précéder la Sonate N° 3 de Chopin de quelques pièces de JS Bach. Si elles existent, les influences de l'un sur l'autre restent pour le moins discrètes. En tout cas, les œuvres choisies sont interprétées avec une remarquable musicalité par une artiste de talent qui a à dire.  

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Composée en 1844, La Sonate N°3 op.58 en si mineur de Chopin appartient à sa dernière période créatrice. D'atmosphère bien différente de la Sonate N°2 dite ''funèbre'', elle est tout aussi novatrice, non pas tant par sa structure en quatre mouvements que par un mélange de rythmique changeante et de profusion thématique. On n'est souvent pas loin du climat des Nocturnes ou des Ballades du maître. C'est ce qu'a bien compris Laurence Oldak qui la pense sans virtuosité superflue. Ainsi l'Allegro maestoso, pris justement retenu, étale-t-il sa diversité émotionnelle. Le deuxième thème particulièrement évoque quelque vision nocturne à travers un chant presque mélancolique qui se déploie en traits passionnés. Du développement très complexe, ressort comme une improvisation au fil de ses différentes phrases. Le scherzo se révèle fantasque dans sa progression presque insouciante. C'est dans sa partie centrale, plus méditative telle une berceuse, que l'art subtil du contrepoint peut faire penser à Bach. Le Largo est ici d'une envoûtante beauté : ses accords initiaux solennels introduisent une sorte de romance recueillie, peut-être proche d'une aria. Le caractère élégiaque s'accompagne d'une rythmique accusée. Le finale se signale par sa vivacité dans la pulsation qui, là encore, ne cherche pas à sacrifier à une manière démonstrative. Si l'énergie n'est pas en reste, elle est asservie chez la pianiste à une vision d'une parfaite cohérence et d'une profonde musicalité.

Les Six Partitas pour clavier BWV 825-830, réunies sous le nom de Clavierübung, ont été composées entre 1726 et 1730. Elles sont de facture différente les unes des autres. La Deuxième Partita en ut mineur BWV 826, jouée ici, s'ouvre par une Sinfonia elle-même tripartite, et fait se succéder les trois premières danses constitutives de la suite française, savoir Allemande, Courante et Sarabande. Mais le modèle s'arrête là car aux lieu et place de la Gigue viennent deux morceaux originaux : un Rondeau, d'un bel entrain, et un Capriccio renchérissant dans cette logique, démontrant l'éclectisme du musicien et sa fantaisie. Trois préludes et fugues complètent ce singulier face-à-face Bach-Chopin, dont le Prélude et fugue BWV 543 pour orgue, transcrit par Liszt pour le piano. Peut-on parler ici de préromantisme ? La transcription par Ferruccio Busoni de l'aria ''Ich ruf zu Dir, Herr Jesu Christ'' procède peut-être de la même idée. Laurence Oldak est l'interprète choisie de ces pièces grâce à un jeu délié et une absence de sécheresse. On sent la volonté de privilégier le chant, sans une once de sentimentalité, comme il en est de son Chopin. Voilà de quoi distinguer une pianiste, remarquée entre autres par Maria João Pires, qui outre ses qualités de musicienne, sait s'affranchir de la facilité pour bâtir un récital et faire réfléchir ses auditeurs.

L'enregistrement à la Salle Colonne à Paris, offre une remarquable prise de son studio, à la fois immédiate et aérée. Le Steinway, bien centré, est capté dans ses belles harmoniques.

Texte de Jean-Pierre Robert

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