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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Le violoncelle d'Olivia Gay puise aux origines

Origines

  • ''Origine(s)''
  • Robert Schumann : 5 Stücke im Volkston op. 102 pour violoncelle et piano
  • Ernest Bloch : ''From jewish life'' pour violoncelle et piano (arrangement pour accordéon)
  • Zoltan Kodaly : Sonate pour violoncelle seul op. 8
  • Astor Piazzolla : Milonga sin palabras pour violoncelle et accordéon (arrangement)
  • Nadia Boulanger : Danse espagnole (extrait de ''Trois pièces pour violoncelle et piano'')
  • Chants populaires (arrangés pour plusieurs voix de violoncelle)
  • Olivia Gay, violoncelle
  • Célia Oneto Bensaid, piano, Basha Slavinska, accordéon
  • 1 CD Ilona Records : LIR 9020212 (Distribution : L'autre Distribution)
  • Durée du CD : 77 min
  • Note technique : etoile verteetoile verteetoile verteetoile verteetoile grise (4/5)

Voici un CD au programme atypique. À partir de la monumentale Sonate pour violoncelle seul de Zoltan Kodaly, la celliste Olivia Gay tisse des liens entre musique savante et sources populaires, puisés ici chez Schumann, Ernest Bloch, Nadia Boulanger ou Astor Piazzolla. Un parcours pour le moins original et exigeant, mais empli de saveurs.  

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Au sein de la production du hongrois Zoltan Kodaly, la Sonate pour violoncelle seul op.8 occupe une place particulière. Écrite en 1915, créée trois ans plus tard, ses vastes proportions installent comme une longue improvisation défiant toute logique : un univers évocateur convoquant une profusion d'états émotionnels sous une apparente austérité. Elle est très exigeante pour l'interprète qui se voit confronté à des techniques de jeu inhabituelles, comme des attaques sur le chevalet et tout une panoplie de modes percussifs. L'instrument est accordé de manière particulière, les deux cordes graves un demi-ton plus bas, autorisant un renforcement du registre grave, mais aussi l'imitation d'autres instruments comme le cymbalum tzigane. L'allegro maestoso ma appassionato offre des sonorités envoûtantes exploitant l'entier registre du violoncelle jusqu'au plus aigu : il progresse comme une longue prière dans une ambiance raréfiée. À l'Adagio con gran espressione, sur une ligne très expressive et douce, le violoncelle fait émerger des mélismes sourds, comme autant de sentiments enfouis. Puis le discours s'intensifie, traversé d'arpèges rageurs ou de pizzicatos apaisés. C'est peut-être au finale Allegro molto vivace que la source populaire est la plus évidente de par une rythmique singulière là où les modes les plus divers sont utilisés par Kodaly, outre un traitement saisissant du silence.

Olivia Gay rapproche cette formidable partition de plusieurs autres offertes au violoncelle. Ainsi de Schumann et ses Cinq Pièces dans le style populaire op.102 pour violoncelle et piano, seule œuvre laissée par lui à l'instrument, en dehors du Concerto pour violoncelle. Musique aux antipodes de celle de Kodaly, d'une tonalité romantique affirmée, comme à la 2ème pièce ''Langsam'' évoquant une rêverie, prolongée par la 3ème ''Nicht schnell'', proche d'une berceuse. Ernest Bloch écrit From jewish life en 1924 pour violoncelle et piano, trois chants inspirés de thèmes hébraïques. Olivia Gay en propose un arrangement pour violoncelle et accordéon, dû à Basha Slavinska, ce qui ne messied pas, tant ce dernier instrument est usité dans la culture juive. Il apporte une aura singulière à la pièce au fil de ses trois parties : ''Prière'', d'un fervent lyrisme, proche de l'incantation, ''Supplication'', là où l'accompagnement d'accordéon confère une sorte de mystère complétant le chant du cello, et enfin ''Chant juif'' qui conclut dans l'évocation de la douleur. Autre saut artistique avec une danse de Piazzolla, Milonga sin Palabras (sans paroles), inspirée par Carlos Gardel, où l'accordéon est tout à fait en situation. Enfin, la ''Danse espagnole'', extraite de Trois pièces pour violoncelle et piano de Nadia Boulanger termine ce parcours de manière allègre, car au-delà de toute imitation, la compositrice a cherché à retrouver les rythmes et senteurs d'une Espagne réimaginée. Que la violoncelliste dote paradoxalement d'un zest typiquement français.

Toutes ces compositions sont reliées les unes aux autres par de brefs morceaux en forme de chants populaires, allemand, juif, hongrois, argentin ou espagnol, arrangés pour plusieurs voix de violoncelle par la celliste, afin de « retrouver la résonance originelle de ces œuvres avec les sources traditionnelles qui les ont inspirées ». Elle les joue, comme il en va de tous les morceaux de cet album, avec une rare conviction et une profondeur de vue remarquable, usant d'une large palette. Ce qui est mis en valeur par un enregistrement, effectué dans un théâtre à Bourges, intime et naturel, le violoncelle justement traité sans proéminence excessive. On note quelques variations de volume sonore selon les morceaux.

Texte de Jean-Pierre Robert

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