CD : Dans un salon de la Nouvelle Athènes
- ''Dans un salon de la Nouvelle Athènes''
- Karl Czerny : Nocturne sentimental
- Carl Maria von Weber : Andante consolante extrait de la 4ème Sonate pour piano op.70. Air d'Annette extrait du Freischütz (arrangement pour accompagnement de clarinette, violoncelle et piano de Benjamin d'Anfray)
- Franz Liszt : ''Auf dem Wasser zu singen'' (transcription du Lied de Schubert). ''Funérailles'', extrait des Harmoniques poétiques et religieuses
- Frédéric Kalkbrenner : Thème favori de la Norma de Bellini
- Adolphe Adam : ''Le retour à la montagne''
- Frédéric Chopin : Valses op.69 N°1 et op.69 N°2. Fantaisie-Impromptu op.66 (posth.). Prélude op.28 N°8
- Laura Granero, Olga Pashchenko, Edoardo Torbianelli, piano
- Ensemble Lélio : Benjamin d'Anfray (piano), Jeanne Mendoche (soprano), Lucie Arnal (violoncelle), Roberta Cristini (clarinette)
- 1 CD : Son an Ero 10 (Distribution : UVM)
- Durée du CD : 60 min 10 s
- Note technique : (4/5)
Ce CD invite à revivre l'effervescence artistique des salons parisiens au XIXème siècle, singulièrement dans le quartier de la Nouvelle Athènes, alors animés par des artistes comme George Sand, Liszt, Chopin, Czerny ou Kalkbenner, et les facteurs de piano Erard et Pleyel. Le disque, enregistré lors d'un concert donné au Petit Palais dans le cadre de l'exposition ''Paris romantique'', au printemps 2019, propose un florilège de pièces de compositeurs en vue. Elles sont jouées par des spécialistes sur un instrument rare, un piano Erard de 1838. Une étonnante immersion dans un contexte poético-musical passionnant.
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Dans les années 1830, les salons artistiques du quartier de la Nouvelle Athènes, près de la place Saint Georges, étaient les lieux privilégiés où se retrouvait l'élite des compositeurs, écrivains, intellectuels, aristocrates et financiers, ou encore facteurs d'instruments. On y organisait des joutes musicales ou des séances d'improvisation. Y régnait un esprit d'expérimentation puisé aux dernières idées en matière d'interprétation sur des instruments nouvellement mis sur le marché, comme les pianos Erard et Pleyel. On dit même que s'y lançaient des carrières car cet intense foyer artistique se nourrissait d'échanges et d'émulation en matière musicale. Les compositions jouées au piano étaient au centre de ces travaux et réflexions. Le programme du présent concert met l'auditeur à même de saisir cette fièvre musicale de l'époque, en associant des pièces empruntées à des répertoires divers.
Ainsi entend-on le Nocturne sentimental de Karl Czerny, qui fait penser à un morceau de Chopin, ou l'Andante consolante de la 4ème Sonate de Carl Maria von Weber, ce qui montre combien le compositeur allemand était connu et apprécié en France, grâce en particulier à Liszt. L'engouement pour l'opéra est alors un phénomène majeur, et celui-ci s'écoute aussi bien dans les salons, comme l'illustre ici l'air d'Annette tiré de Der Freischütz, et chanté en français dans une version intimiste. Il en va de même, mais sans paroles, de la paraphrase de la Norma de Bellini, que commet Frédéric Kalkbrenner, sur le schéma thème et variations extrêmement virtuoses. Le morceau ''Le Retour à la montagne'' d'Adolphe Adam est particulièrement apprécié pour ses effets en échos entre voix et clarinette sur l'accompagnement du piano. Bien sûr, Liszt est au centre de ces concerts. On entend ici sa transcription pour piano du Lied de Schubert ''Auf dem Wasser zu singen'', dans une approche toute vocale, et surtout ''Funérailles'', tiré des Harmonies poétiques et religieuses : une élégie tragique qui élargissait les possibilités expressives du pianoforte pour traduire fragilité et puissance, en particulier dans les pages finales évoquant des sonneries de cloches dans le registre grave du clavier. Chopin devient aussi une figure incontournable des salons où il y avait été introduit grâce à Frédéric Kalkbrenner. Sont jouées ici les deux Valses op.69 qui enchantaient l'auditoire. Comme le Prélude op.28 N°8, où la « vocalité » est essentielle, comme le souligne Laura Granero qui voit dans la première partie « presque une touche de duo amoureux d'inspiration italienne » et dans la seconde « le monde intérieur de l'artiste ». Le récital offre encore la Fantaisie-Impromptu composée en 1833, mais publiée posthume sous le numéro d'opus 66 : pièce hybride, favorisant la polyrythmie, et d'une grande intensité alliant lyrisme dans sa partie centrale et brio pianistique au début et à la coda.
Le pianiste Edoardo Torbianelli, professeur à la Schola Cantorum Basiliensis, et deux de ses anciens élèves, Laura Granero et Benjamin d'Anfray, comme Olga Pashchenko apportent tout leur art à une relecture inventive de ces œuvres. Qu'ils font savourer sur l'instrument joué : un piano Erard de 1838, de forme clavecin, aux sonorités moirées, loin de la brillance d'un Steinway moderne. Ainsi peut-on revivre l'esthétique sonore de ces folles années romantiques. Et s'approcher des différents pianismes des grands virtuoses de cette époque. D'autant que le piano, capté live en concert dans l'auditorium du Petit Palais, sonne magnifiquement clair. Les membres de l'Ensemble Lélio sont les interprètes attentionnés des deux morceaux vocaux.
On ajoutera que ce disque est le fruit des travaux de recherches de l'association ''La Nouvelle Athènes - Centre des pianos romantiques'' qui, créée en 2017, a pour but de défendre et diffuser la connaissance et la pratique du piano historique en France. Le prochain concert aura lieu le 7 février 2020 à 20 h à la Salle Cortot à Paris. Un programme sur le thème ''Dans les salons parisiens sous le Ier Empire'' permettra d'écouter des œuvres de Dussek, Adam, Beethoven, Mozart, Steibelt, Hérold et Hélène de Montgeroult, interprétées sur un piano Carré Erard de 1806, acheté collectivement par les membres de l'association et dont la restauration a été confiée au Maître d'Art Christophe Clarke.
Texte de Jean-Pierre Robert
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