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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Jean-Philippe Collard joue les Goyescas de Granados

Jean Philippe Collard

  • Enrique Granados : Goyescas, Suite pour piano
  • Jean-Philippe Collard, piano
  • 1 CD La Dolce Volta : LV73 (Distribution : PIAS)
  • Durée du CD : 53 min 55 s
  • Note technique : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orange (5/5) 

Jean-Philippe Collard ajoute un nouvel opus à une discographie déjà bien fournie, avec les Goyescas de Granados. Un monument de la littérature pianistique espagnole que ces six pièces écrites en 1911 et créées la même année par l'auteur au Palau de la Musica de Barcelone. Dans un domaine où régnait naguère l'incomparable Alicia de Larrocha, Collard livre une version d'une facture aussi rigoureuse que profondément poétique.

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Un « mélange d'amertume et de grâce dans une atmosphère de poésie raffinée ». Ainsi Enrique Granados résume-t-il la Suite pour piano Goyescas, inspirée plus ou moins librement des toiles de Francisco de Goya. Les six pièces, dédiées chacune à une personne différente dont les pianistes Ricardo Viňes et Alfred Cortot, sont réparties en deux cahiers, regroupant les quatre premières et les deux dernières. D'une extrême exigence technique, le recueil offre pourtant une grande « spontanéité d'écriture », souligne Collard. L'aspect rhapsodique de l'écriture donne un sentiment d'improvisation, et à la différence d'Albeniz, de son Iberia en particulier, les coloris sont ici plus mordorés. Sous-titré ''Les beaux amoureux'', le recueil figure un parcours galant entre jeunes gens, qui tourne au drame lorsque l'amour et la mort s'affrontent en un combat fratricide. C'est aussi une sorte de dialogue sans paroles dont le contenu se resserre au fil des diverses séquences. Ainsi de la première ''Los requiebros'' (Flatteries et compliments), un badinage où tout semble improvisé : une entrée en matière sans détours pourtant, en pleine lumière que la belle rythmique de Jota pare de mille feux dans une déclamation extrêmement nuancée faisant se succéder grandes envolées et pages plus intimistes. La main gauche joue le rôle moteur dans le développement de la mélodie. ''Coloquio in la reja'' (Dialogue derrière la grille) offre une conversation pudique qui atteint une puissance lyrique certaine, la main droite figurant la voix humaine tandis que la gauche fait office d'accompagnement d'une guitare. Le troisième morceau, ''El fandango de candil'' (Le fandango à la chandelle) fait entrer plus avant l'aspect de danse par un joli motif revenant en boucle, illustrant un groupe de danseurs évoluant sous la lumière fluette d'une bougie. ''Quejas, o la maja y el ruisenor'' (Complainte ou la jeune fille au rossignol) offre une autre vignette intimiste dans une atmosphère de nocturne. Le colloque n'est pas sans contenir une pointe de mélancolie. Puis un voile semble se déchirer avec un jeu de trilles aiguës conduisant à une fin apaisée.

Avec la cinquième pièce, la mort s'invite à la fête. ''El amor y la muerte (Balada)'' (Ballade de l'amour et de la mort) est le cœur poétique de l'œuvre. Et là où le parallèle avec la peinture sombre de Goya s'impose singulièrement. Avec le monde pianistique poétique de Chopin aussi. Le colloque se fait plus serré, comme interrogateur, et l'échange paraît un temps se normaliser dans une douceur bienfaisante. Mais la terrible discussion reprend plus animée encore. Avec la dernière pièce, ''Epilogo : Serenata del espectro'' (Sérénade au spectre), le recueil se referme sur une note fantasque, grotesque et grave à la fois, dans une cascade de notes détachées ou légèrement labourées, une succession d'accords fiers et une réminiscence des thèmes précédemment entendus.

On aime chez Jean-Philippe Collard une rigueur qui n'a rien d'intellectuel, une densité qui ne recherche pas la couleur locale inutile. La palette combine âpreté et tendresse dans une vision objectivée par un regard lucide qui, au-delà d'une signification littérale, porte cette œuvre vers l'universel. La comparaison avec les maîtres français qu'affectionne le pianiste, son cher Fauré en particulier, vient à l'esprit quant à la souplesse du toucher.

Son Steinway de concert est enregistré dans la grande salle de l'Arsenal de Metz, dans une acoustique ouverte, l'instrument à bonne distance saisi avec générosité et naturel, particulièrement dans les registres médium et grave.

Texte de Jean-Pierre Robert

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