CD : offrande au luthiste Blancrocher
- Louis Couperin : Tombeau de Mr. De Blancrocher. Et autres pièces pour clavecin
- Johann Jakob Froberger : Tombeau fait à Paris sur la mort de Monsieur Blancheroche. Et autres pièces pour clavecin
- François Dufaut : Tombeau de Mr Blanrocher. Et autres pièces pour luth (transcrites pour clavecin par Pierre Gallon)
- Denis Gaultier : Lais larmes de Gauttier ou le Tombeau de Blanrocher. Et autres pièces pour luth (transcrites pour clavecin par Pierre Gallon)
- Charles Fleury de Blancrocher : Allemande de Blan-Rocher pour luth
- Diego Salamanca, luth baroque
- Pierre Gallon, clavecin
- 1 CD L'Encelade : ECL 1901 (Distribution : Socadisc et Believe Digital)
- Durée du CD : 78 min
- Note technique : (5/5)
Le claveciniste Pierre Gallon a eu l'idée d'honorer le célèbre luthiste Charles Fleury de Blancrocher en réunissant sur ce disque les quatre ''Tombeaux'' écrits à sa mémoire par ses pairs suite à son décès accidentel. Il les associe à un florilège de pièces de ceux-ci pour clavecin ou transcrites du luth pour cet instrument, qui auraient pu être jouées chez le musicien à la faveur de soirées musicales entre amis. Un récital aussi original qu'enrichissant.
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Le célèbre luthiste Charles Fleury de Blancrocher (ca. 1605-1652) était une personnalité incontournable de la vie musicale du XVIIème siècle, très estimé de musiciens comme Louis Couperin, Johann Jakob Froberger, François Dufaut et Denis Gaultier. Au point que suite à son décès accidentel en 1652, ceux-ci ont écrit à sa mémoire un ''Tombeau'' : un morceau qui plus qu'une déploration funèbre, fait l'éloge de la personne disparue. Chacun dans son propre style et sur son instrument, qui claveciniste, qui luthiste. Ainsi de Louis Couperin qui, dans le ''Tombeau de Mr. De Blancrocher'', lui rend un hommage solennel dans la grande manière qui est la sienne : une digression hautement pensée, presque proche de l'improvisation. Johann Jakob Froberger (1616-1667) use de ce qu'on appelle le figuralisme en musique, puisqu'à la fin de la pièce intitulée ''Tombeau fait à Paris sur la mort de Monsieur Blancheroche'', il utilise une gamme descendante figurant la chute du défunt dans un escalier. Pierre Gallon transcrit pour le clavecin les deux autres pièces composées pour le luth aussi bien par François Dufaut (ca. 1604-1672) que par Denis Gaultier (1603-1672). Là où dans le ''Tombeau de Mr Blanrocher'' du premier tout est grandiose, la pièce ''Lais larmes de Gauttier ou Le Tombeau de Blanrocher'' du second est empreinte d'une sereine tristesse.
Les autres pièces abordées par Pierre Gallon composent le programme d'une soirée imaginaire à la faveur de la rencontre parisienne entre Couperin et Froberger par l'entremise de Blancrocher, possesseur d'une immense collection d'instruments de musique. Autrement dit un concert imaginé chez le luthiste, entouré d'amis et de pairs. On y entend des compositions de Couperin bien sûr, dont une ''Fantaisie'' toute de mystère dans sa lente progression, ou une ''Allemande grave'' à la démarche mesurée. Le ''Prélude à l'imitation de Mr. Froberger'', qui montre les liens d'estime existant entre les deux maîtres du clavecin, est une pièce conséquente modulant généreusement sur un schéma tripartite lent-vif-lent. De Froberger, sont proposées, entre autres, une ''Tocade'' majestueuse puis animée, une ''Allemande faite à Paris'' dans le style typique du musicien, mesuré mais combien éloquent, une ''Sarabanda'' expansive avec force appogiatures, ou encore une ''Gigue'' bien dansante. De Denis Gaultier, ce sont une ''Sarabande'' sonnante ou des ''Fantaisies'' cultivant le registre aigu du clavecin. Enfin de Dufaut, Pierre Gallon propose quatre pièces conçues sur le modèle de la suite de danse française dont une ''Gigue'' très animée et une ''Gavotte'' bien articulée. Le programme s'achève par un joli clin d'œil : l''allemande de Blan-Rocher'', de Charles Fleury de Blancrocher lui-même, convoqué ainsi à la fête : c'est là sa seule composition connue. Et elle est interprétée ici dans son jus original pour luth.
Il faut louer la sagacité des transcriptions effectuées par Pierre Gallon des pièces de Dufaut et de Gaultier, et l'inventivité de l'agencement du programme. Comme la qualité des exécutions. Gallon joue deux clavecins aux sonorités différentes : l'un réalisé par Philippe Humeau d'après différents modèles italiens de la deuxième moitié du XVIIème, l'autre dû au facteur Émile Jobin d'après Tibaut de Toulouse (1691).
L'enregistrement, au studio de l'Orchestre national d'Ile-de-France à Alfortville, capte les deux instruments avec netteté dans une ambiance aérée et un relief remarquable créant un sympathique effet de proximité.
Texte de Jean-Pierre Robert
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