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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Les Suites pour violoncelle de Bach jouées sur violoncello da spalla

Bach Sergey Malov

  • JS. Bach : 6 Suites pour violoncelle seul, BWV 1007-1012
  • Sergey Malov, violoncello da spalla
  • 1 CD Solo Musica : SM 343
  • Durée du CD : 73 min 51 s
  • Note technique : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orange (5/5)

Les Six Suites pour violoncelle seul comptent parmi les joyaux de la musique  instrumentale de Bach, peut-être pas aussi variées dans la forme que les Suites pour violon, pas moins attractives cependant. L'intérêt du présent disque est de proposer une exécution sur violoncello da spalla, ou violoncelle joué sur l'épaule. Une version différente des autres, magnifiquement restituée.

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Bach compose ses Six Suites pour violoncelle seul, BWV 1007-1012, pendant aux pièces pour violon solo, lors de son séjour à Cöthen. Ces œuvres diffèrent de la sonate pour un instrument solo et basse chiffrée. Dans l'un et l'autre cas, pour le violon, pour le violoncelle, l'instrument développe une expression harmonique complexe aussi bien qu'il chante dans une belle profusion mélodique. Les suites pour le violoncelle sont construites sur le modèle de la suite française et sont ainsi composées de six mouvements : Prélude, Allemande, Courante, Sarabande, un duo de danses galantes (Menuet, Bourrée ou Gavotte) et une Gigue pour conclure. Mais le schéma est loin d'être figé et malgré les moindres possibilités techniques offertes par le cello, l'inventivité paraît sans limite. Deux des suites offrent des particularités : la 5ème, pour un violoncelle dont la corde de La est accordée en Sol, et la 6ème qui exige un instrument à cinq cordes.

Le Prélude, mouvement le plus développé, expose largement le propos (BWV 1007), module abondamment (BWV 1009), donne l'illusion d'une pédale d'orgue (BWV 1010). Dans le cas de la 5ème Suite, ses vastes dimensions autorisent des accents plus expansifs, le mouvement étant lui-même développé en plusieurs sections dans un luxe de digressions flattant les divers registres de l'instrument. Celui de la Suite N°6  BWV 1012 investigue particulièrement le haut du registre, ce que la sonorité du violoncelle da spalla rend encore plus tangible. L'Allemande est vive (BWV 1007, BWV 1009), complétant le Prélude (BWV 1010, BWV 1011). Dans la Suite N°6, elle déploie un chant profond. La Courante est aimable (BWV 1007, BWV 1011) mais peut être aussi diserte (2ème, 3ème), recréant un dialogue imaginaire (BWV 1010), ou s'enroulant comme un mouvement perpétuel (BWV 1012). La Sarabande est gaie (BWV 1007) mais aussi réfléchie (BWV 1008), d'une grande douceur (3ème, 5ème suite), voire expansive (BWV 1010), ou encore exhalant une complainte (Suite N°6). Ce qu'on appelait à l'époque les ''Galanterien'', prennent la forme d'un mouvement double, sur le schéma ABA. Ce sont soit des Menuets (BWV 1007 et 1008), des Bourrées (BWV 1019 et 1010), légèrement rustiques dans le cas de la  ème Suite, ou des Gavottes qui, pour la Suite BWV 1011, offre légèreté et élégance, ou des accents de danse populaire, s'agissant de la Suite N°6. La Gigue finale est enlevée (BWV 1007 et 1011), voire virtuose (BWV 1008), sautillante dans son thème espagnolisant (3ème). Celle de la 5ème Suite semble exploser les possibilités de l'instrument. La Gigue de la dernière BWV 1012 s'envole allégrement.

La particularité de la présente interprétation est donc l'usage d'un violoncello da spalla, ainsi appelé parce que joué sur l'épaule, maintenu par une courroie, à la différence du violoncelle habituel joué entre les jambes et piqué au sol. L'instrument était utilisé du temps de Bach. Il est depuis tombé en désuétude. On doit sa redécouverte au luthier russe Dmitry Badiarov et il fut présenté au public pour la première fois en 2014 par le celliste Sigisvald Kuijken. La sonorité de ce ''piccolo violoncello'' est bien autre que celle de son grand frère : située entre l'alto et le violoncelle. Plus claire que le second, plus étoffée que le premier, avec un registre grave non redondant et un aigu qui peut sonner étrangement différent. Sergey Malov joue ce qu'il appelle son ''petit violoncelle'' avec une évidente affection. Les exécutions sont fluides comme une improvisation superbement maîtrisée. Les accents sont naturels, loin de l'étalage de virtuosité. Malov indique avoir volontairement omis les reprises afin de préserver la clarté de la forme et dans le souci de concevoir l'entier cycle comme une grande histoire.

L'enregistrement, aux Interjam Studios à Berlin, capte l'instrument dans une acoustique aérée et flatteuse. Celui-ci est bien centré et l'écoute est agréable, le son clair et immédiat.

Texte de Jean-Pierre Robert

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