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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : la Fragrance de Venise

Venices Frangrance

  • ''Venice's fragrance''
  • Arias de Tommaso Traetta, Baldassare Galuppi, Gennaro Manna, Francesco Bartolomeo Conti, Antonio Lotti
  • Antonio Vivaldi : Concertos pour mandoline, RV 425, pour deux mandolines, RV 532
  • Carlo Arrigoni : Sonate pour mandoline et violon en mi mineur
  • Folias, anonyme à Venise, XVIIIème
  • Nuria Rial, soprano
  • Artemandoline, Juan Carlos Muñoz, Mari Fe Pavón, mandolines baroques
  • 1 CD Deutsche Harmonia Mundi : 19439743812 (Distribution:  Sony Music)
  • Durée du CD : 69 min 23 s
  • Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5)

Derrière ce titre d'une pharmacopée alléchante, se cache un bien joli programme auquel sied mieux l'ombre de San Giorgio au levant sur la pochette du disque. Un hymne à Venise et à la musique baroque, une déclinaison originale d'œuvres pour ou avec mandoline, illustrée par six musiciens, dont Vivaldi bien sûr. Et des interprétations qui ménagent avec brio et goût le charme insoupçonné de ces pages.

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Les morceaux vocaux sont avant tout d'opéras du pré-baroque vénitien. Avec Francesco Bartolomeo Conti (1681-1732), illustré d'une part par une aria tirée de son drame pastoral Il trionfo dell'amicizia e dell'amor (1711). Précédée d'une longue introduction orchestrale mettant en exergue deux mandolines, l'aria les voit dialoguer aussi bien avec la soliste qu'avec le ripieno dans une harmonie apaisée ; et d'autre part par une aria extraite de L'Astario (1718), morceau plein d'esprit où la voix se mesure au ripieno dans un tempo alerte. De Tommaso Traetta, dans une page de l'opéra Le feste d'Imeneo, la mandoline donne le ton dès les premières mesures d'une page chantant là encore l'harmonie agreste. Dans l'aria de son opéra Teofane, Antonio Lotti, sur le mode Andante, enveloppe la soliste par le chant orné de la mandoline et l'accompagnement de la guitare baroque. Elle se développe telle une romance sereine, non sans mélancolie, et une vocalité émue. Le genre de l'oratorio prend de l'essor à l'époque, qui tout comme l'opéra, revêt la forme d'un petit drame musical, quand bien même conçu sur un sujet religieux. Ainsi de Jahel de Galuppi (1770) : là encore l'aria choisie est introduite par une large prélude instrumenta en forme de concerto pour deux mandolines et est agrémentée de fines vocalises et de notes répétées. Nuria Rial interprète ces pièces avec le charme d'un soprano clair et aux vocalises aisées, sans jamais forcer le trait. La voix se marie idéalement à cet écrin de choix que procurent les mandolinistes baroques et leurs collègues d’Artemandoline.

Pareille félicité distingue les œuvres purement instrumentales, autre faire-valoir de la mandoline. Un peu ignoré aujourd'hui, Carlo Arrigoni (1697-1744), mandoliniste, théorbiste et chanteur, a écrit, entre autres, la Sonate en mi mineur pour mandoline et violon et basse continue. De belle tournure, elle est en quatre parties : un Preludio avec effets d'écriture en écho comme chez Monterverdi, une Canzona, la bien nommée, une Courante aimable, nantie de sensibles unissons de deux solistes, et un Presto, finale plus affirmé où la mandoline tient définitivement la corde. L'assortiment de celle-ci et du violon prend dans cette œuvre une saveur particulière. Le Prete rosso occupe bien sûr une place de choix. Son Concerto pour mandoline RV 425 voit deux Allegros de la plus pure eau vivaldienne, et fort imaginatifs pour l'instrument, entourer un Largo développant une cantilène expressive du soliste sur un accompagnement suave du ripieno. Le Concerto pour deux mandolines RVV 532 offre aussi une brillante inventivité thématique : un vif Allegro distillant des duos en répons, un Andante tressant un chant quasi hypnotique et un autre Allegro, plus mesuré cette fois, mais très virtuose dans la partie des solistes sur un ripieno délicatement balancé ou scandé obstinément. On trouve encore des ''Folias'' d'anonymes du XVIIIème, sorte de pot-pourri pour mandoline et basse continue, suite de morceaux richement ornementés, de tempos variés dont certains impétueux. Un festin de sonorités on ne peut plus séduisant. 

Là encore la brochette des musiciens d'Artemandoline, fondé par Juan Carlos Muñoz et Mari Fe Pavón, font œuvre talentueuse. L'instrument vedette, la mandoline baroque, y développe ses prestiges, comme les autres instruments dont la guitare baroque, le théorbe ou le baryton (proche du violoncelle), grâce à un travail rigoureux et créatif. Les sonorités sont somptueuses et les interprétations toujours empreintes d'originalité et de distinction.

La prise de son, dans l'acoustique joliment résonante de l'église romane de Mont-Saint-Martin, a un relief certain, mettant en valeur les mandolines. La voix est légèrement placée à distance par rapport aux musiciens, comme l'un d'entre eux. L'immédiateté n'en souffre pas : une intéressante alternative à des captations plaçant la voix au premier plan.

Texte de Jean-Pierre Robert 

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