CD : l'arrangement pour quintette à cordes de la Sonate à Kreutzer de Beethoven
- ''Ludwig''
- Ludwig van Beethoven : Sonate pour piano et violon N°9, op.47 ''à Kreutzer'' (arrangement pour quintette à cordes). Quatuor à cordes N°3 op.18/3
- Bruno Delepelaire (violoncelle), Quatuor Zaïde
- 1 CD NoMadMusic : NMM079 (Distribution : PIAS)
- Durée du CD : 60 min 05 s
- Note technique : (5/5)
Pour son nouveau disque, consacré à Beethoven, le Quatuor Zaïde se propose d'explorer les forces qui traversent l’œuvre de Beethoven, les deux faces que sont l'olympien et le dionysiaque. En mettant en regard le Quatuor op.18/3 et un arrangement pour quintette à cordes de la Sonate à Kreutzer. Double et audacieux dessein.
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La Sonate pour piano et violon op.47, publiée en 1805, a fait l'objet quelques années après la mort de Beethoven, d'un arrangement pour quintette à cordes. L'origine en est discutée : de l'éditeur Simrock, de Ries, un des élèves de Beethoven, ou du maître lui-même, on ne sait trop. Reste que cette transcription est fidèle à l'esprit de l'original et explore une large palette, les deux cellos élargissant l'assise grave, comme le fera Schubert dans son fameux Quintette pour deux violoncelles. La répartition des voix est l'objet d'un travail impressionnant, car thèmes et rythmes passent naturellement d'un instrument à l'autre comme si cela avait été conçu pour cette formation. Au premier mouvement, les changements de climats sont magistralement distribués depuis l'introduction Adagio sostenuto qui sonne d'un étonnant modernisme, aux divers épisodes du Presto qui voit le discours constamment se modifier. Et souvent de manière quasi haletante dans la présente interprétation. À l'Andante con variazioni, le thème s'épanche d'un lyrisme encore plus soutenu que dans la partition originale pour les seuls violon et piano. Les variations l'enrichissent d'une manière nouvelle, ne serait-ce que par le renforcement du registre grave (3ème), mais aussi par des traits originaux de l'alto (4ème). La dernière, initiée par le cello I, reprise par le cello II, amorce la partie finale du mouvement qui aura pris dans cette instrumentation un visage presque symphonique. Le Presto final ne dément pas son statut d’œuvre contemporaine de la Symphonie Héroïque. Le jeu à cinq parties est loin de diminuer la force de l'écriture beethovénienne et son énergie, tempérées ici d'une souple rythmique. Les quatre jeunes femmes du Quatuor Zaïde font assaut d'élans passionnés, avec l'appoint sensible du celliste français Bruno Delepelaire, premier pupitre au Berliner Philharmoniker. C'est presque enivrant à telle allure et bien dionysiaque, de surcroît formidablement joué.
Contraste avec le Quatuor N°3 op.18/3, le premier écrit par Beethoven. Ou le versant apollinien du Maître de Bonn. Car l’œuvre est lumineuse et pleine de tendresse. Quoique, paradoxalement, cet aspect apparaisse moins dans la présente interprétation tant elle est emplie d'une énergie prométhéenne. Ainsi de l'Allegro mené à vive allure, avec une pointe d'humour dans certaines tournures boustées par les Zaïde, avec une scansion tendue, notamment aux violons I et II. L'Andante con moto possède une transparence toute française et un raffinement de sonorités enviable, singulièrement du violon I de Charlotte Maclet, lequel premier violon est d'ailleurs très sollicité durant toute l’œuvre. Le court Allegro qui suit offre pareille finesse, le Trio médian dans son enroulement de notes prenant une allure là encore ''moderne''. Le Presto, à folle allure, bondit de toutes parts sans répit. Les différences de dynamique sont magistralement observées jusqu'à des pppp imperceptibles ou des forte généreux. Le sous bassement dansé est également bien pensé.
La prise de son, aux Riffx Studios de la Seine musicale, offre une aura sonore séduisante et capte spatialement les diverses voix dans une image naturelle.
Texte de Jean-Pierre Robert
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