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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : l'héritage de Corelli à Londres aux alentours de 1720

La reveuse

  • ''London circa 1720''
  • William Babell : Concerto II for sixth flute 
  • Francesco Geminiani : Sonata IV op.1
  • Arcangelo Corelli (dans un arrangement de Johann Christian Schickhardt) : Sonata IV op.6 d'après les Concerti grossi nos 1 & 2 op.6
  • George Frideric Handel : Concerto a quattro en ré mineur. Sonata per la viola da gamba HWV 364b. Aria ''Spera si moi bene'' arrangé d'après l'opéra Admeto
  • Johann Christian Schickhardt : Concerto II op.19 pour deux flûtes recorder,   deux flûtes traversières et basse continue (tiré du concerto pour 4 recorders)
  • Nicola Francesco Haym : Aria ''Thus with thirst my souls expiring'' (arr. de Pietro Chaboud)
  • La Rêveuse, dir. Benjamin Perrot, Florence Bolton
  • 1 CD Harmonia Mundi : HMM 905322 (Distribution : PIAS )
  • Durée du CD : 60 min
  • Note technique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge (5/5)

Le programme de ce CD nous transporte à Londres dans les années 1720, où l'on célèbre l'héritage du grand violoniste Arcangelo Corelli et s'enrichit l'esprit au son de la musique d'un nouveau compositeur venu du continent, George Frideric Handel, anglicisé pour l'occasion. Un florilège de sonates et de concertos diablement interprétés par un ensemble, La Rêveuse, qui va droit au but quant à la pureté du style et la manière charmeuse de jouer des musiques plus que divertissantes. Une perle.

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Le règne des Stuart a pris fin. L'Angleterre s'ouvre à de nouveaux horizons avec l'accession au trône de la Maison de Hanovre. Si la culture délaisse le palais royal, elle s'invite en ville et s'adresse aux classes moyennes. On s'entiche des musiciens italiens et allemands. On se passionne pour l'opera seria de Scarlatti ou de Handel. Les éditeurs en profitent pour publier des réductions d'airs à jouer chez soi, arrangés pour une petite formation à laquelle participe la flûte traverso. Ainsi d'une aria tirée de l'opéra Admeto de Handel (1727) où celle-ci tient la partie vocale, singulièrement au da capo. Ou de cette autre de Nicola Francesco Haym, extraite de Il Pirro e Demetrio d'Alessandro Scarlatti (1710). On célèbre encore et surtout les œuvres d'Arcangelo Corelli, fameux violoniste virtuose. Comme il en est de sa Sonata IV op.6, donnée dans l'arrangement d'un certain Johann Christian Schickhazrdt (c. 1681- 1762) qui a pioché dans les Concertos grossos op.6 du maestro. Ce qui devient une sonate en trio pour deux flûtes et basse continue, mêlant rythmes allègres et doux cantabile. Francesco Geminiani, qui débarque lui aussi à Londres, jouera un rôle de successeur de Corelli. Sa  Sonata IV op.4 (1718), d'une étonnante brièveté dans ses quatre mouvements lent-vif-lent-vif, est un modèle de charme.

On entend encore le Concerto II op.3 de William Babell (c.1690-1723), écrit pour ''Sixth flute'', sorte de petite flûte au son aigrelet, proche du fifre. La composition a la forme du concerto grosso et dispense d'agréables mélismes, tel l'Adagio central où la flûte tient longtemps une même note pour s'enchaîner dans un chapelet plus développé jusqu'à une brève cadence. La gracilité de l'instrument pare les autres mouvements, dont le final fougueux, d'une aura de joliesse.

La vogue de la musique de chambre n'échappe pas à Haendel qui depuis son arrivée à Londres en 1710, connaît un succès continu avec ses opéras. Le disque présente le curieux Concerto a quattro et ré majeur, pour flûte, violon, viole de gambe et continuo, un temps attribué à Telemann. Il se distingue par ses deux mouvements lents : un Adagio solennel et dramatique, et surtout un Largo réunissant viole de gambe et flûte en une envoûtante mélodie. La Sonate pour viole de gambe en sol mineur a connu une histoire chaotique et quelque peu secrète : écrite en Italie, elle sera publiée plus tard à Londres aux environs de 1730, sans qu'apparaisse le nom de son auteur non plus qu'on connaisse celui de son destinataire. Quoi qu'il en soit, on savoure la succession d'un Larghetto où le soliste chante généreusement, d'un Allegro vif dans la plus pure veine haendélienne, d'un très bref Adagio en forme de solo de gambe, avant un aimable Allegro final. Autre découverte enfin, le Concerto II op.19 en la mineur de Schickhardt, pour 2 recorders, 2 traversos et basse continue, composition conçue à l'origine pour 4 recorders. Un festival de flûtes de tonalités différentes au fil de mouvements plutôt vifs, à l'exception du second qui est un Adagio, alignant d'agréables ritournelles et cantilènes, les deux sortes d'instruments, ''recorder'' et ''traverso'' figurant les anciens et les modernes.

Outre le choix vraiment judicieux des pièces proposées, à la fois didactique et divertissant, on admire la perfection instrumentale déployée par les 10 musiciens de La Rêveuse. Sous la houlette de Benjamin Perrot (théorbe) et de Florence Bolton (basse de viole). Le quatuor de flûtistes n'est pas moins magistral, qui rend ainsi hommage aux deux grandes familles de l'instrument, les flûtes à bec alto jouées par Sébastien Marq et Marine Sablonnière, et les flûtes traversières par Serge Saitta et Olivier Riehl. C'est une fête de tous les instants.

La prise de son, à l’Église protestante allemande de Paris, offre une image aérée et bien proportionnée dans la disposition spatiale des diverses parties.

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Texte de Jean-Pierre Robert

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