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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : la découverte du Requiem de Niccolò Jommelli

Niccolo Jommelli

  • Niccolò Jommelli : Requiem en mi bémol majeur
  • Sandrine Piau (soprano), Carlo Vistoli (contre-ténor), Raffaele Giordani (ténor), Salvo Vitale (basse)
  • Schola Gregoriana, dir. Renato Cadel
  • Coro e orchestra Ghislieri, dir. Giulio Prandi
  • 1 CD Arcana : A 477 (Distribution : Outhere Music)
  • Durée du CD : 55 min 15 s
  • Note technique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge (5/5)

Cet album présente une rareté, le Requiem de Niccolò Jommelli, dans une reconstruction opérée et dirigée par le jeune chef italien Giulio Prandi, spécialiste de la musique baroque du XVIIIème. Une remarquable réalisation par la douce ferveur qui s'en dégage.

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En dehors de sa production notable pour l'opéra, Niccolò Jommelli (1714-1774) reste un des compositeurs les plus importants de musique sacrée du XVIIIème siècle, exerçant tant à Venise qu'à Rome, mais aussi en Bade Wurttenberg. Sa messe de Requiem a été écrite pour les funérailles, en février 1756, de Marie-Auguste de Tour et Taxis, mère du prince Charles-Eugène de Wurttenberg. L’œuvre connut ensuite un succès considérable en Europe, considérée comme une partition essentielle dans le genre, pour ce qui est de la période précédant Mozart. Au point de connaître des arrangements par divers musiciens comme Antonio Salieri. Le Requiem fut joué à diverses occasions, même en France pour les funérailles de Rossini à Paris en 1868. Le manuscrit en est cependant perdu et n'a survécu que par des copies, dont l'une conservée à la BNF. La reconstruction opérée par Giulio Prandi s'accompagne d'insertions de chants grégoriens en lieu et place des parties manquantes.

Différant des messes de requiem connues, l’œuvre se caractérise par sa simplicité d'écriture pour un orchestre constitué uniquement de cordes. D'une grande économie de moyens, de ton presque chambriste, elle ne comporte que trois brèves arias. Elle est surtout habitée d'une veine intimiste qui ne manque pas d'être en même temps lumineuse par un chant à la narration subtile. Par exemple à l’Introït qui débute dans un climat hypnotique par le chœur, duquel émergent les voix solistes. Tout effet spectaculaire est banni, comme les terreurs du Jugement dernier à peine esquissées. Ainsi la séquence du Dies irae n'a-t-elle rien de terrifiant comme souvent, où l'orchestre brode, le chœur ponctuant simplement les interventions du quatuor vocal. Les autres strophes de la Sequentia sont reliées les unes aux autres dans un continuum modéré, jusqu'au Pie Jesu délicatement incantatoire du chœur sur un ripieno ténu et un Amen pianissimo. L'orchestration raffinée ne garde de solennité que ce qui est essentiel, comme au Sanctus, sorte de larghetto presque pastoral, où rien n'est proclamé haut et fort mais plutôt imploré sur le ton du chuchotement. Il est fait usage de l'écriture fuguée à plusieurs endroits : bref Hosanna du Sanctus, fin de l'Agnus Dei dans le registre doucement consolateur. Le chant déploie une palette restreinte, comme il en est du couple soprano-alto au Libera me.

L'interprétation est à l'aune de cette manière réservée. Par la direction toute de ferveur intérieure de Giulio Prandi qui tire de l'ensemble choral et orchestral Ghislieri, qu'il a fondé en 2003, une étonnante transparence instrumentale dans la conduite du ripieno comme des nuances infinitésimales dans les interventions du chœur. Le quatuor soliste est à l'unisson, que ce soit dans les passages d'ensemble à deux, trois ou quatre solos, ou dans les arias. Au Benedictus pathétique, puis à la séquence ''Tremens factus'', dotée d'accompagnement de violon solo, Sandrine Piau offre un chant orné, mais non ostentatoire. La partie d'alto, tenue par le contre-ténor Carlo Vistoli montre pareille ductilité du chant, dont une section ''Dies Illa'' d'un ton d'affliction combien retenu là aussi. Le ténor Raffaele Giordano et la basse SalvoVitale complètent harmonieusement le quatuor. Aux chœurs, dont la contribution est essentielle, revient la palme de la distinction. Les voix d'homme du Coro Ghislieri assurent la partie de chant grégorien, sous le nom de Schola Gregorianus Ghislieri. 

L'enregistrement, à la Salle Mahler du Kulturzentrum de Dobbiaco, procure une ambiance feutrée comme l'est l'interprétation, ménageant un fin équilibre voix-orchestre.

Texte de Jean-Pierre Robert 

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Sandrine Piau, Niccolò Jommelli, Carlo Vistoli, Raffaele Giordani, Salvo Vitale, Schola Gregoriana, Renato Cadel, Coro e orchestra Ghislieri, Giulio Prandi

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