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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : l'alto concertant

Heroes

  • ''Heroes''
  • William Walton : Concerto pour alto et orchestre
  • Gwenaël Mario Grisi : On the Reel
  • Serge Prokofiev : Suite pour alto et orchestre tirée de Roméo et Juliette (orchestration réalisée par Jean-Pierre Haeck à partir de l'arrangement pour alto et piano de Vadim Borisovky)
  • Adrien La Marca, alto
  • Orchestre Royal Philharmonique de Liège, dir. Christian Arming
  • 1 CD La Dolce Volta : LDV 34 (Distribution : PIAS) 
  • Durée du CD : 79 min 34 s
  • Note technique : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orange (5/5) 

À la recherche d'un programme original dont l'alto serait le héros, et autour du concerto de William Walton, l'altiste Adrien La Marca s'est tourné vers Prokofiev et le compositeur belge Gwenaël Mario Grisi. Pour construire une sorte de trame cinématographique. Une association audacieuse, servie par des interprétations exemplaires.

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Contemporain de Britten, dont il ne partagera pas la célébrité, William Walton (1902-1983) écrit son Concerto pour alto et orchestre en 1928. Il sera créé par Paul Hindemith l'année suivante à Londres aux concerts Prom's. L’œuvre passe pour un des grands morceaux du répertoire de l'instrument. À la fois lyrique et héroïque, il est de veine post-romantique. Adrien La Marca y voit une écriture orchestrale quasi cinématographique. Elle est d'une constante inventivité et magistralement conçue pour l'alto. Deux mouvements plutôt retenus encadrent un plus vif. À l'Andante comodo débuté ppp, l'alto impose une ligne sinueuse avant que le discours s'anime. La partie soliste sera extrêmement diversifiée sur tout le registre. Le Vivo e molto preciso est très rythmé, l'alto surfant sur un orchestre brillant pour des échanges emplis de surprises et d'accélérations soudaines dans une allure irrésistible. Au finale Allegro moderato, l'alto et le contrebasson dialoguent dans un mode mélodieux et allant. Un long passage orchestral plus vif prélude à une conclusion sur le ton de la confidence dans le chant soliste. Une belle partition qui mérite d'être mieux connue, servie par une exécution pensée et hautement maîtrisée.

Le belge Gwenaël Mario Grisi (*1989), qui possède déjà à son actif une sérieuse production, compose On the Reel (sur la bobine) pour Adrien La Marca. Celui-ci en assurera la création à Liège en avril 2019. C'est un concerto en un seul mouvement très développé. Puisé dans la musique de film et faisant clairement allégeance à ce genre, il décline une histoire héroïque à programme. Celle d'« un héros qui se cherche et doit faire face à son destin », précise Grisi. Comme il en est chez Richard Strauss, de son Don Quixote, où l'alto tient d'ailleurs l'un des deux rôles solistes, celui de Sancho Pensa. Avec cette sorte de vie de héros, Ein Heldenleben du compositeur allemand n'est pas loin non plus. Le soliste entre dès les premières mesures sur un frémissement orchestral et se lance dans une mélodie expressive. La musique sera partagée entre lyrisme et héroïsme. Le héros semble courir tous les dangers au long d'affrontements, de surgissements de clusters, de véhémences avec force percussions et rythmique hachée dont l'alto se sort victorieux. Mais aussi se complaire de dialogues enamourés avec la petite harmonie, de passages presque langoureux. Une cadence, retravaillée pour l'enregistrement, se fait majestueuse. La coda confirme le ton grandiose des fins de musique de film.

Adrien La Marca a souhaité associer à ces musiques une suite de six morceaux du ballet Romeo et Juliette de Prokofiev : une version orchestrée avec alto principal réalisée par Jean-Pierre Haek à partir d'un arrangement de cette suite pour alto et piano due à Vadim Borisovky, altiste du fameux Quatuor Beethoven, et approuvée par le compositeur. Une vision qui concentre l'épopée des amants de Vérone conçue par Prokofiev autour d'un élément fédérateur, l'Amour passion, qu'incarne l'alto concertant de ses chaudes sonorités. Mais qui en modifie quelque peu l'éclairage. Si des numéros comme ''Introduction'', ''Juliette enfant'' ou ''Scène du balcon'' préservent les couleurs d'origine et la mélancolie inhérente à la musique, d'autres, telle la séquence ''Danse des Chevaliers'', prise ici dans un ton pondéreux, donnent l'impression de s'en écarter à force de souligner le trait. Reste que l'interprétation d'Adrien La Marca, secondé par le chef Christian Arming et un brillant Orchestre Royal Philharmonique de Liège, respire une indéniable authenticité.

La prise de son, à la Salle Philharmonique de Liège, offre une balance satisfaisante entre orchestre et soliste, même si celui-ci est favorisé et, de sa large palette, domine parfois l'image sonore.

Texte de Jean-Pierre Robert   

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