Skip to main content
PUBLICITÉ
  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : la musique de chambre de Beethoven pour flûte

Emmanuel Pahud Beethoven

  • Ludwig van Beethoven : Sérénade pour flûte, violon et alto op.25. Sonate pour piano et violon N°8, op.30 N°3 (arr. pour flûte et piano par Emmanuel Pahud). Allegro et Menuet pour deux flûtes. Trio concertant pour piano, flûte et basson
  • Emmanuel Pahud, flûte
  • Daniel Barenboim (piano), Daishin Kashimoto (violon), Amihai Grosz (alto), Silvia Careddu (flûte), Sophie Dervaux (basson)
  • 1 CD Warner : 0190295139742 (Distribution : Warner Classics)
  • Durée du CD : 77 min 34 s
  • Note technique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge (5/5)

Derniers feux de l'année Beethoven, ce disque rassemble les compositions chambristes que Beethoven a laissées à la flûte. La merveilleuse Sérénade op.25 pour flûte, violon et alto, bien sûr. Mais aussi des pièces l'associant à d'autres bois comme le basson. Une part peu connue de la production de l'auteur de Fidelio. Pour faire bonne mesure, Emmanuel Pahud, cheville ouvrière du projet, a transcrit pour son instrument une des sonates pour piano et violon. Rafraîchissant.

LA SUITE APRÈS LA PUB

Les trois pièces conçues pour la flûte datent de la première période créatrice de Beethoven. À tout seigneur, la Sérénade pour flûte, violon et alto op.25, écrite en 1797, est constituée de six mouvements et s'inscrit dans la continuité des sérénades mozartiennes. Mais là où Mozart détestait la flûte, Beethoven de par une inspiration jaillissante, montre un indéniable attrait pour l'instrument. Ainsi de l'Entrada Allegro joyeux et plein d'esprit : le thème lancé par la flûte est travaillé selon le schéma ABA. Vient un Tempo di Minuetto d'une grâce charmante, muni de deux trios, l'un mettant en exergue le violon, l'autre la flûte dans un ton énergique. Après un court Allegro molto vif et dansant, l'Andante con Variazioni ouvrage un thème doucement chantant en trois variations, où sont mis en avant successivement chacun des trois instruments avant qu'ils se rejoignent à la coda. Le bref Scherzando engagé s'orne d'un minuscule trio. Le finale marque son originalité puisque divisé en une section Adagio d'une douceur nostalgique débouchant attaca, après une phrase de transition à la flûte, sur un Allegro marqué ''Vivace e disinvolto''. C'est là le triomphe du bel esprit avec effets de surprise, comme chez Haydn. Ainsi de l'interprétation de Pahud, Kashimoto et Grosz, pimpante et joliment rythmée jusqu'à une conclusion prestissime d'une verve communicative. 

Si l'Allegro et Menuet en sol majeur WoO 26 pour deux flûtes (1792) est une musique de divertissement fort agréable, surtout telle qu'exécutée avec brio par Pahud et sa consœur Silvia Carredu, le Trio Concertant pour piano, flûte et basson en sol WoO 37 est d'un tout autre intérêt. Composé en 1786 et dédié au comte von Westerholt, bassoniste amateur et père d'une des élèves du maître, il ne sera publié qu'en 1888. C'est une œuvre d'envergure montrant la maîtrise du Beethoven de la première manière, dans une combinaison originale puisqu'associant le basson à la flûte et au piano (à l'origine le clavecin). L'Allegro conséquent est bâti sur deux thèmes, l'un énergique, l'autre fluide et enluminé notamment par le basson. Chacun des trois partenaires se voit avantagé au développement. L'Adagio est mélancolique, voire empreint de tristesse, le piano assurant le lien entre les deux vents, et chacun d'eux s'épanchant discrètement, même si le discours s'éclaircit pour mener à un point d'interrogation que va résoudre le finale. Tema andante con variazioni, celui-ci est introduit par un thème plus amène et chaque variation propulse dans la lumière un instrument : le piano (1 & 5), le basson (2 & 4), la flûte (3 & 6). Tandis que la 7ème, plus rythmée, est distribuée aux trois. On admire l'art souverain de Pahud, celui bien sûr de Barenboim, heureux de partager ces moments de musique presque inédite avec de plus jeunes talents. Comme Sophie Dervaux, basson au Wiener Philharmoniker, dont la sonorité est plus qu'enchantement.

Emmanuel Pahud a eu l'idée de joindre à ces pièces un arrangement de sa main de la huitième Sonate pour piano et violon, op.30 N°3 en sol majeur, qui en 1802 s'inscrit dans les débuts de la seconde période créatrice de Beethoven. L’œuvre s'ouvre par un Allegro assai pétillant, surtout dans le tempo décomplexé adopté ici. Suit un Tempo di Menuetto qui fait cohabiter deux indications a priori contradictoires, moderato et grazioso, la première dévolue au piano, la seconde à la flûte notamment dans le 2ème sujet lyrique qui lance la mélodie. L'Allegro vivace conclusif confié à un unique thème est spirituel, rappelant Haydn. Pahud et Barenboim s'en emparent dans une manière revigorante, fluide et charmeuse. Finalement, cette version de la sonate sonne avec un zest de fantaisie supplémentaire telle qu'adaptée pour la flûte.  

La prise de son, à la Pierre Boulez Saal de Berlin, offre une image d'une grande immédiateté, dans cette remarquable acoustique aérée. S'agissant des deux pièces en trio, le placement de chacune des voix, flûte au centre dans la Sérénade, piano pareillement situé dans le Trio Concertant, autorise un habile équilibre.

Texte de Jean-Pierre Robert

LA SUITE APRÈS LA PUB

CD et MP3 disponibles sur Amazon



Autres articles sur ON-mag ou le Web pouvant vous intéresser


Beethoven, Daishin Kashimoto, Emmanuel Pahud , Daniel Barenboim, Amihai Grosz, Silvia Careddu, Sophie Dervaux

PUBLICITÉ