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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : trésors de la musique polyphonique néerlandaise du Moyen Âge

Hollandse Fragmenten

  • ''Hollandse Fragmenten''
  • Musiques polyphoniques des Pays-Bas aux alentours de 1400 : Martinus Fabri, Hubertus de Salinis, Oswald von Wolkenstein et anonymes
  • Pièces d'orgue du Codex Faenza et de la Groningen Tablature
  • Jacques Meegens, orgue
  • Diskantores : Oscar Verhaar & Andrew Hallock (contre-ténors), Benjamin Jago Larham et Niels Berensten (ténors)
  • Niels Berentsen, dir. artistique
  • 1 CD Muso : MU-42 (Distribution : Outhere Distribution)
  • Durée du CD : 67 min 40 s
  • Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5) 

Écouter la musique polyphonique hollandaise du Moyen Âge, c'est se plonger dans un univers fascinant de pièces liturgiques ou séculières qui mélangent les langues, latin, moyen néerlandais, bas allemand ou vieux français. Montrant combien ce pays était un carrefour culturel essentiel dès cette époque. L'ensemble vocal Diskantores offre une sélection de musiques dénichées dans les bibliothèques des Pays-Bas et savamment restaurées, voire reconstruites.

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Il fallait une bonne dose d'audace pour réunir ces pièces datant du début du XVème siècle, dont beaucoup ont disparu ou n'ont été conservées qu'à titre de fragments de manuscrits. Leurs auteurs sont souvent anonymes. Le directeur artistique de l'ensemble Diskantores, Niels Berentsen, la musicologue Eliane Fankauser et l'organiste Jacques Meegens se sont attelés à un travail de recherche puis de reconstruction. Le résultant est étonnant. Au titre des pièces liturgiques, on entend un Salve Regina (an.) et deux Gloria : un anonyme dont les divers versets sont entrecoupés de morceaux joués à l'orgue. L'autre intitulé ''Gloria Jubilacio'', dû à Hubertus de Salinis (1378-1409), voit chaque verset de l'ordinaire être agrémenté d'un autre, également en latin, en forme de complément ornementé. Du même auteur, est donné le morceau ''Psallat Chorus/Eximie pater '', succession de deux Cantus.

Les pièces profanes sont plus originales encore. Elles chantent l'amour courtois. Comme le morceau ''Eer ende lof'' (Louanges et honneur) de Martinus Fabri (actif avant 1400), ou ''N'ay je cause'' (N'ai-je point de raison), composé sur une mélodie d'Oswald von Wolkenstein (1376-1445), troubadour célèbre à l'époque. Elles clament aussi les plaisirs de la nature, comme l'arrivée du printemps. Ainsi de la pièce ''Renouveler mi feist'' (Le retour du mois de mai) d'où émane quelque langueur. Le chant est lancé par une voix soliste de contre-ténor sur l'accompagnement des autres voix. Le récital se termine par une pièce enjouée ''Ho, ho, ho'' (an.), chanson à boire qui verse peu à peu dans le leste le plus cru. 

Des solos d'orgue ponctuent adroitement le programme, lui apportant une nécessaire respiration. On entend des pièces extraites du Codex Faenza dont un Kyrie, et deux autres empruntées à la Groningen Tablature. Ou encore une improvisation sur la mélodie de l'antienne ''O crux gloriosa'' qui aurait pu être chantée à Utrecht dans les années 1400.

L'ensemble vocal a capella Diskantores, fondé en 2015 par des anciens élèves du Conservatoire Royal de La Haye, se donne pour mission d'explorer de nouvelles voies dans l'interprétation des musiques des XIV et XVèmes. Il se distingue ici par un sens inné des techniques d'improvisation polyphonique et du chant à partir de la notation originale. Quatre voix d'hommes, deux contre-ténors, Oscar Verhaar et Andrew Hallock, et deux ténors, Benjamin Jago Larham et Niels Berensten le composent ici. On admire la pureté des timbres et la douceur d'émission comme l'aisance de la déclamation dans les diverses langues, dont le vieux français. L'originalité des distributions ajoute au plaisir de l'écoute, comme l'habileté du ton adopté, parfois doucement ironique. Tout aussi remarquable, la contribution de l'organiste français Jacques Meegens à l'orgue de l'église Orgelpark d'Amsterdam. L'instrument Van Straten est une reconstruction d'un orgue du XVème provenant d'Utrecht.

Les enregistrements, dans cette église amstelloise et une église de La Haye pour les pièces vocales, préservent une ambiance ''ouverte''. On remarque aussi une subtile mise en scène sonore qui différencie effets de lointain ou plus ou moins grande proximité dans la captation des voix.

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Texte de Jean-Pierre Robert 

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Jacques Meegens, Niels Berentsen, Oscar Verhaar, Andrew Hallock, Benjamin Jago Larham

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