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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Résonances catalanes

Resonances Ester Pineda Ariane Granjon

  • ''Résonances''
  • Federico Mompou : Canço i Dansa N°1 et N°6. Préludes pour piano nos 5, 6, 7, 10. Jeunes filles au jardin pour piano et violon. Elegia pour violon et piano
  • Narcis Bonet : 5 Nocturnes pour piano. Danses Ilunyanes pour violon et piano. Sonatine de Fontainebleau pour violon et piano (Ière version au disque)
  • Ester Pineda (piano), Ariane Granjon (violon)
  • 1 CD VDE-Gallo : GALLO CD-1639 (Distribution : Distrart Distribution) 
  • Durée du CD : 67 min 07 s
  • Note technique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge (5/5) 

Belle idée que de rapprocher Federico Mompou et Narcis Bonet, deux compositeurs catalans qui à quelques années d'intervalle, ont proclamé un profond attachement à l'indomptable province et ont en commun d'être adeptes de la petite forme. Le bouquet de pièces ici offert est défendu par une pianiste qui les ayant connus l'un et l'autre, livre des exécutions marquées au coin d'une indéniable authenticité, et une violoniste pareillement conquise.

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Elles le définissent avec enthousiasme : « cet album porte en lui l'histoire de plusieurs rencontres musicales et humaines. D'abord celle de deux compositeurs qui ont partagé une longue et fidèle amitié entre Barcelone et Paris et n'ont cessé de chanter leur attachement viscéral à leur Catalogne natale, la France ayant joué un rôle catalyseur dans l'évolution de leur langage musical. La rencontre marquante aussi que la pianiste Ester Pineda avait faite durant ses études avec Frédéric Mompou puis ses longues années d'amitié et d'échanges avec Narcis Bonet. Enfin plus récemment, la rencontre de deux interprètes qui ont su trouver entre elles une complicité et des affinités en résonance avec la sensibilité qui se dégage d'une musique qui distille des parfums à nul autre pareil, et dans laquelle une certaine pudeur se mêle à des éclats de mémoire populaire ».

Federico Mompou (1893-1987) a confié au piano parmi ses plus belles inspirations.  De ses 12 Préludes, écrits entre 1927 et 1960, Ester Pineda joue le nostalgique 5ème, le 6ème pour la seule main gauche, sorte d'improvisation, le N°7, dit ''Palmiers d'étoiles'', dédié à Alicia de Larrocha, un feu d'artifice faisant penser à Debussy, et le bref 10ème ménageant comme un dialogue entre aigu et grave du clavier dans un esprit chopinien. Des 6 Canço i Dansa, on entend le morceau N°6, dédié en 1942 à Arthur Rubinstein, au parfum de folklore stylisé, chanson triste puis danse aux accents chaloupés, et le N°1, dans une transcription pour violon et piano, berceuse inspirée d'une chanson catalane nostalgique et danse sur un rythme à trois temps. La pièce intitulée ''Altitud'' (1928), dans la lignée debussyste, offre une ligne sinueuse du violon doucement mélodique. Suivent un passage lyrique plus introspectif et un thème au rythme pointé. ''Jeunes filles au jardin'', dans une transcription pour violon et piano de Josef Szigeti, est la 5ème pièce des Scènes d'enfants (1915-1918) : une berceuse-valse. Enfin ''Elegia'' (1963) est la transcription pour violon et piano d'une mélodie poignante et expressive empruntée au cycle vocal Combat del somni (Le combat du rêve) écrit entre 1942 et 1948.

Narcis Bonet (1933-2019) partage avec son aîné une grande affinité stylistique, comme l'économie de moyens dans l'expression de courtes pièces vécues tels des instantanés et dont l'écriture reste tonale. Il compose ses Cinq Nocturnes pour piano entre 1949 et 1953, qui ne seront créés qu'en 1993 à Paris. On y remarque l'aisance mélodique d'origine populaire, la verve rythmique et une manière presque orchestrale (N°1) ou une rigueur en référence à JS Bach (N°5). Avec les Danses Ilunyanes (Danses lointaines) pour violon et piano (1952), Bonet chante l'âme catalane en de séduisantes harmonies et une attachante note personnelle, à travers l'évocation successivement de la montagne, de l'automne, de la petite flûte à bec nasillarde, ''flabiol'', qu'on joue dans la danse de la sardane, ou encore des paysages mauresques. La Sonatine de Fontainebleau pour violon et piano date de 1953 alors que le musicien suit l'enseignement de Nadia Boulanger au Conservatoire américain de Fontainebleau. Il en prendra la direction au décès de ''Mademoiselle'' en 1979. En trois mouvements, cette courte sonate fait référence dans son Allegro initial au Ier mouvement de la Sonate K.376 de Mozart, parée d'une cadence dite ''andalouse'', ce qui lui confère une couleur inattendue. L'Adagio, inspiré d'une des mélodies de Bonet, est une rêverie hispanisante d'une profonde expressivité. L'Allegro final est enjoué dans son rythme de gigue baroque colorée d'une saveur mélancolique de la patrie catalane lointaine.

Ester Pineda apporte son expertise de ces musiques qu'elle fréquente depuis ses années au Conservatoire Supérieur de Barcelone. N'a-t-elle pas joué devant Mompou et travaillé avec Bonet. Les déchirements et rythmiques endiablés de l'âme catalane, elle les possède au plus profond. Elle trouve en la violoniste Ariane Granjon une partenaire de choix. Elles sont enregistrées au Studio de Meudon dans une ambiance feutrée qui sied à l'intimisme de ces pièces, les deux instruments saisis de près et bien centrés.

Texte de Jean-Pierre Robert  

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