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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Édition Haydn 2032, vol. 9 - ''L'addio''

Haydn LAddio

  • Joseph Haydn : Symphonies N°15, Hob. I:15, N°35, Hob. I:35 & N°45, Hob. I:45 ''Les adieux''. Scena di Berenice, Hob. XXIVA :10
  • Sandrine Piau, soprano
  • Il Giardino Armonico, dir. Giovanni Antonini
  • 1 CD Alpha : Alpha 684 (Distribution : Outhere Music)
  • Durée du CD : 77 min 34 s
  • Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5) 

Le neuvième volume de la passionnante Édition Haydn - 2032 est centré sur le thème de l'adieu. Et ce à partir bien sûr de la symphonie N°45 portant ce sous-titre, mais aussi de la scène tragique ''Bérénice che fai ?''. En forme de propos antithétique, les deux autres symphonies réunies ici célèbrent plutôt les joies du retour. L'interprétation est comme on l'a appris de cette série, magistrale.

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Écrite en 1772, la Symphonie N°45 ''les adieux'' en fa dièse mineur possède bien des singularités. Et pas seulement celle tirée de l'anecdote à l'origine de son sous-titre, apocryphe au demeurant : l'effacement progressif des musiciens, au dernier mouvement, pour ne laisser que les deux violons et faire place au silence, manière pour Haydn de manifester quelque irritation envers son prince qui aurait maltraité les éléments mâles de son orchestre, privés de la présence de leurs épouses. L’œuvre tire son originalité de sa tonalité de fa dièse, emploi rare dans l'univers symphonique de Haydn, ce qui lui confère une couleur particulière. Mais aussi de sa grande liberté formelle, ce qui rétroagit sur sa construction. Si ledit finale Presto débouchant sur un Adagio reste théâtral du fait de ses diverses ruptures de tempo jusqu'aux ''adieux'' des divers groupes d'instruments, le début de l’œuvre n'est pas moins audacieux. Car son Allegro assai véhément est largement syncopé, dont le premier thème d'une réelle puissance se répète à plusieurs reprises. Un second, plus lyrique, rompt cette course. Giovanni Antonini façonne ces diverses facettes, accentuant les nuances piano en particulier. Comme encore à l'Adagio où les cordes en sourdine musardent avec tendresse et une douce mélancolie, la dynamique restreinte comme la lenteur accentuée renforçant l'expressivité. Le contraste n'en est que plus intense au Menuet Allegretto tout de clarté et son trio avec ses cors presque joyeux.

Le propos de la Scena di Berenice ''Berenice che fai ?'', composée à Londres en 1795, est également l'adieu. Inspiré de l'Antigone de Métastase, ce grand air avec orchestre voit l’héroïne se désespérer de la perte de Demetrio son amant, fils d'Antigone, et se laisser aller à la rage et au délire de vouloir mourir avec lui. L’œuvre est constituée de l’enchaînement récitatif-arioso-récitatif-aria. Cette scène de vastes proportions montre l'inventivité d'écriture de Haydn pour la voix. Les récitatifs dégagent un réel dramatisme qui trouve son apogée dans les deux airs. Le premier, lent en forme de cavatine, ''Non partir, bell'idol moi'' (Ne pars pas, mon beau trésor) où la voix est soutenue par le cor. Le second très vif ''Perché, se tanti siete'' (Pourquoi si vous êtes tant) qui voit le chant à pleine puissance accompagné  par les cordes généreuses et la clarinette solo, jusqu'à une fin grandiose. Sandrine Piau montre ses talents de tragédienne, magnifiquement entourée par les musiciens d’Il Giardino Armonico sous la battue là encore éminemment nuancée d'Antonini.

Les deux autres titres choisis ont à voir avec le thème du voyage et en particulier du retour, ceux du Prince Nicolas I Esterházy. Ainsi la Symphonie N°35 en si bémol, de décembre 1767, a-t-elle été écrite pour le retour de celui-ci de Paris. Dans un goût presque théâtral, comme en témoignent ses vigoureux premier et dernier mouvements, dont pour celui-ci un motif de trois accords successifs incisifs répétés plusieurs fois. L'Andante est réservé aux seules cordes dans le registre pianissimo et le bref Menuet est rythmé par les cors. La Symphonie N°15 en ré majeur, que l'auteur de la plaquette du disque considère comme « une sœur joyeuse de la symphonie les adieux », par une jolie anticipation, fait partie d'un groupe de ''Six symphonies ou quatuors dialogués'' paru à Paris la même année 1767, où s'était rendu le prince hongrois. Ses caractéristiques tiennent à ses quatre mouvements : une sorte d'ouverture développée sur le schéma lent-vif-lent, suivie d'un menuet en forme de duo amoureux pour quintette à cordes dont se détachent l'alto solo et le violoncelle, d'un andante qui poursuit dans la même idée d'un colloque intime, avant un finale foisonnant et fiévreux.

La prise de son au Kulturzentrum de Toblach, Italie, offre une parfaite définition des divers plans et une impressionnante clarté aussi bien dans les pianissimos les plus ténus que pour le registre forte. La voix est également saisie avec immédiateté.

Texte de Jean-Pierre Robert

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