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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : les chants de l'amour

And Love Said

  • ''And love said...''
  • Frank Bridge : Two songs
  • Irene Poldowski : Two songs
  • Ralph Vaughan Williams : ''Let Beauty awake'', ext. de Songs of travel
  • Roger Quilter : Love's Philosophy
  • Ivor Gurney : Five Elisabethan Songs
  • Benjamin Britten : On This Island, op.11
  • Darius Milhaud : Two Love songs, op.30
  • Patrick Leterme : Two poems by Oscar Wilde
  • William Walton : Three songs from Façade
  • Germaine Tailleferre : Tu mi Chamas
  • Freddie Mercury : You take my breath away
  • Jodie Devos (soprano), Nicolas Krüger (piano)
  • 1 CD Alpha : Alpha 668 (Distribution : Outhere Music France)
  • Durée du CD : 68 min 58 s
  • Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile grise (4/5) 

Pour son second récital, Jodie Devos aborde le répertoire de la mélodie en langue anglaise. Un domaine qui l'a vue naître à la musique classique, après quelques incursions elsewhere. Dans un programme déclinant l'amour bien sûr, que compositeurs britanniques ou français maniant la langue de Shakespeare ont magistralement investi. Un nouveau parcours original en compagnie d'une jeune artiste attachante.

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« Reflet d'un voyage personnel », indique la soprano belge, ce programme est conçu comme un écho à sa formation à la Royal Academy of Music de Londres où elle s'est initiée, entre autres, à la mélodie anglaise. Le point de départ est Britten et ses 5 songs On This Island op.11. Composé en 1937 sur de poèmes de W H. Auden, ce cycle marque les premiers fruits d'une longue collaboration artistique entre le poète d'avant-garde et le musicien engagé. L’œuvre s’accommode de l'austérité des textes et en fait ressortir toute l'intensité par une écriture vocale serrée et une partie pianistique très élaborée. Comme il apparaît dès la première mélodie, ''Let the florid music praise'' (Laissez fleurir la louange à la musique) qui sous couvert d'hymne à la langue d'Orphée, trace un échec amoureux homosexuel, comme il en sera bien plus tard dans l'opéra Mort à Venise. La veine mélancolique de la 2ème mélodie puis celle plus descriptive de ''Seascape'' (Marine) conduisent à la 4ème pièce, ''Nocturne'', cœur émotionnel du cycle. Dans une atmosphère sombre mais aussi méditative, amenant la voix jusque dans le grave. La rythmique assurée de ces pièces surfe jusque sur les accents jazzy à la brève dernière. Créé par une soprano, le cycle a souvent été confié à ce type de voix, comme Barbara Bonney, mais aussi à un ténor, tel Peter Pears. Jodie Devos et le pianiste Nicolas Krüger en livrent une exécution emplie de poésie et en dénouent avec aisance la complexité.

Ils entourent cette œuvre de quelques autres de compositeurs britanniques qui, eux aussi, se sont livrés au genre délicat du song. Ainsi de Frank Bridge, le maître de Britten, de Waughan Williams ou de William Walton (1902-1983). Les Three songs from Façade de ce dernier déploient un lyrisme séduisant (''Daphné''), une légère ironie à travers des rythmes espagnolisants (''Through gilded trellises''/A travers les treillages dorés) et une veine parodique, proche du ragtime (''Old Sir Faulk''). Le poète et musicien Ivor Gurney (1890-1937) écrit ses Five Elisabethan Songs en 1913/1914. Un des exemples parmi un immense corpus de mélodies. Le cycle alterne pièces d'une grande douceur dont '' Orpheus'' et ''Sleep'', et morceaux plus légers voire badins (''Spring'', évoquant le chant joyeux du coucou).

Le récital comprend encore des mélodies anglaises de compositeurs français. Ainsi de Darius Milhaud et ses Two Love songs op.30 sur des textes de Rabindranath Tagore (1915) où se distinguent la fluidité de la partie pianistique et caractère évanescent de la ligne vocale. De même, Germaine Tailleferre, autre membre du fameux Groupe des Six, ici représentée par la mélodie ''Tu mi chamas'' (en portugais : ''Tu m'appelles''), sur un texte de Lord Byron, donnée dans la langue d'origine : là encore des mots chers d'amour.

Jodie Devos a souhaité associer à ce récital des mélodies de musiciens de son pays natal, la Belgique. Ainsi de la peu connue et originale Irene Poldowski, née en 1880 à Bruxelles, fille du violoniste et compositeur polonais Wieniawski et auteure de nombreuses mélodies où l'on perçoit l'influence des maîtres français du genre comme Fauré et Debussy. Mais aussi du contemporain Patrick Leterme (*1981) dont elle créé les Two Poems by Oscar Wilde. On y remarque une écriture pianistique foisonnante et une partie vocale très exigeante exploitant le registre aigu du soprano ; ce qui tranche avec l'intimisme du reste du programme. Mais où l'on retrouve la manière sans fard de la chanteuse, illustrée dans son précédent CD ''Offenbach colorature''. Elle termine par un clin d’œil original, bien dans l'esprit d'une artiste qui refuse de s'enfermer dans un style ou une catégorie, avec une pièce de Freddie Mercury, ''You take my breath away'' (Tu me coupes le souffle), où elle est chez elle tout autant que dans une héroïne d'opéra ou un song de Britten. Le partnership avec Nicolas Krüger fonctionne à la perfection, car celui-ci dispense un pianisme fluide et habité.

Captés au Musiekcentrum d'Hilversum, ils bénéficient d'une prise de son ménageant un équilibre satisfaisant voix-piano. Encore que celui-ci soit très résonnant et que la voix soit saisie dans une ambiance très aérée, quelque peu à distance, ce qui ne contribue pas toujours à une bonne compréhension du texte.

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Texte de Jean-Pierre Robert

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Jodie Devos, Darius Milhaud, William Walton, Nicolas Krüger, Frank Bridge, Irene Poldowski, Ralph Vaughan Williams, Roger Quilter, Ivor Gurney, Benjamin Britten, Patrick Leterme, Germaine Tailleferre, Freddie Mercury

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