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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : deux chefs-d’œuvre du jeune Mozart

Mozart a 20 ans

  • ''Mozart à 20 ans''
  • Wolfgang Amadé Mozart : Concerto pour violon et orchestre N°5 K 219 en La majeur. Concerto pour piano et orchestre N°9 K 271 en Mi bémol majeur
  • Alice Piérot (violon), Aline Zylberajch (piano)
  • L'Orchestre du jour, dir. Alice Piérot
  • 1 CD San an ero 16 (Distribution : UVM Distribution) - CD disponible chez l'éditeur
  • Durée du CD : 59 min 09 s
  • Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5) 

C'est une idée originale de rapprocher ces concertos de violon et de piano écrits par Mozart, l'un à l'orée de ses vingt ans, l'autre tout juste après. Deux partitions emblématiques dans leur genre, rarement associées au disque, qui n'ont finalement que peu de choses en commun si ce n'est la fraîcheur d'inspiration du jeune Mozart. Aussi la démarche vaut-elle surtout pour la qualité des interprétations où transparaît le plaisir évident ressenti à les jouer.

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Le Concerto pour violon N°5 en La majeur K 219, écrit en décembre 1775, montre un dialogue soliste-orchestre plus serré que dans les quatre précédents, pourtant écrits sur une même et courte période. La primauté du chant y est tintée de pathétisme. Les présents interprètes optent pour une manière vive dans l'accompagnement d'orchestre qui l'est tout autant pour ce qui est de la partie soliste. Ainsi de l'Allegro aperto où l'on remarque une jolie improvisation du violon lors de son entrée. La cadence, due à la violoniste, est perspicace dans sa thématique et son harmonie tout comme sont ingénieux les divers ornements au fil du mouvement. L'Adagio, pris soutenu quasi andante, déploie un chant intime un brin mélancolique qui verse peu à peu vers le tragique. Le Tempo di minetto final, assurément la section la plus originale de cette œuvre, s'épanouit là aussi avec un beau naturel. L'intermède ''turc'', qui fait figure de trio, n'a jamais si bien justifié l'emprunt au rythme d'une czardas hongroise, du fait d'une scansion marquée avec une intéressante accélération qui en renouvelle le caractère inattendu, mais bien dans l'esprit de l'époque. Comment ne pas penser à la musique des janissaires de L'Enlèvement au sérail. Une mini cadence en pizzicatos précède la péroraison et une fin comme suspendue. Couronnant une exécution sans afféterie, associant allant et raffinement, sincère.

Écrit tout juste le mois de ses 21 ans, en janvier 1777, le Concerto pour piano N°9 K 219 en mi bémol majeur de Mozart est bien connu pour être le premier chef-d’œuvre de la longue série des 26 qu'il laissera pour l'instrument. Il est dédié à une certaine demoiselle Victoire Jeunehomme ou Jenamy, pianiste française de renom, alors de passage à Salzburg. Curieuse coïncidence, car c'est au moment où les Mozart père et fils envisagent sérieusement l'opportunité d'un nouveau voyage en France, à Paris en particulier. Le musicien rompt ici avec bien de ses œuvres antérieures, dont les concertos de violon, et affirme un style nouveau. « Un chant du départ », selon les Massin. À l'Allegro, le piano se lance d'emblée dans un thème impétueux, sans introduction préalable d’orchestre. Le dialogue entre celui-ci et le soliste sera très nourri. L'Andantino en Ut mineur s'ouvre par un prélude ressemblant à « un récitatif accompagné » (ibid.). Durant toute cette section, le piano tresse une ligne pathétique d'une poignante expressivité. Le jeu bien détaché de la pianiste Aline Zylberajch sur l'instrument choisi, un Pleyel de 1830, proche du pianoforte, accentue cette impression, comme l'accompagnement confié à une petite formation avec des vents réduits à cinq. La cadence est toute de simplicité. Avec le Rondeau Presto final, dont l'alacrité peut faire penser au Concerto de violon K 219, la vitalité reprend ses droits dès l'entrée du piano et la suprématie qui sera la sienne tout au long du mouvement. Le tempo est ici preste mais sans précipitation ; un jeu libéré là encore bénéficiant de la sonorité de l'instrument d'époque. Le menuet qui survient au médian, tempère l'ardeur du morceau, son chant rappelant la densité de l'Andantino précédent.

Finalement le fait de croiser le dernier concerto de violon et celui qui est considéré comme le premier des concertos de piano de la maturité, aura mis en lumière, outre la fraîcheur d'inspiration de Mozart à l'époque de ses vingt ans, cette double face de Janus du musicien, associant les rires aux larmes. L'enthousiasme des interprètes, la limpidité de leur approche tant au niveau des deux solistes que pour ce qui est de l'effectif volontairement restreint qui les entoure, signent une proposition discographique très accomplie.

Les enregistrements, à la Courroie, dans le Vaucluse, offrent un juste équilibre entre soliste et tutti d'orchestre. L'acoustique est plus résonnante dans le concerto de clavier, sans doute exigée par la captation du Pleyel et ses harmonies spécifiques, mais aussi pour tenir compte d'une orchestration plus fournie que dans le concerto de violon.

Texte de Jean-Pierre Robert

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