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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : la légende napoléonienne en chansons

Les Lunaisiens Sainte Helene

  • ''Sainte-Hélène. La légende napoléonienne''
  • Chansons d'Émile Debraux, Hortense de Beauharnais, Chansonnier Poirier, Chansonnier du Royaliste, Loïsa Puget, Pierre-Jean de Béranger, Delmasse, Chansonnier Démétry, Chansonnier impérial, et d'anonymes
  • Pièces instrumentales de Joseph-David Buhl, Giovanni Paisiello, Luigi Cherubini
  • Les Lunaisiens
  • Sabine Devieilhe, soprano
  • Dadid Ghilardi (ténor), Igor Bouin (baryton), Geoffroy Buffière (basse)
  • Daniel Isoir, piano
  • Patrick Wibart (serpent), Laurent Madeuf (orgue de barbarie)
  • Les Cuivres Romantiques
  • Marie-Ange Petit, percussions
  • Arnaud Marzorati, baryton & directeur artistique
  • 1 CD Muso : MU-44 (Distribution : Outhere Music)
  • Durée du CD : 62 min 28 s
  • Note technique : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orange (5/5) 

En cette année de commémoration, voici un disque original et plaisant : Arnaud Marzorati et son ensemble Les Lunaisiens, avec Sabine Devieilhe en guest star, interprètent des chansons de l’époque napoléonienne. Avec ce nouvel opus, et comme toujours, nous sommes comblés d'une palette colorée, où le surprenant le dispute à l’historiquement informé.

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L'Histoire se nourrit aussi de la plus petite. L’extraordinaire épopée de Bonaparte devenu empereur des français ne pouvait pas ne pas enflammer l'univers de la chanson. Des milliers de couplets seront écrits du vivant de Napoléon comme longtemps après sa disparition en 1821, pour chanter ses victoires et conspuer ses défaites. Mais toujours pour chanter un homme qui ne pouvait laisser indifférent. Le présent album met ainsi en lumière des pans insoupçonnés et souvent méconnus de la musique populaire de cette époque. Que ce soit dans l'atmosphère feutrée des salons ou avec les accents simples de la rue, l’idolâtrie côtoie l'acerbe critique. L'on encense le personnage version image d’Épinal ou on l'égratigne façon cabaret subversif.

Le programme concocté par Arnaud Marzorati mêle habilement ces diverses facettes. Et d'abord la chanson populaire bien sûr, de cabaret ou de rue. L'illustre chansonnier Pierre-Jean de Béranger (1780-1857) le fit comme personne. Ainsi de la chanson ''Le roi d'Yvetot'' (1813) et son refrain « Oh ! oh ! Oh! ah ! ah ! Ah, ah ! Quel bon petit roi c'était là ». Mais aussi de ces ''Souvenirs du peuple'' (1828) qui encore le révèrent, alors qu'une grand-mère égrène les épisodes de l'auguste saga. Avec ''Sainte Hélène'' (publiée posthume), force cuivres et roulements de tambours, c'est la harangue au peuple français : « Chantez son nom, chantez, il n'est pas mort ». D'un autre, Émile Debraux, ''Te souviens-tu'' (1817), narre ce fait d'armes du vétéran qui « détourna un sabre de mon sein ». Peut-être au Pont d'Arcole. La propagande à l'époque se faisait en musique, de la plume de combien d'anonymes encore. Comme la ''Complainte de la Machine Infernale'', celle de l'attentat manqué de la rue Saint-Nicaise, laquelle se termine par deux ''discours'' à fort potentiel de sarcasme avec chœur et orphéon de cuivres. Le couronnement n'échappe pas à la dérision. Comme il en est de la chanson ''Le sacre de Napoléon'', sur un accompagnement d'accordéon ! On trouve aussi des récits plus piquants. Tels ''Les pommes de terre'', sur l'air de l'Angélus, qui tresse cette sentence pour le caporal devenu empereur : « Au bal, au feu, dans un gala, Chez le prince et la cantinière, Partageant avec les soldats Et mangeant leurs pommes de terre ».

La légende napoléonienne se décline aussi dans le registre de la romance de salon. Comme il en est des ''Adieux d'une Mère à son fils'', sur un texte de Hortense de Beauharnais (1809 /1813) qui participe du raffinement et du goût français le plus pur. Il en est de même de la romance ''Les Pupilles de la Garde'', de Loïsa Puget (1843), sur un rythme dansant et son refrain : « Les pupilles de la garde Sont favorisés toujours Du Dieu Mars et du Dieu des amours ». Sabine Devieilhe, dans un répertoire improbable, montre esprit et bien sûr autorité vocale.

De cette dernière, les chanteurs de la troupe des Lunaisiens ne manquent pas, qui visiblement se délectent de ces morceaux souvent mordants. Ces chansons nécessitent autant de soin que toute autre pièce lyrique, affirme Arnaud Marzorati, lui qui les scrute, tour à tour incisives, voire gaillardes, avec une faconde gourmande mais contrôlée question accents. Ainsi encore de la pochade ''Le Conscrit'', accompagnée du cor, ''Je suis t'un pauvre conscrit de l'an mille huit cent dix'', ou encore de ''La campagne de Russie'', sur l'air ''Il était un p'tit homme'', pour son refrain coquin « Gai, gai mes amis, chantons le renom Du Grand Napoléon, C'est le héros des petites maisons ». L'originalité est aussi dans le recours aux instruments historiques, joués par l'ensemble Les Cuivres Romantiques, trompette, cor, ophicléide et trombone-buccin d'époque. L'instrumentarium fait aussi intervenir orgue de barbarie et serpent. Ce qui confère tout leur sel aux pièces purement instrumentales entrelardant les chansons, signées Bruhl pour les fanfares, Paisiello ou Cherubini. À noter encore la participation du pianiste Daniel Isoir jouant un Érard de 1802.

L'enregistrement à l'Amphithéâtre de la Philharmonie de Paris leur offre une acoustique généreuse, parfaitement en situation.

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Texte de Jean-Pierre Robert

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Sabine Devieilhe, Les Lunaisiens, Arnaud Marzorati , Daniel Isoir, Dadid Ghilardi, Igor Bouin, Geoffroy Buffière, Patrick Wibart, Laurent Madeuf, Les Cuivres Romantiques, Marie-Ange Petit

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