CD : le Ballet royal de la naissance de Vénus de Lully
- Jean-Baptiste Lully : Ballet royal de la naissance de Vénus. Ballet à 12 entrées. Livret d'Isaac Benserade
- Extraits du Ballet royal des amours déguisés, de Psyché, de Le Carnaval
- Chaconne d'Arlequin extr. du Bourgeois gentilhomme
- Déborah Cachet, Bénédicte Tauran (dessus), Ambroisine Bré (bas-dessus), Cyril Auvity (haute-contre), Guillaume Andrieux, Philippe Estèphe (basse-taille)
- Chœurs de chambre de Namur, Thibaut Lenaerts, chef de chœur
- Les Talens Lyriques, dir. Christophe Rousset
- 1 CD Aparté : AP255 (Distribution : [PIAS])
- Durée du CD : 73 min
- Note technique : (5/5)
Inlassable défenseur de la musique de Lully, Christophe Rousset exhume en première au disque le Ballet royal de la naissance de Vénus, un bel exemple de ballet de cour tel qu'il fleurissait au XVIIème siècle. Une restitution en tous points réussie.
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Créé au Palais-Royal de Paris le 26 janvier 1665, Le ballet royal de la naissance de Vénus appartient à ce genre musico-dramatique du ballet à entrées porté à son apogée par Lully et en usage à la cour de Louis XIV, qui voyait le monarque lui-même se prêter au spectacle dansé. Tout comme Le ballet royal de la nuit (1653) recréé par Sébastien Daucé, quoique dans de moindres proportions temporelles, cette œuvre suppose de vastes moyens, notamment en termes de changements de décors à vue et de machineries, et requiert la présence de nombreux danseurs et chanteurs pour en restituer l'aspect de divertissement. Elle développe une thématique particulière, en l’occurrence un hommage à Madame, belle-sœur du roi, Henriette d'Angleterre, personnifiée en déesse de l'amour et de la beauté. Ses deux parties, constituées chacune de six entrées, convoquent quantité de personnages réels ou allégoriques. On savoure l'inventivité du musicien qui mène le genre à un rare degré d'aboutissement au fil de numéros souvent très brefs, d'un intérêt toujours renouvelé pour créer des ambiances extrêmement variées. La trame voit d'abord la naissance de la déesse au milieu des eaux dans une scène grandiose où elle est saluée par des divinités et un chœur de Tritons, puis la célébration de sa puissance au fil de rencontres aussi multiples qu'improbables, d'Apollon et de Bacchus comme d'Ariane et de Thésée, de poètes renommés comme Théocrite, Ovide ou Pétrarque, et d'autres héros tels Hercule, Alexandre, et héroïnes comme Médée et Roxane, jusqu'à Orphée qui verra Eurydice lui être ravie dans les ombres de l'enfer lors de la dernière entrée. Si le ballet dansé y occupe une place essentielle, le chant conserve un statut important. Il inaugure chaque partie et est présent dans la seconde lors de la plainte d'Ariane puis du récit d'Orphée ''Dieu des enfers écoutez mes peines''.
Le programme comporte aussi des extraits de trois autres ballets de cour : l'air d'Armida tiré du Ballet royal des amours déguisés (1664), la plainte italienne de Psyché, extraite du ballet éponyme sur les Métamorphoses d'Ovide, de 1671, et enfin l'air de Barbacola emprunté au Ballet Le Carnaval (1675), un exemple d'air comique, proche de la comedia dell'Arte. Il se conclut sur la chaconne d'Arlequin du Bourgeois gentilhomme, bref moment de fièvre.
Comme toujours, la maîtrise de la métrique lullyste n'a pas de secret pour Christophe Rousset comme les caractéristiques des diverses danses : vivacité des bourrées, grâce des menuets, sans s’appesantir, langueur sensuelle des sarabandes comme celle pour ''Les Faunes, Indiens et Indiennes'' avec flûte obligée, hypnotisme de telle ritournelle, telle celle servant de transition entre les deux parties. La constante inventivité de cette musique, Rousset la met en valeur comme peu. Ainsi de la fluidité de la 5ème Entrée (''Le Printemps, les Ris et les Jeux'') de la 1ère partie, le côté déclamatoire de la Sixième entrée ''Flore et Palès'', mais aussi la vigueur de l'Entrée d'Apollon, dans la seconde partie. Partout, la plasticité des timbres des Talens Lyriques, des bois en particulier, enlumine le discours musical. Tout aussi admirable est le consort vocal réuni, avec les voix lumineuses de soprano de Déborah Cachet et de Bénédicte Tauran et de mezzo d'Ambroisine Bré, le solide contre-ténor Cyril Auvity et les basses claires de Guillaume Andrieux et de Philippe Estèphe.
L'enregistrement dans la salle de concert de la Cité de la musique de la Philharmonie de Paris procure une image large mais bien proportionnée et offre un indéniable relief.
Texte de Jean-Pierre Robert
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