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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : le monde symphonique de Louise Farrenc

Louise Farrenc symohonies

  • Louise Farrenc : Symphonie N°1 en Do mineur, op.32. Symphonie N°3 en Sol mineur, op.36
  • Insula orchestra, dir. Laurence Equilbey
  • 1 CD Erato : 0190296698521 (Distribution : Warner Classics)
  • Durée du CD : 64 min 51 s
  • Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5)

Louise Farrenc apparaît bien comme le modèle de femme compositrice au médian du XIXème siècle français. Laurence Equilbey se plaît à faire revivre son répertoire symphonique avec ce premier disque consacré à deux de ses symphonies. « Une musique d'une inspiration et d'une qualité sans égale dans le Paris du milieu du XIXème siècle », souligne-t-elle. Ces interprétations sur instruments d'époque en captent toute l'originalité.

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Louise Farrenc (1804-1875) fut tout à la fois pianiste, pédagogue, compositrice et même musicologue. Elle eut cet honneur de devenir professeur de piano du Conservatoire de musique de Paris où elle milita pour la reconnaissance des droits des femmes au point d'obtenir l'égalité salariale avec ses collègues masculins. En avance sur son temps ! Au sein d'une production substantielle consacrée, entre autres, au piano et à la musique de chambre, ses trois symphonies occupent une place particulière. Ce à une époque où Beethoven régnait en maître absolu dans les concerts, au point que toute nouvelle composition devait se mesurer à l'aune du maître allemand. Formée auprès d'Antoine Reicha, Louise Farrenc se signale par l'originalité de l'inspiration, se traduisant singulièrement par un remarquable souci de l'écriture pour les vents, souvent placés en position de solistes. Ses symphonies sont bâties sur un schéma en quatre mouvements plaçant la partie lente en seconde position.

Achevée en 1841, la Symphonie N°1 op.32 en Do mineur ne sera créée qu'en 1845 à Bruxelles, avant de l'être finalement à Paris lors d'un concert de bienfaisance. Elle voit le jour pourtant dans une époque d'intense activité musicale, notamment dans le domaine de l'édition et du développement de la facture instrumentale, de piano en particulier. Au moment où Chopin s'installe à Paris, la capitale est un foyer actif, notamment dans le secteur du théâtre lyrique, alors que l'Orchestre de la Société des concerts du Conservatoire est l'une des institutions orchestrales les plus célèbres. L’œuvre s'inscrit dans la tradition du classicisme viennois et fait montre d'une recherche d'originalité tout à fait personnelle. Ainsi du premier mouvement qui, passée une introduction andante d'un sombre lyrisme, bascule dans un Allegro bien rythmé. Une belle invention mélodique s'adosse à une conduite sûre frôlant l'héroïque. L'Adagio cantabile s'ouvre par les cordes avant que s'installe le thème énoncé par les bois, singulièrement le hautbois, dans une manière calme et chantante quasi schubertienne, sans se hâter, jusqu'à une paisible péroraison. Le Minuetto contraste par sa tonicité et un remarquable travail sur les bois, tandis que le trio déploie une douce atmosphère nocturne dans laquelle hautbois, cor et flûte tressent d'agréables volutes. Quant au finale, également énergique, sa saveur ressort d'une dramaturgie alternant mélodisme et ce qu'il faut d'éclat pour en renouveler l'intérêt. Là aussi, la manière est plutôt du côté de Schubert que de Beethoven.

Plus riche encore, la Symphonie N°3 op.36 en Sol mineur, de 1847, connut une création enviable puisque jouée en 1849 par l'Orchestre du conservatoire dans le cadre de ses concerts d'abonnement. Après une courte introduction confiée au hautbois solo, l'Allegro se déploie très vif dans son écriture serrée et sa rythmique complexe. S'en détachent des passages concertants des seuls vents. La maîtrise de la progression du discours est remarquable et la coda presque impétueuse dans sa brièveté. L'Adagio cantabile, introduit par le cor et la cantilène de la clarinette, offre un paysage radieux que relaient les cordes. Une harmonie qui de nouveau fait penser à Schubert. Le développement comporte une touche de dramatisme qui maintient le discours en haleine. Au Scherzo vivace l'ambiance devient tourbillonnante. Mendelssohn n'est pas loin, mais avec un chic très gallique, comme en apesanteur, et une étonnante maîtrise de la dynamique. Le trio, confié aux bois sur de légers pizzicatos des cordes, est une merveille de raffinement. Le finale se caractérise par son énergique articulation et un certain dramatisme. La juxtaposition de la partie des bois et de celle des cordes confère au mouvement un sel particulier. 

L'affection de Laurence Equilbey pour la musique de sa lointaine consœur est patente à travers ces lectures ardentes combinant densité et transparence dans des exécutions techniquement d'un grand poli. Car les sonorités des instruments d'époque d'Insula orchestra lui apportent toutes ses couleurs, alliées à une vraie souplesse dans le jeu, des vents notamment. Il faut saluer cette initiative permettant d'écouter des partitions injustement négligées.

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La prise de son à l'Auditorium Patrick Devedjian de la Seine Musicale est naturellement aérée. Faisant ressortir la clarté des textures même les plus denses et mettant justement en valeur les pupitres des vents.

Texte de Jean-Pierre Robert

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