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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : les sonates pour vents de Paul Hindemith

Hindemith WindSonatas

  • Paul Hindemith : Sonate pour flûte et piano. Sonate pour hautbois et piano. Sonate pour clarinette et piano. Sonate pour basson et piano. Sonate pour cor, alto et piano
  • Les Vents français : Emmanuel Pahud (flûte), François Leleux (hautbois), Paul Meyer (clarinette), Radovan Vlatković (basson), Gilbert Audin (cor), Éric Le Sage (piano)
  • 1 CD Warner Classics : 0190295044411 (Distribution : Warner Classics)
  • Durée du CD : 61 min 39 s
  • Note technique : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orange (5/5)

Paul Hindemith s'est inscrit dans le mouvement d'émancipation qu'ont connu les instruments à vents au début du XXème siècle. Il compose ses cinq sonates pour flûte, hautbois, clarinette, basson et cor à la fin des années 1930. Les Vents français se devaient d'inscrire à leur répertoire discographique ces pièces aussi originales que séduisantes. Ils le font avec leur brio et leur goût habituels.

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Paul Hindemith (1895-1963) n'est pas toujours reconnu à sa juste valeur de ce côté-ci du Rhin. Son style personnel peut dérouter, mis en parallèle avec les grands courants modernistes qui ont traversé son époque en matière musicale. Alors que lui-même a connu divers épisodes dans son propre style, expressionniste, avant-gardiste, néoclassique. C'est à ce dernier qu'appartiennent ses sonates pour instruments à vents. Elles ont été composées entre 1936 et 1943, dont trois en 1938, contemporaines donc de l'opéra Mathis le peintre. Elles sont magistralement écrites pour des instruments dont Hindemith connaît parfaitement tous les ressorts et sait exploiter les nombreuses potentialités, souvent de manière audacieuse. Ne joue-t-il pas lui-même certains d'entre eux, comme le cor et le basson, aussi bien que l'alto dont il est un remarquable instrumentiste. Quant à la partie de piano, elle n'est pas moins ouvragée.

La première de la série, la Sonate pour flûte, date de 1936. On y remarque d'emblée la savante alchimie qui distingue toutes ces pièces. Au fil de ses trois mouvements alignant successivement un climat serein au fil d'un flux mélodique extrêmement changeant, une douce cantilène qui croît en intensité au médian, enfin un finale très vif où le style brillant se fait presque facétieux, course-poursuite entre les deux partenaires jusqu'à une coda en forme de marche humoristique, singulièrement dans le traitement de la partie de flûte. La Sonate pour hautbois de 1938 est en deux parties, la seconde enchaînant elle-même deux séquences lent et vif. Ainsi l’œuvre s'ouvre-t-elle par un mouvement allègre et léger, d'une belle invention mélodique, dans un rythme comme gambadant, mais avec une fin en douceur. La deuxième partie, de forme ABAB, enchaîne une section très lent marquée par la mélodie sinueuse du hautbois, qui s'amplifie peu à peu, une section vif sur un mode syncopé, le retour de l'indication lent, quoique travaillé de manière différente, pour finalement rebasculer sur une coda rapide. La Sonate pour clarinette, de la même année 1938, retrouve le schéma en quatre mouvements. Elle débute par un premier, Modéré, qui va vite s'animer, très arpégé à la clarinette, jusqu'à une conclusion apaisée dans un souffle. Viennent un scherzo pétillant et espiègle de la part de chacune des deux voix, puis un très lent, de forme ternaire, expressif, surtout dans sa section médiane marquée ''très calme'', de climat mystérieux. L’œuvre se termine par un ''Petit Rondo'', musique humoristique empreinte d'insouciance.

La plus concise et la plus romantique des cinq, la Sonate pour basson oppose un premier mouvement cheminant dans une ambiance de berceuse, dégageant une certaine nostalgie. Et une seconde partie enchaînant elle-même trois épisodes contrastés : le premier, lent, d'un mélodisme apaisé, puis une marche foisonnante dont un passage brillant confié au piano, enfin une section ''Pastoral'' qui retrouve le climat du début de la pièce, quoiqu’en plus sombre. La Sonate pour cor alto et piano, plus tardive puisque de 1943, fait appel à un instrument original, le cor ténor, de la famille du Saxhorn. Sa facture quadripartite lent-vif-lent-vif permet à l'instrument de déployer toutes ses facettes. Après un premier mouvement marqué Calme, le deuxième, Vif, est impétueux, évoquant une trépidation rythmique croissante, d'une grande instabilité tonale. Le troisième, Très lent, se caractérise par la phrase mystérieuse dévolue au piano. Le finale, qui est joué après une courte introduction dialoguée entre les deux interprètes louant les vertus du cor, est animé. Il débute par un solo de piano sur le mode agité avant que le cor installe un chant apaisant. C'est le mélange de ces deux univers contraires qui apporte toute son originalité à ce mouvement jusqu'à une fin en force.

Ces pièces sont jouées par Les Vents français avec toute l'autorité que leur confère leur formidable maîtrise et la vraie complicité qui s'est de longue date forgée entre eux. Aussi bien l'agilité de la flûte d'Emmanuel Pahud ou du hautbois de François Leleux, que la flexibilité de la clarinette de Paul Meyer ou du basson de Radovan Vlatković font de ces sonates de savoureux moments. Quant au cor de Gilbert Audin, il brille de tous ses feux dans une sonate requérant une haute technicité. Eric Le Sage est leur indispensable compagnon de route : la juste complémentarité, la parfaite adéquation d'un pianisme raffiné adapté à chaque technique particulière de l'instrument à vent concerné. Les parties solistes sont tout aussi soignées. Un nouveau fleuron à une collection qui compte déjà de prestigieuses réalisations. 

Ils sont enregistrés dans deux lieux différents à Munich (Bavaria Studio & Studio 2 de la Bayerische Rundfunk) dans une ambiance aérée ménageant dans chaque cas un bel équilibre entre les voix.

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Texte de Jean-Pierre Robert

CD et MP3 disponibles sur Amazon



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