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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD "Les femmes dansent" : les compositrices françaises et la musique de danse

Les femmes dansent

Le propos de ce disque est d'illustrer la musique française de danse à travers les époques, du baroque à nos jours, comme l'ont imaginé quelques figures de femmes, par des pièces écrites pour le piano. La pianiste franco-roumaine Axia Marinescu rend ainsi hommage à des collègues compositrices, Marie, Pauline, Germaine, Cécile et les autres, au fil d'un original voyage musical traçant la naissance comme l'évolution d'un style musical attachant.

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Ses recherches ont conduit Axia Marinescu, elle-même passionnée de danse, à réunir huit compositrices qui ont pour ce faire emprunté aux genres de la suite française, de la sonate classique, ou ont tout simplement écrit des pièces sui generis. Le parcours chronologique fait d'abord appel à Élisabeth Jacquet de la Guerre (1665-1729) qui manie avec élégance les canons de la suite de danses française dans ses Rigaudons, Gigues et Sarabande. Dans sa Valse brillante op.48, Louise Farrenc (1804-1875) a recours au schéma de variations à partir d'un thème sautillant et plein d'esprit. L'ingéniosité dans l'agencement des séquences et l'inventivité du récit maintiennent la tension, aussi bien dans la légèreté du registre aigu du piano que dans la fluidité du discours. La célèbre cantatrice Pauline Viardot (1821-1910) composait aussi à ses heures. Comme cette Mazurka qui laisse deviner l'influence de Chopin, ou la Gavotte, pièce d'âme si française, ici bien proche du chant. Marie Jaëll (1846-1925) était pianiste et auteure « de précieuses recherches et découvertes, notamment dans le domaine de la technique pianistique », rappelle Axia Marinescu. Elle le démontre dans les Valses mélancoliques, tour à tour lyriques ou plus structurées, et presque chopinienne pour ce qui est de la cinquième. Quant à ses trois Valses mignonnes, on y décèle, contrairement à leur titre, une sûre inspiration qui puise là encore ses racines chez le pianiste franco-polonais, car elles ne manquent ni d'allant ni d'humour.

Trois dames compositrices au tournant du XIXème siècle ont marqué de leur solide empreinte la vie musicale française et même dans le domaine de la danse. Cécile Chaminade (1857-1944) offre un piano souverain comme le montrent les quatre pièces données ici. Une ''Mazurk' suédoise'' alliant rythme piquant et charme, une ''Danse créole'' exhalant une valse colorée, et une ''Valse d'automne'' vraiment peu nostalgique. Quant à ''Air de ballet'', son côté légèrement théâtral au long de ses divers épisodes, signe une composition d'une étonnante fluidité avec un joli sourire en plus. Mel Bonis (1858-1937) est « l'une des figures les plus intéressantes de par sa profondeur de cœur et son sens musical » (ibid.). Ses Danses sacrées op.35 sont un morceau de piano profond, même s'il a peu à voir avec la danse question rythme. Ce qui n'est bien sûr pas le cas de la Bourrée op.62, d'une belle aisance, non plus que de Los gitanos (grande valse espagnole) op.15 que des couleurs méridionales et des inflexions plus ibériques que vraies imposent à l'attention de l'auditeur. Enfin, Germaine Tailleferre (1892-1983), la seule femme du Groupe des Six, est une compositrice prolixe ayant abordé à peu près tous les genres, dont le piano. Sa Valse lente, de 1928, est un modèle d'expressivité, un brin mélancolique. La Sicilienne, de la même année, est quasi vocale dans ses tournures. Et le Larghetto proche de ses amis impressionnistes.

L'empathie de la pianiste française d'origine roumaine Axia Marinescu avec ces pièces, et plus généralement vis-à-vis de leurs auteures, « le regard d'une femme sur d'autres femmes », dit-elle encore, se mesure à chaque page. La manière est généreuse, d'une immédiate séduction. L'hommage se poursuit au demeurant jusqu'à la période actuelle, puisqu'elle joue la Tarantella de la compositrice Sophie Lacaze (*1963), en première au disque, morceau favorisant une manière répétitive, proche de l'ostinato, se conjuguant avec une sévère progression dynamique.   

Le piano Yamaha est capté Salle Gaveau dans une atmosphère agréable, bien centré, naturel et intimiste.

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Texte de Jean-Pierre Robert 

Plus d’infos

  • ''Les femmes dansent''
  • Pièces pour piano de Marie Jaël, Pauline Viardot, Élisabeth Jacquet de la Guerre, Sophie Lacaze, Germaine Tailleferre, Cécile Chaminade, Louise Farrenc, Mel Bonis
  • Axia Marinescu, piano
  • 1 CD Klarthe records : KLA 130 (Distribution : [PIAS])
  • Durée du CD : 69 min 12 s  
  • Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5)

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