CD "Simply Mozart" : Mozart tout simplement avec Julien Chauvin et Le Concert De La Loge
Cet album est le premier d'une série conçue autour des dernières symphonies de Mozart et de ses concertos de violon par le Concert de la Loge, dans le cadre de sa nouvelle signature chez Alpha. Selon une recette qui a fait ses preuves, il assemble ouverture (des Noces), concerto (le 3ème pour violon) et symphonie (la ''Jupiter''). Et pourvoit des interprétations qui sonnent comme d'évidence dans leur grande lisibilité.
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Il nous est si familier qu'« avec Mozart, on doit se sentir bien », souligne Julien Chauvin. Ce programme conforte dans cette idée. L'Ouverture des Noces de Figaro, prise sur le versant rapide non sans une pointe de brusquerie avec des accords bien détachés, démontre que dans cet opera buffa, c'est le rythme qui préside à l'action. Dans son amplitude, le magistral crescendo final est le vibrant prélude à une folle journée. Avec le Concerto pour violon N°3 en Sol majeur K 216, on retourne en arrière chronologiquement puisque de 1786, on en revient à 1775. Et pourtant, ce troisième opus concertant confié au violon marque une étape importante, sinon décisive dans la carrière de Mozart. Il s'y affranchit nettement du style galant des deux premiers, pourtant contemporains, quant à l'importance nouvelle dévolue au dialogue du soliste avec l'orchestre et surtout à la part renforcée réservée à l'expressivité du cantabile. L'interprétation de Julien Chauvin le confirme dès l'Allegro mené prestement avec une vraie aisance dans la partie soliste truffée de fines touches, alors que l'orchestre dispense un accompagnement non convenu. La cadence inventive, un brin mélancolique, tranche avec l'ambiance sans nuage du reste du mouvement. L'Adagio développe un geste d'une grande profondeur, en même temps pétri de douceur, à un tempo soutenu. Les longues phrases du soliste, truffées de modulations mineures, introduisent un élément dramatique, passionné, jusque dans la cadence. Le contraste est grand avec le ''Rondeau'' final, hommage à la musique française de violon de l'époque. Un mouvement mêlant refrain et ritournelles dans une sorte de pot-pourri doté d'une étonnante richesse instrumentale. Et pensé ici plein d'allégresse, effectivement avec une élégance toute française, la partie de violon habilement intégrée au tissu orchestral.
Dans la Symphonie N°41 ''Jupiter'' K 551, la dernière écrite par Mozart, en 1788, la direction de Julien Chauvin se veut rigoureuse mais sans raideur. Loin de la grandeur outrancière, elle recherche plutôt la luminosité, la transparence des textures. Et plus l'élan intérieur que la puissance prométhéenne. Ainsi à l'Allegro vivace, la démarche est-elle jubilatoire plus qu'héroïque, vivante sans sécheresse, ses éclatants accords en cascade faisant penser à ceux de Don Giovanni. La dialectique entre le dynamisme du premier motif et le mélodisme du second se situe dans un juste milieu. Débuté calmement, l'Andante cantabile déploie un chant ardent que traverse un épisode dramatique nanti d'un effet d'accélération. Les accents sont respectés quoique avec une certaine souplesse. Nullement anguleux, le Menuetto est très souplement articulé, presque dansant, le trio et son lot de mystère débouchant sur un climax très maîtrisé. Le finale Molto allegro possède toute l'adrénaline nécessaire, sans chercher la surpuissance. La deuxième thème impérieux et énergique sait garder raison dans ses emballements. Là encore, la manière de Chauvin est soucieuse des proportions dans le flux musical, maintenant des écarts de dynamique raisonnables. Ce qui confère une grande lisibilité à un discours combien riche dans sa vaste architecture. Témoin le soudain ralentissement précédant la coda. La péroraison et son génial caquetage des vents s'achemine vers une apothéose prestissime. Comme dans les deux autres œuvres, on admire le fini instrumental du Concert de la Loge, la superbe articulation des cordes, singulièrement dans le registre piano, le mélange parfait avec des bois d'une belle faconde. La patine que prodiguent les instruments d'époque ajoute à l'authenticité de ces exécutions.
La prise de son au Théâtre du Châtelet à Paris est d'une extrême clarté avec un harmonieux étagement des plans, le bois bien en perspective avec les cordes. Quant à la balance entre soliste et orchestre dans le concerto, elle est finement jugée.
Texte de Jean-Pierre Robert
Plus d’infos
- ''Simply Mozart - Jupiter''
- Wolfgang Amadeus Mozart : Ouverture de Le Nozze di Figaro K 492. Concerto pour violon et orchestre N°3 K 216. Symphonie N°41 ''Jupiter'' K 551
- Le Concert de la Loge, violon et dir. Julien Chauvin
- 1 CD Alpha : Alpha 776 (Distribution : Outhere Music)
- Durée du CD : 61 min 53 s
- Note technique : (5/5)
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