Concert : Nicolas Altstaedt dirige l’Orchestre Philharmonique de Radio France
Nicolas Altstaedt, au violoncelle et à la direction de l’Orchestre Philharmonique de Radio France, nous invite à un voyage musical effectué entre le XVIIe siècle et le XXe siècle.
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C’est d’abord avec le Concerto pour violoncelle et orchestre N°1 de Chostakovitch que s’ouvrait ce concert dirigé par Nicolas Altstaedt. À travers les quatre mouvements de cette œuvre, Chostakovitch diffuse une ironie acide, un sens certain de la caricature, visant sans la nommer directement l’oppression d’un régime laissant peu de place à toute forme d’expression libre.
Ce concert se poursuivait avec un compositeur hongrois méconnu, Sandor Veress. Cette œuvre intitulée Danses de Transylvanie, écrite uniquement pour les cordes, comporte quatre parties et fait immanquablement songer aux Danses populaires roumaines et à la Suite de Danses de Béla Bartok. Le dernier mouvement de ces Danses de Transylvanie (tambourinant) est d’une extrême virtuosité, s’inspirant aussi bien d’un folklore hongrois imaginaire que de mélodies tziganes. C’est le fameux chef d’orchestre Paul Sacher, que Sandor Veress rencontra en 1948, qui assura la première exécution de ses Danses de Transylvanie, en 1950. On doit à Paul Sacher la création d’innombrables œuvres de Martinu, Honegger, Stravinski, Bartok, Ibert, Hindemith, Dutilleux, Britten, Takemitsu, etc…
Avec la Battalia de Heinrich Biber, nous sommes plongés dans le XVIIe siècle, assistant éberlués à de furieux assauts de soldats maniant arquebuses, hallebardes et autres objets aussi dangereux. Henrich Biber, l’auteur des fameuses Sonates du Rosaire, réussit ici une sorte de poème symphonique relatant de façon explicite le déroulement d’un combat sans merci que se livrent deux forces adverses.
C’est avec la Symphonie N°103 de Joseph Haydn que se refermait ce concert plutôt singulier. Avant-dernière Symphonie des Douze Symphonies londoniennes que le compositeur autrichien composa de 1791 à 1795 pour le public londonien, la Symphonie N°103 surprend par l’étonnant roulement de tambour par lequel elle débute. Elle donne une idée saisissante du talent d’orchestrateur de Joseph Haydn qui fait appel dans cette œuvre à un orchestre très fourni incluant également deux clarinettes, qui interviennent parfois de façon spectaculaire dans certains des quatre mouvements de cette Symphonie.
Nicolas Altstaedt impose avec talent et virtuosité sa vision du Concerto N°1 pour violoncelle de Chostakovitch, insufflant aux Danses de Transylvanie de Sandor Veress une authentique et irrépressible allégresse. Quant à la Battalia de Biber, il l’interprète avec une vivacité et un sens de l’invention stupéfiants, nous faisant devenir réellement les spectateurs pétrifiés du tumulte terrifiant d’un combat se déroulant dans un lointain et belliqueux XVIIe siècle. Nicolas Altstaedt se révèle aussi un redoutable et visionnaire interprète de la Symphonie N°103 de Joseph Haydn ; sa conception s’inscrit dans la lignée d’un Nikolaus Harnoncourt plutôt que dans celle nettement plus conventionnelle d’un Sir Thomas Beecham ou d’un Karl Boehm.
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Un concert où triomphe Nicolas Altstaedt aussi percutant comme violoncelliste qu’à la direction d’un Orchestre Philharmonique de Radio France en formation chambriste.
Texte de Michel Jakubowicz
Plus d’infos
- Dimitri Chostakovitch : Concerto pour violoncelle N°1 en mi bémol majeur opus 107
- Sandor Veress : Danses de Transylvanie pour orchestre à cordes
- Heinrich Biber : Battalia en ré majeur
- Joseph Haydn : Symphonie N°103 en mi bémol majeur « Roulement de timbales »
- Orchestre Philharmonique de Radio France
- Hélène Collerette, violon solo
- Nicolas Altstaedt, violoncelle et direction
- Samedi 26 février 2022, à 20 h
- Auditorium de Radio France
www.maisondelaradioetdelamusique.fr
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