Concert : Cristian Macelaru dirige l’Orchestre National de France
Silvestrov, Janacek, Barber et Rachmaninov au programme de l’Orchestre National de France dirigé par Cristian Macelaru.
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C’est d’abord par Hymne, une œuvre pour cordes du compositeur ukrainien Valentin Silvestrov, que s’ouvrait ce concert.
Après cet hommage à l’Ukraine brutalement agressée, c’était à la Rhapsodie pour orchestre Taras Bulba de Leos Janacek de figurer dans ce concert. Bien que la composition de Janacek remonte à 1918, sa première exécution publique n’aura lieu que le 9 octobre 1921 au Théâtre national de Brno (Moravie) sous la direction de Frantisek Neumann. Il faudra attendre l’année 1926 pour que Taras Bulba de Janacek soit exécutée à Prague sous la direction d’un chef charismatique de la République Tchèque, Vaclav Talich, qui aura comme élèves prestigieux Karel Ancerl, Ladislav Slovak et Sir Charles Mackerras. Russophile convaincu et partisan du courant révolutionnaire qui parcourt la Russie de cette époque, Leos Janacek ne pouvait qu’être attiré par le récit de Gogol consacré à ce héros de la résistance face à l’envahisseur polonais qui sévissait à cette période. Sa Rhapsodie Taras Bulba, divisée en trois parties, conte avec passion les combats menés contre l’occupant et la mort prématurée et tragique de ses deux fils impliqués eux aussi dans ce conflit opposant les Cosaques aux Polonais. Les moyens orchestraux mis en œuvre par Janacek sont imposants, incluant même l’intervention puissante de l’orgue. L’œuvre s’achève par le sacrifice ultime de Taras Bulba condamné au bûcher par les Polonais. Malgré les flammes, le héros de cette tragédie entrevoit un espoir futur pour ceux qui viendront après lui. L’œuvre s’achève de manière grandiose par un chant poignant unissant orchestre et orgue.
C’était à la Toccata festiva pour orgue et orchestre du compositeur américain Samuel Barber de s’inscrire ensuite dans ce concert. L’auteur du célèbre Adagio pour cordes compose cette œuvre en 1960. Elle sera interprétée pour la première fois par le fameux chef Eugene Ormandy dirigeant le Philadelphia Orchestra en 1961. Cette Toccata festiva d’une grande puissance oscille constamment entre modernité et romantisme, mettant en lumière d’étonnants dialogues entre orgue et orchestre.
C’est avec Les Danses Symphoniques de Sergueï Rachmaninov que prenait fin ce concert. Datant de 1940, cette œuvre sera également donnée pour la première fois par Eugene Ormandy avec le Philadelphia Orchestra le 2 janvier 1941. Composée de trois parties, Non Allegro qui est la première Danse est d’une grande expressivité, confiant un rôle important à un instrument rarement présent dans un orchestre symphonique : le saxophone. La seconde Danse (Andante) est d’une grande plénitude alors que le Lento assai qui constitue la dernière Danse clame dans ses derniers soubresauts l’attachement certain de Rachmaninov à la liturgie orthodoxe.
Karol Mossakowski livre une formidable interprétation de la partie d’orgue de la Toccata festiva de Samuel Barber et gratifie le public d’un bis consistant en une prenante improvisation. Cristian Macelaru impose de la Rhapsodie de Leos Janacek une vision à la fois éclatante, prenante, hissant le héros de cette œuvre à d’incroyables sommets. Son interprétation des Danses Symphoniques de Rachmaninov à la fois incisive, haute en couleurs, dévoile avec force les deux aspects du compositeur à la fois tourné vers la Russie éternelle et vers la modernité.
Cristian Macelaru à la tête d’un Orchestre National de France au firmament de sa forme, s’avère un idéal interprète de Janacek et de Rachmaninov.
Texte de Michel Jakubowicz
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Plus d’infos
- Valentin Silvestrov : Hymne, Adagio pour cordes
- Leos Janacek : Taras Bulba, rhapsodie pour orchestre
- Samuel Barber : Toccata festiva pour orgue et orchestre, op.36
- Sergueï Rachmaninov : Danses symphoniques pour orchestre op.43
- Karol Mossakowski, orgue
- Orchestre National de France
- Luc Héry, violon solo
- Cristian Macelaru, direction
- Auditorium de Radio France
- Jeudi 10 mars 2022, à 20 h
www.maisondelaradioetdelamusique.fr
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