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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : les Concerts en sextuor de Rameau

Rameau Concerts En Sextuor

Cet album présente cinq des Six concerts en sextuor de Rameau, succédanés de ses Pièces de clavecin en concerts et d'une grande richesse d'invention musicale. Cette succession de pièces de caractère descriptif montre le talent de portraitiste du grand musicien français. Thibault Noally et des membres de son ensemble Les Accents en offrent des exécutions finement pensées.

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Moins célébrée que ses opéras, la musique de chambre de Rameau mérite attention. Ses Concerts en sextuor sont la reprise des Pièces de clavecin en concerts de 1741, connus dans une copie datant de 1768 et conservée à la BNF, qui nous est parvenue dans le cadre de l'édition complète des œuvres du maître français effectuée par Camille Saint-Saëns à la fin du XIXème siècle. Rameau en a lui-même orchestré plusieurs pour les insérer dans ses drames lyriques, comme Dardanus ou Les surprises de l'Amour. Ces ''Concerts'' sont constitués chacun de trois mouvements, à l'exception du deuxième qui en comporte un de plus. Ce sont des pièces dites de caractère, décrivant soit une personne dénommée (''La Marais'', ''La Laborde''), soit un tempérament ou trait de caractère (''L'Agaçante'', ''La Timide''), ou encore un lieu (''Le Vézinet''). Leur assemblage offre une suite constituée de tempos variables et non bâtie sur un schéma unique. On y remarque l'utilisation fréquente de l'indication ''Rondement'', ce qui signifie aussi bien vivement, au sens propre, que franchement, sans artifice, au sens figuré. Celle de ''Gracieux'', fait écho au mode galant français du XVIIIème.

Si les Pièces de clavecin en concerts ont une instrumentation définie, l'instrument à clavier dialoguant avec le violon, la flûte ou la viole de gambe, celle des Concerts en Sextuor ne l'est pas nettement, ce qui laisse une certaine latitude aux interprètes. À la différence d'autres collègues comme Christophe Rousset et ses Talens Lyriques (Decca, 2003) ou de Florence Malgoire et ses Dominos (Ricercar, 2014), Thibault Noally fait le choix de s'en tenir à un effectif réduit de six cordes, trois violons, un alto et deux violoncelles. Ce qui génère des sonorités extrêmement séduisantes quant à l'alliage entre les voix. Et une solution proche des suggestions précises formulées par Rameau dans la préface à l'édition originale des Pièces de clavecin en concerts, qui préconise que « les instruments peuvent se mélanger et concerter entre eux », ajoutant que « les notes diminuées devraient être clairement articulées mais avec douceur, celles en legato être douces ». Quelques exemples : Dans le Premier Concert, ''La Coulicam'', en référence au roi de Perse Kouli-Khan alors célébré, perçoit-on le pointé de l'écriture pour le clavecin et ses ornementations. Elle est suivie de ''La Livri'', conçue comme une sorte de tombeau au comte de Livri, de caractère quelque peu funèbre. Au Troisième Concert, c'est ''La Lapoplinière'' (le compositeur et ses adeptes) qui dépeint un personnage haut en couleurs à en juger par une écriture très décidée. Puis ''La Timide'', en forme de deux rondeaux imbriqués, le premier discret, le second plus assuré. Enfin ''Premier Tambourin'' qui termine par une évocation de la danse, truculente ici, vive dans ses répétitions. Le Deuxième Concert se terminait déjà par une séquence dansée, ''Premier Menuet''. Le Quatrième concert s'ouvre par ''La Pantomime'', unissant des motifs différentiés, vif et décidé puis gracieux et chantant. Il se termine par ''La Rameau'', autoportrait peut-être, piquant en tout cas dans son allure hardie et les diverses reprises d'un thème fleuri dans ses ornementations. Au Cinquième Concert, c'est l'évocation croisée de deux compositeurs célèbres à l'époque, Forqueray, père ou fils, (''La Forqueray'') et Marin Marais (''La Marais'') et entre les deux celle d'une danseuse, Marie-Anne Cupis de Camargo (''La Cupis''), à moins qu'il ne s'agisse d'un hommage au frère de la dame, violoniste de son état !

Il faut citer chacun des artisans de ces interprétations généreuses et combien stylées : Nicolas Mazzoleni, alto, Elisa Joglar et Aude Vanackere, violoncelles, Claire Sottovia, Paula Waisman et bien sûr Thibault Noally, violons. Une nouvelle réussite à l'actif de l'ensemble Les Accents et de son chef.

La prise de son, au Temple Saint-Pierre à Paris, offre une image large mettant en relief les six instrumentistes dans une ambiance aérée.

Texte de Jean-Pierre Robert 

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Plus d’infos

  • Jean-Philippe Rameau : Concerts en sextuor (Premier au Cinquième Concerts)
  • Les Accents, violon et dir. Thibault Noally
  • 1 CD Aparté : Aparté 254 (Distribution : [PIAS])
  • Durée du CD : 60 min
  • Note technique : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orange (5/5) 

CD disponible sur Amazon



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Jean-Philippe Rameau, Les Accents, Thibault Noally

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