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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : une ''Nouvelle symphonie'' de Rameau signée Marc Minkowski

Rameau NouvelleSymphonie

Voici une suite au CD ''Une symphonie imaginaire'', enregistrée en 2003 chez DG par Marc Minkowski et ses Musiciens du Louvre, compilant divers extraits d’œuvres lyriques de Rameau en un tout signifiant. Vu le succès de ce disque et la période de restriction Covid aidant, l'idée a germé d'une autre brassée pour former une ''Nouvelle symphonie'', riche de 20 items. Le chef dont les affinités ramistes sont bien connues, a imaginé un attrayant ramage qui rejoint l'attrait de son prédécesseur.

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 La perspicacité du choix des morceaux frappe d'emblée. Comme la logique dans les enchaînements. Originalité par rapport au disque précédent : des morceaux vocaux viennent agrémenter les extraits purement instrumentaux. Marc Minkowski nous entraîne dans un monde joyeux ou plus sombre, parmi quelque huit œuvres de Rameau, quoique sans s'en tenir à la pure chronologie. En prélude à la symphonie nouvelle, il joue celle de Castor et Pollux, animée et emplie de rebondissements. Pour en revenir en fin de programme à cette même œuvre, l'instant de quatre morceaux, empruntés aux deux versions de 1737 et de 1754 : les ''Tambourins pour les Spartiates'' (acte I/6), dans un rythme engagé avec piccolos et percussions extrêmement valorisés, puis l'air ''Nature, Amour, qui partagez mon cœur'' (II/1) où Pollux fait face au dilemme amitié et amour. Vient un ''Air très gai'' (II/5), divertissement qui voit la décision de Pollux de sacrifier son amour pour privilégier l'amitié vis-à-vis de son frère, et enfin la Chaconne de l'acte V/4, inventive dans ses diverses ambiances tour à tour vives ou langoureuses. On entend aussi un ''Air tendre en rondeau'' de Zoroastre. Puis trois extraits de la comédie lyrique Les Paladins (1757) dont l'air du personnage d'Orcan ''Je ne puis me venger moi-même'' (II/6) où les traits de basson guident le texte d'une parodie de scène de peur avec effet de jeu de cordes en tremblement et de voix chevrotante. Ou encore un ''Air de Furie'' pris par le chef dans un tempo endiablé.

Les Indes Galantes (1735) sont représentées par diverses pièces empruntant à trois de ses entrées : du ''Turc généreux'', un ''Air pour les esclaves africains'', emprunté au divertissement, en forme de bourrée bien sentie ; des ''Fleurs'', un ''Air pour Zéphir'' avec solo de flûte piccolo à l'aigu presque perçant, un ''Deuxième air'' doux et hypnotique, à la flûte à bec cette fois, puis un ''Air pour Borée et la Rose'', prestissime. Enfin, extraits de l'entrée ''Les Incas du Pérou'', se succèdent l'air grandiose de Huascar ''Soleil'' et les diverses séquences qui suivent : ''Adoration au soleil'', ''Air pour les incas'', Loure en rondeau et Gavottes agiles, magnifiant un orchestre faisant la part belle aux bois. D'Acanthe et Céphise, est donnée d'abord l'Ouverture que Minkowski décrit comme « pyrotechnique », et ce par une succession d'épisodes audacieux dont certains à la limite du bruitage, rythmant un discours naturaliste d'orage. Puis une ''Entrée des Chasseurs et des Chasseresses'' (II/6) et enfin des ''Rigaudons 1, 2, 3''(II/6), tout aussi vifs, celui du milieu tranchant par sa manière plus mélancolique. L' ''Air de musette'' de La Naissance d'Osiris (1754) introduit une charmante diversion. L'air d'Antenor ''Monstre affreux'', tiré de l'acte IV/4 de Dardanus (1748) apporte son lot de dramatisme de son allure saccadée, mais aussi une élégance très Grand siècle. La ''Sarabande pour la statue'', tirée de Pygmalion (1748) avec effet de flûte traînante dans le registre grave et un tempo très lent, exprime la solitude.

Florian Sempey est royal dans la diction comme d'une grande intégrité dans les ornementations. La projection est percutante quelles que soient les nuances requises, force, douceur, effet d'imitation. Marc Minkowski, dont on sait l'empathie pour l'idiome de Rameau, l'exprime haut et court tout au long de ces pages. Il fait magistralement sonner ses Musiciens du Louvre, virtuoses de malléabilité instrumentale et experts en traçage des couleurs. On ne compte pas les sujets d'admiration : délicatesse du trait, puissance du geste lorsqu'est abordé le registre fff, vivacité contagieuse, ce qui confère tout son ressort et même sa verve à une musique constamment diversifiée.

La prise de son sur la scène de l'Opéra royal de Versailles est d'un exceptionnel relief et la balance voix-orchestre parfaite.

Texte de Jean-Pierre Robert      

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Plus d’infos

  • ''Nouvelle symphonie''
  • Jean-Philippe Rameau : extraits instrumentaux et vocaux de Castor et Pollux, Zoroastre, Les Paladins, Les Indes Galantes, Acanthe & Céphise, La Naissance d'Osiris, Dardanus, Pygmalion
  • Florian Sempey, baryton
  • Les Musiciens du Louvre, dir. Marc Minkowski
  • 1 CD Château de Versailles Spectacles (Distribution : Outhere music France)
  • Durée du CD : 63 min 58 s
  • Note technique : etoile verteetoile verteetoile verteetoile verteetoile verte (5/5) 

CD disponible sur Amazon



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Jean-Philippe Rameau, Les Musiciens du Louvre, Marc Minkowski, Florian Sempey

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