Skip to main content
PUBLICITÉ
  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : deux ''Inédits'' de Rameau

Rameau Chez La Pompadour

Rameau a décidément la cote. Voici deux nouvelles propositions inédites : en ''Première mondiale'', Le retour d'Astrée, et surtout une version inédite du ballet Les Sybarites. Nées de la passion artistique de Madame de Pompadour, férue de la musique de Rameau. L'Ensemble Les Surprises, le bien nommé en l'espèce, et son chef Louis-Noël Bestion de Camboulas, en collaboration avec le CMBV, en livrent des exécutions d'une suprême séduction.

LA SUITE APRÈS LA PUB

L'histoire doit à l'esprit brillant et à la curiosité de la favorite de Louis XV, Madame, marquise de Pompadour, d'avoir été la protectrice des Arts, musicaux en particulier. Plus que tout autre compositeur, Rameau l'émerveille, qu'elle défendra durant la querelle des Bouffons. L'omniprésence du musicien à la cour vaudra bien des œuvres marquantes, dont des titres peu connus, créés spécialement pour le nouveau Théâtre des petits appartements de Versailles où la marquise aimait à se produire elle-même entourée d'un cercle d'amis amateurs et professionnels. Deux œuvres de ballet se détachent : Les Surprises de l'amour, en 1748, et Les Sybarites, en 1753.

Le retour d'Astrée est le Prologue imaginé par Rameau pour Les Surprises de l'amour, œuvre qui comporte ensuite deux actes. Créé en 1748 pour célébrer la fin de la guerre de Succession d'Autriche, il est constitué d'une ouverture tripartite à l'italienne et de trois courtes scènes, mettant aux prises Vulcain (baryton basse) et ses cyclopes, la belles Astrée (soprano) qui arrête la vindicte du dieu du feu, outre deux personnages épisodiques : Un Plaisir (soprano) badinant sur les bienfaits « dans cet heureux jour » et Le Temps (baryton) qui a pour fonction de faire revenir « moments de bonheur, jours heureux, instants fortunés ». Le tout est parsemé de musiques de danse, vives ou langoureuses. La dernière scène renouvelle l'intérêt de cette trame assez mince par un air d'Astrée d'une belle tenue sur un orchestre scintillant rehaussé de bois, et quelques ballets qui voient Plaisir et Temps vanter « la Paix (étendant) ses délices ».

Le ballet en un acte Les Sybarites a été créé à Fontainebleau en 1753. Sur un poème de Marmontel, il traite de la manière de vivre de deux peuples que tout oppose, les Sybarites, férus de plaisirs champêtres et de volupté, derrière leur idole Hersilide, et les Crotoniates, belliqueux et moralisateurs, derrière leur chef Astole. Les Sybarites l'emporteront grâce aux charmes irrésistibles de Hersilide qui fait vaciller les ardeurs guerrières d'Astole. Outre les airs séduisants de la dame, dont ''Vole, vole'' avec flûte obligée ou ''C'est un enfant qui nous enchaîne'', en parlant de l'Amour, l’œuvre vaut par ses musiques de danse suaves, pour ne pas dire langoureuses, ou plus vives, et les interventions des chœurs, eux-mêmes illustrant le point de vue des forces en présence. Tout finit par un divertissement au cours duquel Astole appelle les siens à se ranger aux côtés des Sybarites. La musique, savamment dosée de bois, est d'une grande légèreté. Pour un sympathique marivaudage d'une société versaillaise sous l'emprise du désir de plaisir. Pour citer Sylvie Bouissou, « les Sybarites parviennent à un équilibre parfait entre grâce et vigueur dû sans doute au principe d'opposition des deux mondes incarnés par les Sybarites et les Crotoniates » (in ''Jean-Philippe Rameau'', Fayard).

Louis-Noël Bestion de Camboulas apporte à ces œuvres une manière alerte, claire et bien contrastée dans l'articulation, et les pare des couleurs raffinées des vents de son Ensemble Les Surprises, dont les bassons & piccolos. L'orchestre de cordes est fourni, sûrement plus que la formation réunie dans les petits appartements de Madame de Pompadour, mais bien fluide. L'équipe de chanteurs complète une indéniable réussite, dont la soprano Marie Perbost, Astrée et Hersilide, et les barytons Philippe Estèphe, Vulcain, et David Witczak, Astole et Le Temps. Les Chœurs de l'Ensemble sont à l'unisson d'un style ramiste consommé.

L'enregistrement, au Théâtre de l'Odyssée de Périgueux, procure un excellent équilibre voix-orchestre dans une ambiance vaste.

LA SUITE APRÈS LA PUB

Texte de Jean-Pierre Robert

Plus d’infos

  • ''Rameau chez la Pompadour''
  • Le retour d'Astrée, Prologue. Les Sybarites, ballet en un acte (version inédite)
  • Marie Perbost, Eugénie Lefebvre, Jehanne Amzal (sopranos), Philippe Estèphe, David Witczak (barytons), Clément Debieuvre (haute-contre)
  • Ensemble les Surprises, chœur & orchestre, dir. Louis-Noël Bestion de Camboulas
  • 1 CD Alpha : Alpha 876 (Distribution : Outhere Music France) en collaboration avec le CMBV
  • Durée du CD : 72 min 19 s
  • Note technique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge (5/5) 

CD disponible sur Amazon



Autres articles sur ON-mag ou le Web pouvant vous intéresser


Jean-Philippe Rameau, Ensemble Les Surprises, Louis-Noël Bestion de Camboulas, Clément Debieuvre, Philippe Estèphe, Eugénie Lefebvre, Marie Perbost, David Witczak, Jehanne Amzal

PUBLICITÉ