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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Femmes compositrices - Élisabeth Jacquet de La Guerre met Judith et Sémélé en miroir

ElisabethJacquetDeLaGuerre

Claveciniste de talent, Élisabeth Jacquet de la Guerre est une des plus célèbres compositrices de l'Ancien régime, admirée par Louis XIV auquel elle dédiera plusieurs pièces. Pour rendre hommage à la diversité de sa production chambriste mais aussi vocale, l'Ensemble Amarillis a réuni sur cet album deux de ses cantates, mettant en miroir les figures féminines de Sémélé et de Judith, que complètent des morceaux instrumentaux.

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« La musique d’Élisabeth Jacquet de La Guerre n'est jamais démonstrative. Elle invite l'interprète à une certaine retenue tout en délicatesse et pudeur », relève Héloïse Gaillard. Cette musicienne avant-gardiste pour son temps n'a jamais caché son attrait pour le style italien, prenant parti pour la pratique des ''goûts réunis''. Ce qui appert dans ses cantates. Parmi celles-ci, Sémélé (1715) appartient au genre profane, sur un livret d'un auteur anonyme. L'histoire en est contée par le personnage lui-même. Son enchaînement d'airs dénote un réel dessein dramatique. De brefs préludes instrumentaux appelées ''Bruit'' permettent d'introduire l'air qui suit. Ainsi de « Mais quel bruit étonnant se répand... Quel orage » suit-il un solo de violon déchirant. Le récitatif et l'air « Ah ! Quel embrasement... » vient immédiatement après un autre ''Bruit''. L'air final tire la morale de l'histoire. Quant à la cantate sacrée, elle aussi à une seule voix, Judith (1708), sur un texte d'Antoine Houdar de La Motte, le récit en est assuré par un personnage agissant comme narrateur. Au long d'une succession d'airs, eux-mêmes introduits par un récitatif intitulé ''Récit'', et entrecoupés par des sections instrumentales. Tel le morceau ''Sommeil. Lentement'', hypnotique avec flûte à bec berçante. Un autre intitulé ''Du mouvement & marquez'' évoque l'acte criminel de Judith par une musique très descriptive. On remarque encore le récitatif accompagné « Judith implore encore », l'air « Le coup est achevé », dont le rythme exprime combien son geste libérateur permet à Judith de triompher, ou encore l'air conclusif, sorte d'action de grâce.

Elisabeth Jacquet de La Guerre portrait
Élisabeth Jacquet de La Guerre ©DR

Au titre des pièces instrumentales, est d'abord proposée la Sonate en trio N°4 en Sol mineur, adaptée pour hautbois, violon et continuo, où là aussi l'influence italienne est notable, de Corelli en particulier. D'une succession de courtes séquences très variées, on découvre, entre autres, le ''Grave'' d'entame et ses audaces harmoniques, l'Adagio tout de suavité. Non que soit absente la touche française et son écriture raffinée, par exemple au second Presto et sa partie de viole de gambe, ou à l'Aria affettuoso et son motif de carillon. La Suite en Sol majeur (1707) est tirée des Pièces de clavecin qui peuvent être jouées sur le violon, Livre II. Il s'agit de pièces de clavecin accompagné, genre voué à un glorieux futur, chez Rameau en particulier. La présente exécution varie l'instrumentation selon les morceaux, violon, flûte & hautbois, viole de gambe, théorbe, accompagnant le clavecin. Des numéros de la suite française se détachent une Courante adornée par la flûte dite ''de voix'', soit un piccolo grave, une Sarabande doucement expressive, jouée ici au seul clavecin, ou une Gigue enjouée avec piccolo soprano cette fois. Le mouvement final, un Menuet Rondeau, démontre, comme ailleurs, la souveraine maîtrise d'écriture d’Élisabeth Jacquet de La Guerre.

Ces pièces sont interprétées avec intensité et raffinement par les musiciens de l'Ensemble Amarillis, Alice Piérot (violon), Marie Van Rhijn (clavecin), Eleanor Lewis-Clouet (viole de gambe), Marc Wolff (théorbe) et Héloïse Gaillard, tour à tour hautbois ou flûte, outre la direction artistique du projet. Maïlys de Villoutreys prête sa voix de soprano claire et un style élégant aux deux héroïnes portraiturées par la compositrice. La prise de son à La Courroie à Entraigues-sur-la-Sorgue offre une ambiance aérée et proche.

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Texte de Jean-Pierre Robert    

Plus d’infos

  • Élisabeth Jacquet de La Guerre : Sémélé, Cantate profane. Judith, Cantate sacrée. Sonate en trio N°4 en Sol mineur. Suite en Sol majeur (extr. des Pièces de clavecin, Livre II)
  • Maïlys de Villoutreys, soprano
  • Ensemble Amarillis, Héloïse Gaillard, flûte, hautbois et dir.
  • 1 CD Evidence Classics  EVCD088 (Distribution : [Integral])
  • Durée du CD : 60 min
  • Note technique : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orange (5/5) 

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