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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : flânerie musicale et poétique à travers les temps anciens

Novelli Gratton

Le ténor Jean-François Novelli nous convie à un voyage singulier, qu'il veut à la fois musical et littéraire : explorer le répertoire de la mélodie française en lien avec la musique ancienne, par le prisme de ceux qui l'ont chanté, de Gounod à Ravel, de Fauré à Poulenc. Mais aussi d'auteurs moins passés à la postérité. Et enfin de trois contemporains qui se sont obligeamment prêtés à l'exercice. Une plongée dans un passé qui reste plus que jamais vivant. Car comme le disait Verdi, « retournons aux anciens, ce sera un progrès ».

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Pour le chanteur, c'est « une manière de dire merci à ces premiers défricheurs qui ont généré la merveilleuse renaissance de la musique ancienne » et aussi de redécouvrir des « mélodistes oubliés, comme Raoul Laparra ou Eugène Sauzay ». Et bien sûr de revisiter, à travers eux, la poésie de Marot, Coppée, Charles d'Orléans, Du Bellay, Ronsard, puis de La Fontaine, Leconte de Lisle ou Verlaine. Novelli a conçu un disque qui à la fois « s'écoute mais qui se lit aussi », en quatre volets. Dans le premier ''La poétique ancienne'', il convoque Eugène Sauzay (1809-1901) qui a composé des mélodies sur des textes de Charles d'Orléans, comme ''Le printemps'', et Raoul Laparra (1876-1943) dont le recueil Le missel chantant (1924) contient des pièces comme ''Quand je fus pris au Pavillon'' sur un texte de d'Orléans dont on retrouve aussi la poétique dans ''Bannissons soucy, ce ribaud''. Ce même poète a été mis en musique également par Poulenc dans sa mélodie ''Priez pour paix'' et son long crescendo. Clément Marot, honoré par Sauzay dans ''Huitain'', l'est aussi par Ravel dans ses deux mélodies archaïsantes ''D'Anne jouant de l'espinette'' et ''D'Anne me jectant de la neige''. Cette partie rend encore hommage à Gounod (''Ô ma belle rebelle'' d'après de Baïf), d'Indy (''Madrigal à la mode ancienne'') ou Louis Pitte (''Comme on voit sur la branche'', de Ronsard). La seconde partie ''L'attachement à l'antique'', qui rend hommage aux Parnassiens en littérature, nous vaut d'entendre les Études latines de Reynaldo Hahn, tirées des Poèmes antiques de Leconte de Lisle : quatre vignettes dont le charme poétique est enluminé par la richesse mélodique que leur imprime le compositeur. ''Hymne à Apollon'' de Fauré est l'occasion de rappeler la vogue à l'époque des redécouvertes archéologiques, dans une mélodie au langage au demeurant assez peu ''fauréen'', très astreignant pour la voix de ténor.

Le volet suivant ''Une représentation « à la manière de » des XVII et XVIIIèmes siècles'', focalise sur le côté ''pastiche'' de certaines mélodies. Comme chez Fauré avec la célèbre ''Mandoline'' sur le texte de Verlaine, ou Saint-Saëns et son ''Menuet'' tiré d'une poésie de François Coppée. Ou encore dans deux pièces de Laparra empruntées à Jean de La Fontaine ''J'ai quelque fois aimé'' et ''La Mort et le Malheureux''. Enfin Novelli qui a souhaité prolonger l'hommage en donnant la parole à ses contemporains, a demandé à trois compositeurs d'écrire chacun une chanson sur le même sujet. Ainsi de Juliette et sa ''Sérénade... environ !'' qui pastiche cette fois le Don Giovanni de Mozart, de Xavier Béraud proposant un ''Le Tango des ornements'', paroles et musique, chanson à refrain. Enfin d'Edouard Ferlet sur un texte de Léonor de Recondo, avec ''Eurydice'', inspiré de l'air de cour, mâtiné d'accents légèrement jazzy.

On aura compris combien le voyage est inédit. Il mérite éloges pour le travail de recherches et les belles surprises qu'il réserve. Jean-François Novelli le défend avec brio par une diction irréprochable, ne donnant pas dans la préciosité, et un indéfectible engagement quel que soit le registre abordé, dont celui de l'humour. Il le fait avec son timbre de ténor de demi-caractère – une voix idéale pour Platée -.  L'accompagnement expérimenté de Maude Gratton n'est pas pour peu dans la réussite, alors que l'instrument joué, un Érard ancien, prodigue des sonorités feutrées parfaitement en accord avec ces pièces dévouées à l'ancien.

Quant au choix du lieu de l'enregistrement, dans un chai de Bourgogne (!), il ajoute son lot d'originalité à ce projet. L'acoustique privilégiée est très ''ouverte'' dans le rapport voix-piano, celui-ci enveloppant parfaitement celle-là. 

Texte de Jean-Pierre Robert 

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Plus d’infos

  • ''Vous souvenez-vous ?''
  • Choix de mélodies de Charles Gounod, Vincent d'Indy, Camille Saint-Saëns, Gabriel Fauré, Maurice Ravel, Francis Poulenc, Reynaldo Hahn, Eugène Sauzay, Raoul Laparra, Arthur Metzner, Louis Pitte, Xavier Béraud, Juliette, Edouard Ferlet
  • Jean-François Novelli (ténor), Maude Gratton (piano)
  • 1 CD Klarthe : KLA 156 (Distribution : [Integral])
  • Durée du CD : 61 min 29 s
  • Note technique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge (5/5) 

CD disponible sur Amazon



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Jean-François Novelli, Maude Gratton

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