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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : la version pour alto du Concerto de violoncelle d'Elgar

Elgar ViolaConcerto

Le jeune altiste Timothy Ridout, découvert il y a peu par sa magistrale version d'Harold en Italie dirigée par John Nelson joue ici la version pour alto du célèbre Concerto pour violoncelle d'Edward Elgar, une transcription approuvée par le compositeur qui en dirigera la première exécution. Il l'associe à la Suite pour alto d'Ernest Bloch. Deux raretés qui bénéficient d'interprétations de haut vol.

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 Edward Elgar écrit son Concerto pour violoncelle en Mi mineur op.85 en 1919, au sortir d'une période de guerre qui l'aura beaucoup marqué, alors qu'affrontant une situation familiale et personnelle dégradée. Ce sera l'une de ses dernières œuvres. De nature contemplative, empreinte de nostalgie et tout en retenue, elle est conçue pour mettre en valeur la palette expressive de son interprète. À l'image du solo récitatif par lequel débute le premier mouvement, auquel s'enchaîne une mélodie nostalgique. La transposition pour l'alto ne modifie pas substantiellement le contexte profondément ému de ce mouvement comme de l'ensemble de l’œuvre. Car l'arrangement réalisé en 1929 par l'altiste Lionel Tertis, moyennant quelques retouches dans la partie soliste pour l'adapter à la tessiture plus élevée de l'instrument, ne touche en rien l'orchestration. Un nouveau récitatif très intériorisé introduit l'Allegro molto suivant, sorte de scherzo, virtuose pour le soliste, quoique là encore dans un ton retenu et même intimiste, ce que Timothy Ridout restitue avec doigté. L'Adagio développe une mélodie douloureuse traversée de sursauts. Là encore l'alto ne départ pas, eu égard à sa sonorité chantante, si bien ménagée par le présent interprète. Le finale, mouvement le plus développé, offre un contraste extrême. La première phrase expressive du soliste se détache d'un tutti orchestral sonore. Il se fera démonstratif, presque déclamatoire par endroits. Le mouvement progresse ample dans une nouvelle thématique d'abord joyeuse puis intensément lyrique. Au long de cette œuvre magnifique, l'exécution de Ridout allie beauté sonore et finesse du trait.

Celle de la Suite pour alto et orchestre d'Ernest Bloch est tout aussi passionnante. Le compositeur d'origine suisse écrit cette œuvre en 1919, qu'il destine à être jouée avec piano. Il l'orchestrera peu après. L'inspiration en est non spécialement judaïque, comme l'est fondamentalement sa musique, mais plutôt tournée vers l'Orient. En quatre mouvements, censés évoquer les parfums de Java, Sumatra et Bornéo, Bloch fait œuvre orientaliste, superficielle au goût de ses détracteurs. Partout, il laisse son soliste occuper une place de premier plan. Le premier, Lento, introduit un monde étrange à l'orchestre et mystérieux à l'alto, dans un contexte d’ambiguïté tonale. Survient un épisode plus gai alors que l'allure se libère, ce qui ne semble pas affecter l'alto, lequel garde une manière expansive dans sa mélopée singulière. L'orchestre s'en tient à un contrepoint d'ambiance qui peut s'élever jusqu'à un formidable climax, un des rares de la partition. L'Allegro ironico suivant, dans l'esprit d'un scherzo, offre d'originaux échanges entre alto et orchestre à travers de fréquents changements de tempos. Une phrase méditative en interrompt brièvement le cours. Vient un Lento, sorte de nocturne aux sonorités chatoyantes sur lesquelles l'alto brode une mélodie évocatrice d'un lointain envoûtant. C'est nul doute au Molto vivo final que Bloch imprime cette couleur orientale recherchée : un orchestre foisonnant de lumière, dont se détachera une section plus lente permettant au soliste de briller dans le registre lyrique. L'interprétation de Ridout rend pleine justice à ces pages de haut potentiel expressif, grâce à une rare sensibilité associée à une solide technique, déjà remarquées dans son interprétation de Harold en Italie.

La prise de son au Studio 1 de Maida Vale à Londres laisse au soliste très présent le premier plan. La captation de l'orchestre est satisfaisante quoique la sonorité reste quelquefois un peu compacte.

Texte de Jean-Pierre Robert        

Plus d’infos

  • Edward Elgar : Concerto pour violoncelle et orchestre en Mi mineur op.85 (transcription pour alto de Lionel Tertis)
  • Ernest Bloch : Suite pour alto et orchestre
  • Timothy Ridout, alto
  • BBC Symphony Orchestra, dir. Martyn Brabbins
  • 1 CD Harmonia Mundi : HMM902618 (Distribution :[Integral])
  • Durée du CD : 58 min 58 s
  • Note technique : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile grise (4/5)

CD disponible sur Amazon

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Edward Elgar, Timothy Ridout, Ernest Bloch, BBC Symphony Orchestra, Martyn Brabbins

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