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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : le violoncelle français concertant

Marc Coppey French Cello

Après un premier âge d'or à l'époque du baroque tardif, puis enjambant la période classique, le violoncelle concertant se développe singulièrement en France au XIXème sous l'impulsion de grands solistes tels que Franchomme, Duport ou Salmon. Marc Coppey le fait revivre avec des œuvres emblématiques de Saint-Saëns et de Lalo, auxquelles il adjoint une rareté, les Variations symphoniques de Léon Boëllmann.

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Saint-Saëns est sans doute le premier musicien français à s'être fait l'écho de la renaissance du violoncelle dans la musique orchestrale du XIXème siècle. Il écrit son Concerto N°1 pour violoncelle et orchestre op.33 en La mineur en 1872.

L’œuvre magnifie l'Ars gallica ou retour à la grande tradition française issue de Lully et de Rameau. En réponse à la vague de ''wagnérisme'' du moment. Ses trois mouvements enchaînés font se succéder un Allegro conçu telle une improvisation de son thème en cascade débouchant sur une romance puis un passage plus agité pour le soliste. L'Allegretto médian renoue avec la tradition baroque raffinée, la partie soliste s’épanchant sans excès jusqu'à une courte cadence. Après une phrase du soliste reprenant le thème du premier mouvement, le finale introduit de nouvelles mélodies : une cavatine dérivée du thème pour se développer dans une partie plus animée où l'on croise le compositeur d'opéra. Partout l’écriture extrêmement expressive pour le violoncelle offre à l’interprète matière à briller aussi bien qu'à faire montre de noblesse de jeu dans la meilleure tradition française.

Édouard Lalo voit son Concerto pour violoncelle en Ré mineur créé aux Concerts Pasdeloup en 1877. Il se caractérise par sa grande précision rythmique, sa transparence et ses subtilités de couleurs, au point qu'on y a vu « une grande scène d'opéra pour un chanteur bel cantiste » (Sol Gabetta). Le premier mouvement, Prélude, introduit un dialogue serré entre violoncelle et orchestre. Le soliste se voit offrir une ligne d'une sobre expressivité mais exigeante pour l'interprète eu égard à ses différents climats contrastés et ses divers modes de jeu. Au long de ce vaste mouvement, Lalo développe une imagination typique du XIXème, où l'on rencontre quelque héros défiant les fortes tempêtes du destin pour en sortir victorieux. L'Intermezzo est tout de séduction dans son geste méditatif du soliste, qui n'est pas sans faire penser au personnage solitaire de Harold de Byron : une page d'une beauté pure entrecoupée par deux fois d'un trio plus animé où le violoncelle évolue dans une danse de tarentelle capricieuse. Le finale sert encore plus la danse depuis l'introduction par le soliste et à travers un Rondo vivace où Lalo déploie tout un panorama de rythmes méditerranéens aisés bondissants.

Quelques années plus tard, en 1892, Léon Boëllmann (1862-1897), distingué organiste, proche de César Franck, livre ses Variations symphoniques op.23. L’œuvre dont le titre est inspiré des Variations pour piano et orchestre de Franck, met en valeur le violoncelle, à l'image de l'art de son créateur Joseph Salmon, élève de Franchomme. Un sens du drame apparaît dès le début Moderato dans la partie impétueuse soliste qui voit celui-ci dialoguer, entre autres, avec un hautbois subreptice et dans une veine extrêmement lyrique. La seconde partie, Andantino, est bâtie sur une mélodie cantabile tout aussi chantante pour le soliste, sur un orchestre enveloppant, dans une sorte de développement progressant peu à peu en apothéose.

Marc Coppey pense au plus profond ces divers piliers d'un répertoire qui lui est cher, comme encore Le Cygne extrait du Carnaval des animaux de Saint-Saëns ou l’Élégie op.24 de Fauré : douceur de la phrase, rigueur du geste, refus de la sollicitation, tout ici ressortit à la plus pure veine gallique. Il est magistralement accompagné par John Nelson, autre grand apôtre de la musique française, dirigeant l'Orchestre Philharmonique de Strasbourg. Ils sont enregistrés dans la Salle Erasme du Palais de la Musique et des Congrès de Strasbourg, dans une acoustique résonante sur l'orchestre, mais prodiguant une balance satisfaisante avec le soliste pas trop mis en avant.
Texte de Jean-Pierre Robert 

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Plus d’infos

  • ''French Cello''
  • Léon Boëllmann : Variations symphoniques op.23
  • Camille Saint-Saëns : Concerto pour violoncelle N°1 op.33. ''Le Cygne'' (extrait du Carnaval des animaux)
  • Édouard Lalo : Concerto pour violoncelle en Ré mineur
  • Gabriel Fauré : Élégie op.14
  • Marc Coppey, violoncelle
  • Orchestre Philharmonique de Strasbourg, dir. John Nelson
  • 1 CD Audite : Audite 97.802  (Distribution : Distrart Distribution)
  • Durée du CD : 70 min 47 s
  • Note technique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge (5/5)

CD disponible sur Amazon



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